Une formation BAFA, mais pas que!

Au festival d’Avignon fleurissent nombre de spectacles mais aussi des stages de formation et tout particulièrement de formation Bafa. Au cœur de cet événement planétaire, tisser les attendus d’un stage et d’un accompagnement du·de la spectateur·rice est un pari gagné.
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Il serait facile de se laisser embarquer par la vague des élans festivaliers, il serait si facile de se laisser bercer et charmer par les multiples attraits de l’environnement théâtral. Mais ce qui est excitant dans le fait d’organiser et de faire vivre un stage d’approfondissement Bafa en plein mois de juillet à Avignon c’est de trouver le juste équilibre entre la formation d’animateur·rice et celle du·de la spectateur·rice. Et de permettre au·à la stagiaire de vivre comme un·e festivalier·ère tout en gardant son statut de stagiaire animateur·rice. Beau challenge si formateur.
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« Alors, on n’a pas dit centre de formation, on a dit centre d’entraînement car ce n’est pas de la formation, c’est de l’entraînement ». Ces propos simples redécouverts récemment dans une archive sonore ont construit l’identité des Ceméa et se sont inscrits jusque dans son sigle,  Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active. Ainsi, avons-nous simplement voulu continuer d’explorer ce que nous disait Gisèle de Failly, fondatrice de cette revue, et encore une fois, mettre en route avec des stagiaires des situations d’entraînement dans lesquelles chacun peut éprouver, pour lui-même et dans un collectif, des situations et des expériences qui de fait et par nature deviennent formatrices. Qu’est-ce qui pousse  un stagiaire à s’inscrire à un Bafa approfondissement « Accompagnement culturel » au mois  de juillet pendant le festival d’Avignon ? Qu’est-ce qui conduit ces stagiaires âgés de 18 à  47 ans à réserver six jours pour se réunir dans une école primaire transformée bon an mal an  en lieu de résidence et de travail. La cour de récréation devient salle à manger, les classes  se métamorphosent en chambres, la cantine mute en salles de travail. À bien les écouter, ces animateurs en formation nous racontent sans surprise qu’ils doivent boucler le Bafa, que c’est une occasion de découvrir le festival, même si la majorité d’entre eux n’en a qu’une vague représentation, ou que l’employeur finance la fin de la formation, alors…

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D’attentes  particulières sur la thématique du stage nous n’obtiendrons pas grand chose, d’autant  que notre « jargonnage » accompagnement culturel ne parle souvent qu’à nous-mêmes là où  l’expression médiation culturelle semble une appellation plus socialisée. Faut-il renoncer  cependant à cette distinction ? Certainement non, nous avons travaillé aux Ceméa pour précisément distinguer ces deux notions et les traduire concrètement dans des contenus de formation.Et c’est ainsi que vingt stagiaires, du 17 au 22 juillet 2017, ont pu s’entraîner pendant six jours à l’accompagnement culturel dans un va-et-vient constant entre des expérimentations et des analyses, entre une réflexion personnelle à propos de spectacles vus individuellement ou collectivement et une confrontation de leurs ressentis avec des tiers et leurs pairs. Voici quelques réflexions sur les raisons d’exister d’un tel stage et sur sa légitimité dans un processus de formation d’animateurs d’accueil collectif de mineurs. Ce stage à l'intitulé susnommé est résolument inscrit dans son milieu et son environnement. À l'instar d'un Bafa approfondissement « canoë et eaux vives » dont la rivière est la force attractive de la formation, les contenus de la formation d’Avignon sont délibérément prévus pour favoriser la découverte, l’appropriation et l’exploration du festival. L’implantation nous facilite la tâche.

Nous résidons à une douzaine de minutes des remparts d’Avignon, le centre-ville. Tout au long du stage nous nous sommes appliqués à voir des spectacles. Il s’agissait d’augmenter son expérience de spectateurs.

Deux spectacles de la programmation du festival ont été choisis et réservés préalablement par l’équipe, un troisième a fait l’objet d’un projet de spectateurs en petits groupes de cinq spectacles à choisir dans une sélection de dix spectacles du Off. Les stagiaires, seuls ou en petits groupes, sur des temps non contraints de la formation ont pris l’initiative d’en voir d’autres. Nous ne souhaitions pas non plus favoriser la consommation exponentielle de spectacles, sport pourtant pratiqué par beaucoup de festivaliers pour qui l’accumulation participe de leur appréciation d’un festival réussi.

Nous avons expérimenté,  en les éprouvant, des situations d’accompagnement avant ou après le spectacle. Principalement  sous forme d’ateliers mettant en jeu le corps, qui répondaient à deux objectifs complémentaires :  se préparer ou réagir à une proposition artistique, acquérir des savoirs faire transposables en  situation d’animation. Nous avons aussi souhaité nous entraîner à organiser des rencontres  avec des professionnels de la culture. Pour recevoir l’invité, un petit groupe de stagiaires, à  tour de rôle, préparait et animait l’échange. De l’accueil de la personne jusqu’au moment où  celle-ci était raccompagnée, les stagiaires prenaient en charge la globalité de ces temps.  L’administrateur de Centre de jeunes et de séjours du festival d’Avignon, une secrétaire  générale d’un établissement culturel de la banlieue lyonnaise et une artiste et professeur dans  un conservatoire furent nos invités. L’objectif principal était bien de s’entraîner à accueillir  dans de bonnes conditions et de veiller à la circulation de la parole pour que chacun trouve  sa place. Les retours des invités comme ceux des stagiaires ont souligné la qualité humaine de  ces rencontres et l’intérêt des contenus abordés. Des projets de spectateurs ont structuré  un temps conséquent du stage. Au-delà de la constitution d’un groupe autour d’un spectacle  il s’agissait de prendre contact avec la salle, le lieu ou la compagnie, de négocier des prix, d’organiser  une rencontre avec le metteur en scène ou des comédiens. Nous avons expérimenté,  en les éprouvant, des situations d’accompagnement avant ou après le spectacle.

Principalement  sous forme d’ateliers mettant en jeu le corps, qui répondaient à deux objectifs complémentaires :  se préparer ou réagir à une proposition artistique, acquérir des savoirs faire transposables en  situation d’animation. Nous avons aussi souhaité nous entraîner à organiser des rencontres  avec des professionnels de la culture. Pour recevoir l’invité, un petit groupe de stagiaires, à  tour de rôle, préparait et animait l’échange. De l’accueil de la personne jusqu’au moment où  celle-ci était raccompagnée, les stagiaires prenaient en charge la globalité de ces temps.  L’administrateur de Centre de jeunes et de séjours du festival d’Avignon, une secrétaire  générale d’un établissement culturel de la banlieue lyonnaise et une artiste et professeur dans  un conservatoire furent nos invités.

L’objectif principal était bien de s’entraîner à accueillir  dans de bonnes conditions et de veiller à la circulation de la parole pour que chacun trouve  sa place. Les retours des invités comme ceux des stagiaires ont souligné la qualité humaine de  ces rencontres et l’intérêt des contenus abordés. Des projets de spectateurs ont structuré  un temps conséquent du stage. Au-delà de la constitution d’un groupe autour d’un spectacle  il s’agissait de prendre contact avec la salle, le lieu ou la compagnie, de négocier des prix, d’organiser  une rencontre avec le metteur en scène ou des comédiens. Nous eûmes ainsi le plaisir de recevoir sur le centre le metteur en scène Michel Raskine. Alain Timar du Théâtre de Halles  a réservé à un autre groupe un accueil chaleureux et particulier de plus d’une heure. Enfin,  la comédienne Élisabeth Maccoco à peine descendue du plateau a rencontré sur le vif  d’autres stagiaires.

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Tous les stagiaires ont assisté aux lectures quotidiennes des textes choisis par l’ancienne Garde des Sceaux madame Christiane Taubira. Chaque jour, un petit groupe a pu se rendre à ce rendez-vous mis en jeu et en espace par de jeunes comédiens en formation au conservatoire et par des comédiens amateurs. Enfin, des échanges quotidiens placés en début de journée ont favorisé l’émergence d’une pensée au long cours à partir des spectacles et de l’évolution de chacun dans son rapport à la culture, aux arts de la scène, à l'art en général. Nous avons donné des leviers à la réflexion sous forme de courtes phrases d'auteurs, de penseurs, de philosophes, de gens de théâtre. L’intention était de permettre un cheminement de la pensée, de développer notre capacité à faire un pas de côté, de changer de point de vue et pourquoi pas modifier notre perception. Ce rendez-vous régulier s'organisait selon quelques principes. Nul ne peut être interrompu dans le développement de sa pensée. Nul ne peut être contraint à prendre la parole, une participation ne se mesurant pas aux nombres de mots exprimés. Une écoute attentive, un sourcil qui se hausse, un froncement de front, un regard qui se plisse sont autant de signes forts d'une participation active et non verbale. Chacun est en droit de pouvoir changer d'avis et nul ne peut lui en faire grief. Cette dominante d’activité n’a évidemment pas constitué tout le stage.

L’analyse des stages théoriques et pratiques complétèrent les journées. Ce stage fut ainsi délibérément ancré sur la réalité du festival d’Avignon pour une formation aux fonctions d’animateur mais aussi une formation du spectateur et assurément une formation du citoyen. Nous nous
sommes entraînés, beaucoup, mais gageons que de cet effet d’entraînement il restera des animateurs-spectateurs désirant et désireux d’oser partager les plaisirs de la représentation.