LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

Vivre le Festival d'Avignon avec les Ceméa

Un reportage dans les centres de jeunes et de séjour pour percevoir l'engagement éducatif des Ceméa dans le Festival d’Avignon et les enjeux de culture liés à l’Éducation nouvelle et l’Éducation populaire
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Média secondaire

L’association CDJSFA, centres de jeunes et de séjour du festival d’Avignon, a été créée dans les débuts de cette aventure visant à ouvrir le théâtre vivant à un très large public dans une logique d’Éducation populaire. Un partenariat entre les Ceméa, le Festival d’Avignon et la mairie d’Avignon, dans lequel les Ceméa assurent la direction pédagogique des différents projets d’accueil et d’accompagnement.

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Je connaissais bien sûr le lien historique qui liait les Ceméa au Festival d’Avignon et à Jean Vilar. Mais une immersion de quelques jours au sein des Centres de jeunes et de séjours, m’a permis une perception plus globale de ce projet, dans lequel l’extraordinaire et la diversité des parcours et des individus se mêlent au quotidien. J’ai pu voir et vivre des situations multiples, ayant pour vecteur commun le théâtre. Des situations dont la richesse amène à remettre en question certains a priori sociologiques sur les capacités des publics et à mieux comprendre la place essentielle de la culture dans l’Éducation.

Ce texte est le carnet de bord de ces quelques jours en immersion dans le « chantier » Avignon des Ceméa. A travers les différentes situations évoquées, vous pourrez entrevoir la richesse pédagogique et humaine de ce projet d’accueil de groupes et d’individus. Des séjours qui depuis plus de quarante ans, créent les conditions d’une bonne réception des spectacles par un accompagnement adapté.

CULTURE ET ENSEIGNEMENT

Ma première immersion dans ce « chantier » du festival a été d’assister à une réunion de bilan des adultes ayant encadré le séjour « j’y suis, j’en suis» pour des jeunes des collèges et lycées d’Avignon. Ces témoignages apportés par des enseignant.es et par ceux et celles qui avaient animé ces rencontres avec le théâtre portaient et sous-tendaient avec une globalité étonnante les questions fondamentales qui se posent à l’enseignement: l’égalité des chances, l’accès à la culture, la notion de projet dans les apprentissages, la place de l’élève, le statut et le rôle des enseignant.es, mais aussi celui des intervenant.es qui sont de plus en plus présent.es dans le système scolaire et périscolaire.

Des témoignages se situant dans une dynamique de construction et apportant un vécu susceptible de faire évoluer les pratiques. Telle cette professeure de français faisant part au groupe de son interrogation sur son positionnement professionnel. C’était pour elle une situation étrange « être enseignante, mais sans être enseignante ».
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Durant ce stage, elle a agi en tant que telle pour accompagner les jeunes dans leur progression, les amener à préparer, découvrir, comprendre et s’interroger sur des pièces, mais pourtant dans son rapport avec ces élèves, dans leur prise en considération et leurs retours, elle ne s’est pas sentie comme la professeure qu’elle est habituellement. Certains enseignants ont aussi évoqué leur étonnement quant aux capacités des jeunes qu’ils ont eu à accompagner. Ce ne sont pas toujours les spectacles les plus simples et les plus courts qui ont été préférés et ils ont découvert des raisonnements et des sensibilités démentant de façon éclatante certaines idées reçues empreintes de déterminisme sociologique. Dans ce moment de bilan entre adultes accompagnateurs, j’ai également été frappé par une coopération évidente. La logique était celle d’un projet éducatif commun dans lequel agissaient des personnes ayant des statuts différents et des compétences spécifiques, mais dont les fonctions étaient complémentaires et non hiérarchisée. Les intervenants n’étaient pas au service des professeur.es, comme cela se voit bien trop souvent, mais l’ensemble des adultes collaboraient à un projet. Ce bilan évoqua également le fonctionnement, la gestion de la vie quotidienne, certaines difficultés d’organisation, la fatigue… mettant en lien le contenu pédagogique et le cadre de vie.
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En marge de ce bilan, quelques pépites extraordinaires se dégagèrent des propos informels des participants, racontant et décrivant les réactions de certains jeunes.

Il fut également évoqué la rencontre avec l’acteur, Laurent Poitrenaux. Il avait proposé de transmettre à l’auteur « d’Architecture », une œuvre phare du festival 2019, un texte écrit par un jeune du groupe à la suite de cette pièce. Le comédien leur avait également raconté avoir été à leur place, il y a quelques années dans un des séjours organisés par les centres de jeunes et les Ceméa.

S’ADAPTER A UN PUBLIC

J’ai eu l’occasion d’assister et de participer à des moments de préparation et de réflexion autour d’un même spectacle, mais avec des publics très différents.

Quand on m’a annoncé qu’« Architecture » une pièce longue et essentiellement basée sur le texte et les monologues des comédiens, allait être préparée avec un public d’adultes en situation de handicap, j’ai trouvé le pari ambitieux, peut-être même décalé par rapport à une réalité.

Et c’est avec une grande curiosité que j’ai abordé cette préparation. Les animatrices, en collaboration avec l’éducateur et les éducatrices qui accompagnaient le groupe, ont su aborder avec justesse différents thèmes évoqués par la pièce : la famille, le couple, l’autorité. Par le dialogue, la mise en mots, le découpage, l’affichage. Les participants eurent aussi à se positionner et réagir face au choix d’une profession… Chaque personne a pu s’exprimer en fonction de sa situation et a essayé de se projeter sur ce qui allait être vu, sur le théâtre et sur ce qui allait se passer sur scène. Certaines de leurs interventions m’ont surpris, me mettant moi aussi face au poids des idées reçues. Je me suis renseigné le lendemain matin, pour savoir comment le groupe avait vécu cette pièce dans la cour d’honneur. On m’apprit que le spectacle s’était bien passé qu’ils étaient tous restés jusqu’à l’entracte pour cette première partie de plus de deux heures.
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J’ai également assisté à la préparation de la même pièce « Architecture » avec un séjour de lycéens, de jeunes engagés dans l’école de la deuxième chance et de jeunes en situation de handicap, venant tous et toutes de différentes régions. Après des mises en situation pour permettre aux participant.es de se découvrir et de se situer par rapport à leurs intérêts communs, des groupes furent formés afin de préparer la pièce à venir. Une préparation s’appuyant sur l’expression et le jeu. Il fut proposé la mise en scène photographique de situations de famille, dans la logique du théâtre image : la volonté de montrer une famille heureuse, la dispute, la violence. Puis ces images photographiques furent jouées et explicitées dans de courtes scènes préparées. Il y eut aussi des activités autour du texte, avec des citations tirées de la pièce à reconstituer et à lire. Selon les groupes, cette trame commune partit dans des directions et des logiques très différentes, s’adaptant aux participant.es, à leurs préoccupations et leurs sensibilités. La préparation de cette pièce se poursuivit l’après-midi par la visite de la cour d’honneur du palais des papes. Un moment, qui permit aux jeunes de voir ce lieu mythique, de le situer dans l’histoire du festival et d’anticiper l’environnement dans lequel ils assisteraient à cette œuvre théâtrale.
J’ai aussi participé à un retour sur « Architecture » avec un séjour d’adultes fréquentant régulièrement et à titre individuel les centres d’accueil des Ceméa. Des personnes revenant année après année, pour venir chercher selon leurs dire : un esprit, une convivialité et des échanges incroyables. Un partage d’expériences, pour évoquer cette pièce préparée et vue ensemble, par le biais, entre autres d’un retour sur le texte et par des jeux d’expression sur l’attitude et l’état d’esprit des personnages. Ces exemples de situations très différentes sont représentatifs de beaucoup d’autres et amènent à percevoir l’esprit dans lequel sont pris en compte des publics divers et multiples, avec une adaptation des activités proposées aux réalités des groupes et des individus qui les composent.
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LA CULTURE POUR TOUS ET TOUTES

La diversité des publics accueillis dans les séjours gérés par les Ceméa se pose aussi en termes de moyens financiers.

Lors de ces quelques jours passés dans le chantier d’Avignon, j’ai eu l’occasion de rencontrer un groupe de jeunes du Sud-Ouest, dont le séjour était organisé par le Secours populaire. Des jeunes de milieu rural, dont les familles n’auraient pas pu financer le prix d’un séjour à Avignon et qui ont pu malgré tout y participer, car il ne leur est demandé que quarante euros pour l’ensemble du stage. Beaucoup de ces jeunes n’étaient jamais allés au théâtre. Le recrutement s’est fait par l’intermédiaire des bénévoles du Secours populaire qui ont parlé autour d’eux de ce projet et avec la Conseillère Principale d’Education du Lycée qui a relayé cette information.

La responsable, qui encadre ce groupe, évoque avec moi le travail en commun de longue date entre les Ceméa et le Secours populaire et « la volonté de pouvoir promouvoir l’accès à la culture ».En ce qui concerne l’après et les conséquences pour ces jeunes de ces quelques jours passés à Avignon, elle pense que « vu leurs réactions et leur enthousiasme, on est en train de semer une graine par rapport au théâtre ».

Une impression confirmée par deux jeunes de ce groupe : «On a fait énormément de découvertes sur le festival d’Avignon, ce n’est pas un festival dont on entend forcément parler surtout à notre âge, mais comme on a des amis qui aiment le théâtre on est là. C’est un flot de découvertes en continue… » Ils racontent également être marqués par la diversité des publics avec lesquels ils partagent ce séjour. Ils s’attendaient à des différences d’âges et de régions, mais découvrent aussi l’international et des langues différentes. « C’est assez incroyable, car on est tous là dans les mêmes lieux, dans les mêmes conditions et réunis par le théâtre. » La volonté d’ouverture culturelle est là, depuis des années, dans l’organisation de ces accueils. Il ne faut bien sûr pas se bercer d’illusion, car le prix des séjours reste un frein, même s’il y a des réalités concrètes, multiples et régulières qui se vivent dans le cadre du festival et ne sont ni des prétextes, ni des vitrines. Je pense que la métaphore de « semer » employée par la responsable du Secours populaire est très juste. Les Centres de Jeunes et de Séjours et les Ceméa sèment de la culture pour tous.

QUAND LA VIE QUOTIDIENNE SE MÊLE AU CULTUREL

La vie quotidienne fait intégralement partie du projet Séjour à Avignon. L’hébergement, l’accueil des groupes, l’organisation, les repas, la convivialité des locaux… permettent aux gens de se retrouver lors de moments informels ou de temps d’animation…

Un environnement dans lequel le bien-être des individus favorise l’ouverture, la rencontre et l’échange. Les discussions tournent bien souvent autour du théâtre. On commente les spectacles vus. On s’informe sur ceux à voir. Mais, on parle aussi de sujets divers inspirés ou pas du contenu des spectacles. Les séjours sont répartis dans différents lieux d’hébergement. L’organisation est spécifique, car l’équipe qui s’occupe de chacune de ces « maisons » gère à la fois le contenu pédagogique et son fonctionnement matériel. La personne qui va s’occuper de la gestion des repas ou de la distribution des draps va aussi intervenir dans l’animation sur le théâtre. Un choix d’organisation qui est pédagogique et politique et rompt avec le concept habituel de sectorisation des tâches, des spécificités et des statuts, dans une logique d’optimisation et de rentabilité. Ici, on ne retrouve pas cette forme de taylorisation de l’accueil. Ce choix d’organisation se revendique d’une autre logique et d’autres valeurs dans lesquelles le travail et la prise en compte des individus sont plus globales. Ce fonctionnement est efficace et s’adapte aux besoins matériels des participants et à l’objectif commun de découverte et de partage autour du théâtre. Et on sent une forme de passion chez les personnes gérant et animant ces maisons, qui les amène à veiller parfois fort tard et à s’investir dans la vie de ces collectivités.

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J’ai perçu cela en assistant à une des réunions régulières regroupant les responsables des différents lieux d’accueil. Une rencontre qui a débuté par un retour sur les spectacles vus. Un échange dont l’animation avait été travaillée et préparée en s’appuyant sur des fragments de textes. Un moment qui a permis à tous et toutes une véritable réflexion sur le fond des pièces évoquées.

Puis ont été traités tous les petits problèmes matériels du quotidien, liés à la vie des différentes « maisons », afin de pouvoir améliorer l’immédiat et à plus long terme la qualité de ces lieux de vie. Les différents lieux de séjours sont représentatifs d’une volonté de prise en compte globale de l’accueil. Des locaux sont répartis dans la ville d’Avignon et peuvent être de nature diverses : écoles primaires et maternelles, lycées, locaux de la formation professionnelle.

Dans chaque site, en fonction du public reçu, de l’établissement, du programme théâtral, des thèmes abordés, des possibilités de déplacement de mobilier et bien entendu de la sensibilité de l’équipe d’encadrement, des transformations temporaires sont réalisées. Chacun de ces lieux est décoré et réorganisé pour permettre une convivialité et une atmosphère spécifique. Un choix qui ne relève pas d’une image ou d’un marketing de communication, mais bien d’un choix politique et pédagogique. Transformer des locaux pour permettre aux individus de s’approprier le lieu et de s’y sentir à l’aise pour oser et pouvoir vivre pleinement ces moments de rencontre avec le théâtre.

DES RENCONTRES

Ces quelques jours passés en immersion avec les séjours d’accueil et de jeunes du festival ont aussi été l’occasion d’intéressantes rencontres, dans un environnement où l’extraordinaire se mêle à l’ordinaire. Des moments de partage étonnants, comme celui dans lequel des jeunes qui avaient vu la pièce « Sous d'autres cieux » ont discuté de manière informelle avec le comédien Marc Lamigeon, pendant le goûter, dans la cour de l’école où ils logeaient. Un environnement familier et décontextualisant par rapport à la scène et au théâtre et qui a certainement joué un rôle dans la liberté de parole et la relation. Dans un registre plus formel, j’ai également participé, à propos de la pièce « le jeune Yacou », à un dialogue artiste / spectateurs, avec le comédien Yakouba Konaté. Une rencontre animée par les Ceméa dans le cadre des « ateliers de la pensée », inclus dans la programmation du festival. Un moment fort de réflexion sur l’immigration et la réalité des réfugiés, surtout dans le contexte actuel.

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Mon immersion de quelques jours dans le « chantier » d’Avignon fut aussi l’occasion d’une rencontre avec Olivier Py, le directeur du Festival, lors d’une journée organisée par les Ceméa à destination de partenaires comme: Canopé (réseau de ressources et d’accompagnement pédagogique), le Secours populaire, France terre d’asile, des collectivités territoriales... Le temps d’un repas, pris en commun au self de l’un des lieux d’accueil, avec les jeunes des séjours, ou de manière plus formelle, ce fut l’occasion de parler d’Education populaire, de prise en compte et de respect du public, de temps et d’attention. L’idée reçue d’un festival d’Avignon élitiste reste hélas tenace dans l’esprit et sous la plume de certains, qui « pensent que ce que nous offrons, puisque ce n’est ni du divertissement, ni des objets commerciaux, ni de la notoriété télévisuelle pas chère, ne va forcément pas plaire au peuple[…] puisque c’est de l’art, de la pensée, de la philosophie, le peuple ne pourra pas comprendre, ni apprécier […] pour eux, cela ne peut pas être le peuple qui est dans les salles… » Alors que le quotidien vécu dans les centres d’accueil et de séjours des Ceméa démontre au contraire un véritable investissement pour le théâtre et un plaisir partagé par des publics d’âges, de situations sociales et de niveaux d’études très divers.
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L’esprit du festival d’Avignon, comme ouverture au plus grand nombre d’un théâtre de qualité est là. Mais les rencontres ont aussi été plus informelles.

Après avoir assisté à des préparations concernant la pièce, « Architecture », j’ai eu l’occasion d’en discuter avec des gens divers rencontrés pendant des repas ou à des moments informels. Certains faisant partie de l’encadrement, d’autres plus anonymes, avec lesquels nous avons simplement évoqué ce spectacle et qui m’ont fait partager leur vécu. Je suis évidemment allé voir cette pièce, dont j’avais tant entendu parler. Avant qu’elle ne commence, nous avons échangé avec mon voisin de rangée sur les différents échos que nous avions eu en amont. Après le spectacle, nous avons confronté nos impressions, qui se retrouvaient sur l’enthousiasme généré par la qualité et la profondeur de la pièce.

La rencontre au Festival d’Avignon, ce sont tous ces moments qui permettent à des individus de se parler par le vecteur du théâtre et des réflexions et émotions générées. Des rencontres facilitées au quotidien par l’organisation et l’animation par les Ceméa de séjours et de structures d’accueil.

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UN PROJET MILITANT

Mon immersion de quelques jours dans le « chantier » d’Avignon a beaucoup tourné autour de la pièce « Architecture », mais de nombreux autres spectacles de la programmation officielle du festival ont été vécus et accompagnés. Les Ceméa gèrent environ 8% de l’ensemble des billets vendus sur le festival d’Avignon, ce qui donne la mesure de l’envergure du projet. Mon séjour m’a permis d’entrevoir la richesse multiple de ces accueils et de mieux percevoir ce qui fait, qu’année après année, depuis les débuts du festival, des militants des Ceméa participent bénévolement à ce « chantier » d’Avignon. Ils et elles donnent de leur temps et de leur énergie, se couchent tard et se réveillent tôt, sont fatigués.es et pourtant apprécient ces moments et reviennent. J’ai perçu et partagé une forme de motivation collective et individuelle dans la participation à une démarche éducative globale et active, dans laquelle les individus qu’ils soient participants ou encadrants découvrent, s’épanouissent et progressent.

Une vraie mise en situation d’Education populaire et permanente.


 

Article issu de la revue Vers l'Education Nouvelle n°576 (octobre 2019)

Ce texte complète l'article

Festival d'avignon J'y suis, j'en suis
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