LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

Règles de base du jeu dramatique

Ces quelques notes ne peuvent remplacer une initiation au jeu dramatique, elles s'adressent à celles et ceux qui l'ont déjà expérimenté.
Certaines de ces règles de base du jeu dramatique restent souvent implicites et d'autres constituent des variantes comme dans tout jeu de règles. Le jeu dramatique est considéré ici comme une activité pratiquée essentiellement par des 6-7 ans à 10-11 ans, période où l'enfant est plus centré sur l’action, le drama, que sur le personnage contradictoire ; cela correspond, dans le développement psychoaffectif à la période appelée « période de latence ».
Média secondaire

Il ne faut pas confondre les « apports pour donner du jeu » - les médiateurs que sont les inducteurs de jeu et/ou les contraintes à l’imaginaire - et les « règles » qui régissent le(s) jeu(x) dramatique(s). Jac Manceau, ancien responsable du groupe national "Jeux et théâtre" des Ceméa a rédigé ces quelques notes à l'attention des animateur·ices ayant déjà vécu des temps de jeu dramatique. Cette initiation par la pratique personnelle préalable est primordiale.

Certaines des règles du jeu restent souvent implicites et d'autres constituent des variantes comme cela est le cas dans tous les jeux de règles; le jeu dramatique étant bien un « jeu de règles »

Lorsqu'il est le plus « formalisé », l'ensemble du jeu comporte trois voire quatre phases. 

  1. Un temps de négociation initiale, suivi parfois d’autres temps de négociation ; le groupe se constitue et se met d'accord sur ce qui va être joué et avec qui. 
  2. Un temps de jeu, souvent d’un seul trait, avec des reprises possibles mais aussi, parfois, des arrêts. 
  3. Un temps d'échanges entre joueurs sur le jeu, mais ce temps peut être plus ou moins institutionnalisé-cadré et il peut prendre une place plus ou moins grande dans l’activité. Pour les enfants en « jeu libre » (!), la frontière entre échange et négociation n'existe pas.
  4. Un temps de « rejeu » à partir des échanges, mais concrètement ce temps n’est que la reprise du 1er temps de négociation initiale. 
     

Comme tous les jeux, le jeu dramatique se déroule dans un espace-temps situé hors de la « réalité quotidienne »

Mais la nature même de l’activité - le « faire comme si »- oblige à renforcer cette séparation pour ce qui concerne la phase consacrée au « jeu » proprement dit (le deuxième temps). Et l’on est amené à préciser : 

  •  Avant le jeu ce n’est pas le jeu ; après le jeu ce n’est plus le jeu ! 
  • Ici, ce sera l'aire de jeu ; là ce ne sera plus l'aire de jeu ! 
  • Pendant le jeu, on a affaire à des personnages ; avant et après le jeu, on a affaire à des personnes. 


Plus que d'autres types de jeu, le jeu dramatique n'admet pas de spectateurs. 

La présence de « véritables » spectateurs entraînerait un changement de nature de l’activité ; il s'agirait alors de « jeu(x) de théâtre » ou de « théâtre(s)»: 

  •  À un moment ou à un autre, tous les participants, à l'exception de l'animateur-arbitre, lorsqu'il existe «doivent » jouer. 
  • Ceux qui se trouvent « sur la touche » et que l’on nomme « les regardants » sont des joueurs potentiels, en attente de jouer, dans le jeu en cours ou dans un autre jeu. Il n'y aura pas nécessairement des « regardants » comme c’est le plus souvent le cas dans la pratique didactique du jeu dramatique. 
  • Dans l'échange possible entre joueurs et entre joueurs et regardants, on pourra utiliser la parole, mais on privilégiera le mode du jeu sur le verbe, la communication par le jeu ou rejeu.
  • La trame du jeu , son « canevas » et en particulier sa fin, est connue de tous , les joueurs, nécessairement, mais aussi les regardants lorsqu'ils existent, pour leur éviter de se centrer sur l'issue du jeu mais sur la manière dont les personnages se sortent des situations que créent les différents événements. Il en va de même des espaces qui sont explicitement repérés. 

La phase de négociation (initiale) du jeu, une fois l'équipe constituée, porte sur : 

  • La détermination, le choix ou l'acceptation d’un thème et/ou d’un inducteur de jeu, proposé par un joueur ou par l'animateur; 
  • La détermination d’un lieu et sa matérialisation fonctionnelle ; 
  • La détermination d’une trame de jeu (points de repères) avec au moins une « situation » initiale en relatif équilibre, un événement déclencheur, et une fin
  • La détermination de personnages, qui sont peu « psychologiques », ou « postes de jeu » et la répartition, pour un premier essai, de ces « rôles ».