Éducation et environnement. Repères historiques en France
1881 Les premières colonies de vacances
En 1876, un pasteur suisse inaugure la première forme moderne de colonie de vacances. Le pasteur Bion conduit 68 enfants de Zurich vers la montagne toute proche pour être placés dans des familles. Le pasteur Lorriaux introduit les colonies en France en 1881 et Edmond Cottinet inaugure les premières colonies scolaires en 1883. « Leur objet est une cure d’air aidée par l’exercice naturel en pleine campagne, par la propreté, la bonne nourriture, la gaieté. 1 »
L’hygiénisme des premières années s’enrichit du projet de l’éducation populaire : démocratisation des vacances et activités de pleine nature. Le succès est croissant : rien que pour les 6-12 ans on compte 420000 colons en 1936, 880000 en 1948, on approche le million en 1964.
1889 La classe-promenade
Dès ses débuts, l’école de la IIIe république inscrit la classe-promenade dans ses instructions (loi du 20 juillet 1889) pour répondre au besoin d’activité des élèves et occasionner une mise en contact avec l’environnement proche. La promenade « sera l’objet d’un compte rendu écrit servant de composition française […] l’on pourra joindre parfois le dessin libre d’une des choses ou d’un des sites observés. »
Les classes-promenades de Célestin Freinet et de Lucien Gachon
Dans les années 1920, Freinet et ses camarades s’emparent de la classe-promenade pour rompre avec la scolastique. L’expérience vécue authentique, in situ, est la matière première de bon nombre des techniques Freinet : les découvertes faites lors de la promenade déclenchent hypothèses (tâtonnement expérimental), recherches, production d’écrits et confrontations (coopération autour du projet). « C’est "l’événement" qui fournit le prétexte de la leçon. Les saisons, les reliefs, le règne animal, une simple taupinière permettent de confronter le regard des élèves avec le point de vue de la nature dont le maître se fait l’écho 2 »
1911 Le scoutisme
Le scoutisme et ses pratiques de loisirs en plein air gagnent la France très rapidement après la création du mouvement scout par l’anglais Baden Powell en 1907. Les Éclaireurs de France sont fondés en 1911.
1915 Le rapport à la nature dans la définition des écoles nouvelles
L’éducation nouvelle prône une éducation intégrale qui s’adresse à toutes les composantes de la personne. Une approche éducative où la prise en compte du milieu est capitale. Le suisse Adolphe Ferrière publie en 1909 une brochure qui détaille sa vision de l’école nouvelle et dresse en 1915 une liste de 30 points qui vaut programme pour les écoles nouvelles. Le rapport au concret, le dehors et la nature occupent une place centrale. On peut citer, notamment les points suivants : n° 3 Situation [de l’école] à la campagne ; 6 Travaux manuels ; 7 Menuiserie, culture du sol, élevage de petits animaux ; 9 Gymnastique naturelle ; 10 Voyages avec campement ; 13 Enseignement basé sur les faits et les expériences.
Années 1920 et 1930 Les écoles de plein air
Dans l’entre deux-guerres, médecins et hygiénistes proposent la construction d’écoles de plein air pour permettre aux enfants chétifs et tuberculeux de trouver un milieu aéré et lumineux leur permettant de se fortifier au contact du plein air. 500 établissements de plein air sont recensés par la revue L’hygiène par l’exemple en 1934. Parmi celles-ci, la remarquable École de plein air de Suresnes (92) construite entre 1931 et 1934 : « Inspirée par les expérimentations nord-européennes d’écoles de plein air estivales […] elle laisse une large place à l’ensoleillement en toute saison et aux circulations douces qui permettront aux enfants fragiles de bénéficier, selon les principes de l’époque, "d’une double ration d’air, double ration de nourriture et demi-ration de travail" ». 3
1950 Les classes de découverte
Des classes se transportent à la montagne, à la mer ou à la campagne pour des séjours d’une durée de 3 semaines (à l’origine). Sur place, elles pratiquent des activités physiques de pleine nature et de découverte du milieu en alternance avec des apprentissages plus scolaires. La vie en internat loin de la maison est aussi l’occasion d’un apprentissage de l’autonomie dans le cadre d’une vie collective intense.
Le phénomène se développe tout au long de cette seconde partie du 20e siècle. On compte, au pic de sa fréquentation, en 1995, 26 200 classes de découverte pour 587 700 élèves pendant des séjours d’au moins 5 jours. 4
1970-2000 de l’animation nature à l’éducation à l’environnement
Les premières crises environnementales entraînent prises de conscience et volonté de connaissance et protection de la nature. L’action éducative est portée par une myriade d’associations et des acteurs institutionnels (services du Ministère Jeunesse et Sports, CPIE, parcs régionaux et nationaux…) qui fédèrent leur action dans une logique de réseau. « En 1983, le Réseau École et Nature (FRENE aujourd’hui) se crée à partir d’une volonté d’échange et de partage d’enseignants et d’animateurs qui pratiquent avec leurs classes et leurs groupes une éducation à la nature et à l’environnement dans la nature. [...] Dans les années 80 et 90, on passe peu à peu de la notion de nature à celle d’environnement, de celle d’animation à celle d’éducation. » 5
Notes
Edmond Cottinet, fondateur des colonies de vacances du IXe arrondissement de Paris In Manuel général de l’instruction primaire, 1887.
Histoire d’une pratique éducative : la classe-promenade. - Le nouvel éducateur, n° 183, novembre 2006.
Émanciper ? L'histoire des classes de découvertes - Ligue de l’enseignement
FRENE - Histoire de l’éducation à l’environnement et en particulier le Guide pratique d’Éducation à l’Environnement mis en ligne sur ce même site.