Kinball et Tchoukball : deux sports collectifs innovants

Pour vivre des activités sportives ensemble dans le respect de chacun·e il faut parfois inventer des règles sortant des sentiers battus. Deux sports organisés en fédération se sont attelés à la tâche.
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Crédit photo : École primaire du 12ème km, Le Tampon La Réunion.

L’analyse des traits de logique interne des sports fait apparaître une uniformisation des interactions entre pratiquant·es. Le recours aux seuls duels, aux situations d’oppositions corporelles directes avec risque de blessures, la recherche à tout prix d’un vainqueur au sein d’espaces fermés génèrent tensions et déceptions et la convoitise d’un même objet valorise trop souvent la seule force physique et induit une agressivité qui complique la recherche de mixité, d’hétérogénéité, de faire et vivre-ensemble.

Dans les sports collectifs certaines règles, comme dans le Kinball ou le Tchoukball témoignent d’un caractère « innovant » en montrant une rupture avec les éléments de logique interne des pratiques sportives dominantes aux effets souvent néfastes sur le plan relationnel.

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Une coalition respectueuse

Le Kinball est l’un des très rares sports collectifs à ne pas reposer sur un duel mais sur une coalition d’équipes : à savoir, trois. La structure inédite de ce sport collectif créé au Québec s’accompagne de règles favorisant la coopération. Tous les membres de l'équipe doivent être en contact avec le gros ballon de 1,22 m de diamètre au moment des remises en jeu. À l’issue de celles-ci, il s’agira pour l’équipe appelée de le rattraper avant qu’il ne touche le sol.

Le « respect envers l’adversaire », tellement souhaité et si souvent invoqué dans le monde des sports, est ici suscité par le fait que les actions des joueuses et joueurs seront organisées vers ce ballon et non vers – et contre – les corps des membres de l’autre équipe.

Un sport pour éduquer

C’est également le cas au Tchoukball où les actions défensives seront dirigées à l’opposé de celles et ceux positionné·es en attaque. Inventé dans les années Soixante-dix, le Tchoukball est un sport créé « scientifiquement » par Hermann Brandt, un médecin suisse qui souhaitait à la fois permettre aux sportif·ves qu’il soignait une pratique associée à un moindre risque de blessures, et mettre au point les règles d’un sport éducatif.

À l’aide de deux surfaces de renvoi spécifiques ou adaptées aux moyens du bord, chaque équipe cherche à faire en sorte que l’autre ne puisse rattraper le ballon lancé sur ces trampolines. L’espace de jeu est commun et il n’est pas permis d’intercepter les passes de l’équipe qui construit son attaque ni de gêner les attaquant·es, y compris de manière involontaire.

Une confrontation non violente

De cette contrainte naît une intéressante liberté offerte à la joueuse, au joueur porteur·euse du ballon, qui sera débarrassé·e de la « pression » classique habituellement ressentie en sport collectif. La défense concernera chaque membre de l’équipe qui devra d’abord « lire » le jeu de l’autre équipe pour anticiper les trajectoires et occuper les espaces potentiels de retombée du ballon.

Il en résulte une « confrontation physique intense mais dépourvue de violence corporelle qui présente l’avantage de permettre de faire jouer à rôle égal filles et garçons, jeunes et plus âgé·es, participant·es réputé·es brillant·es et participant·es souvent considéré·es comme faibles ». Ne retrouvons-nous pas ici des principes au cœur de l’Éducation nouvelle ?

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Extrait de l’article "Enjeux éducatifs autour de la sportification" - VEN n° 575 / juillet 2019