Activités pour écrire sans danger

Que risque-t-on et que fait-on risquer aux enfants, aux adolescent·e·s et aux adultes lorsqu’on leur propose une activité autour des mots? Et si l’écriture était aussi un jeu favorisant l’expression ?
L’écriture est encore le parent pauvre de l’animation dans ses déclinaisons diverses, comme si on avait peur de se mettre en danger et de ficeler le public, de l’emprisonner dans les rets du conformisme fermés d’un inextricable nœud. Comme si écrire ne pouvait être un loisir comparable à une activité manuelle, un grand jeu, du chant ou une balade en forêt. Comme si l’école avait l’exclusivité de cet exercice, le confisquait, le cantonnant aux salles de classes. Et pourtant écrire, c’est aussi jouer avec les mots, dire ce qu’on n’a jamais osé dire ou imaginer s’exprimer
Média secondaire

Les conditions matérielles

- S’installer comme on veut, à l'endroit où on est le plus à l’aise, dans la position la plus confortable, l’écriture ne requiert pas toujours une table et une chaise. On peut aussi écrire en déambulant.

- Choisir l’outil que l’on préfère, avec lequel il est agréable d’écrire : stylo-bille, stylo-plume, crayon à papier, feutre fin, ordinateur, téléphone portable, avec sa voix...

- Le silence peut être aidant pour certain·e·s, pour d’autre un peu de musique – privilégier les écouteurs – favorise la mise en route et accompagne l’exercice.

 

Quelques règles

- On se fiche de l’orthographe, de la grammaire, des conjugaisons et de la syntaxe

- On a le droit d’écrire ce que l’on veut. Une seule exception : on ne dit rien d’insultant

- On suspend son jugement un moment en acceptant de se dire que tout mérite d’être écrit ou plutôt que rien ne mérite de ne pas être écrit et que tout ce que l’on écrit veut toujours dire quelque chose

- On a toujours le droit de ne pas écrire

- Le texte produit est la propriété de son auteur·trice

 

Quelques propositions d’écriture

         

Cemea

Écrire avec les mots des autres

Au cours d’une balade en ville ou dans le lieu où se passe l’atelier, recopier les mots que l’on voit écrits, sans intention de raconter quelque chose mais en choisissant ceux qui nous attirent, qui nous font du bien, qui nous surprennent… On doit ensuite les agencer sans rien ajouter de sa propre main. Comme malgré soi, un texte s’écrit. On peut ensuite le partager.

Même processus, mais en prenant comme sources des livres, des magazines, des revues, des journaux, des publicités, voire des flyers. Plus le corpus de textes à disposition est varié, plus cela offrira des registres différents, plus le texte produit sera riche.

Lorsque le groupe se connaît bien, on peut passer à une proposition plus élaborée sur le même schéma : sur un petit papier, chacun et chacune écrit quelques mots, en les volant ou non à un support écrit existant : journaux, revues, livres, albums jeunesse... On mélange le tout. Puis, chacun tire au sort quelques mots et s’en saisit pour écrire son texte.

Cemea

Matériel : Colle, papier blanc ou de couleurs, mots en boîte

Découper une grande quantité de mots dans des magazines ou des journaux en variant les tailles, les couleurs, les polices d’écriture. Les mettre dans une boîte et monter sur la table. Par poignées, laisser tomber les mots sur les participant·e·s qui rassemblent les mots tombés sur eux ou autour d’eux. Chacun les agence en les regroupant par couleurs, sonorités ou familles de mots : objets/émotions/ êtres vivants... La seule manière d’écrire étant bien de coller, il n’est pas possible d’ajouter des choses au stylo. Afficher les textes – le visuel a ici beaucoup d’importance – si les auteurs en sont d’accord. La lecture à haute voix donne une autre idée de ce qui est écrit.

L’infra-ordinaire et les listes

Il s’agit de regarder d’un œil neuf ce qui nous entoure dans un lieu déterminé ou en déambulant et en s’appuyant sur les cinq sens.

re-Procéder par petites touches comme des coups de pinceaux en ne cherchant pas systématiquement à faire des phrases : « nuages gris, arbres géants et dénudés, beaucoup de cailloux. Un stade au loin, un homme traverse la route, des oiseaux chantent... »

Vider son sac ou sa trousse et reprendre son contenu sortant les objets un à un en les nommant, les décrivant et éventuellement en racontant ce qu’ils nous rappellent.

Dans ma chambre, mon salon ou ma salle de bain, il y a...

Les listes : de mes ami·e·s, de mes jouets, de mes vêtements, de chansons, de sportifs·sportives...

Cemea

Écritures à refrain

Le principe en est simple : lancer un bout de phrase et demander aux participant·e·s d’embrayer et de répéter à chaque nouvelle idée, comme un refrain, la phrase de départ.

 

Débuts possibles :

- un jour

- il pleut

- comme d’habitude

- au bord de la falaise

- sur un fil

- avec toi

- et si

- j’adore... mais je déteste

- quand le vent souffle

- seul le saule pleure

- à l’horizon

- l’été dernier

- je prends le pari que

- un, deux, trois, partez

Et d’autres à inventer à l’infini ...