« Le premier outil de soin en psychiatrie c’est nous-mêmes »
Au cours de son parcours professionnel comme infirmière de secteur psychiatrique, cadre de santé puis cadre supérieur de santé, Frédérique s’est attachée à transmettre la passion du métier en psychiatrie, que ce soit en service de soins comme à l’Institut de soins infirmiers où elle a exercé pendant 13 ans jusqu’à la fin de sa carrière en tant qu’adjointe de direction.
Dès le début de sa fonction de cadre de santé, elle s’est investie dans la formation continue. Aujourd’hui, elle intervient dans un secteur, la psychiatrie, souvent en perte de sens, de repères, parfois de savoirs. À sa manière, elle prend soin des professionnels et assure la transmission.
Quel est le parcours qui t’a amenée à devenir formatrice ?
Après un bac scientifique, j’ai fait des études d’infirmière de secteur psychiatrique. Diplômée, j’ai travaillé une dizaine d’années auprès de patients adultes, en service d’admissions. Après une formation de cadre, j’ai exercé en CATTP (Centre d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel), CMP (Centre Médico-Psychologique) et appartements associatifs. Lors de la formation cadre, nous avons été formés tant sur le plan de la gestion que de la pédagogie. Une fois cadre, j’ai soutenu les équipes dans une démarche de formation, d’interventions lors de journées de formation notamment au niveau national pour évoquer le travail réalisé dans un CMP. Lors de journées de l’association « Accueils ? », j’ai rencontré un cadre travaillant avec les Ceméa de Lille qui m’a proposé de devenir formatrice occasionnelle. J’y assure des formations depuis 1999 : VAD (visite à domicile), entretiens infirmiers, secrétaires médicales, HAD (hospitalisation à domicile), aides-soignants entre autres, et souvent sur site.
À titre personnel, je me suis toujours formée : du qualitologie sanitaire, certificat de gestionnaire de la formation professionnelle, l’intergénéralité sans oublier des thèmes de formation liés à la formation initiale lorsque j’exerçai en IFSI (Institut de Formation en Soins Infirmiers) : méthodes d’apprentissage, notion de compétences, acquisition des connaissances et transférabilité.
Lorsque je travaillais sur l’IFSI j’assurais également la gestion de la formation continue au sein de l’Institut.
Qu’est-ce qui t’animait en tant que formatrice ?
Mon envie de transmettre : en 1992, la formation d’infirmière de secteur psychiatrique a disparu. J’étais cadre de santé et je demandais à mon équipe d’encadrer les étudiants infirmiers de la meilleure façon possible en leur montrant les différentes facettes de la profession. La difficulté majeure était de leur montrer que la profession ne se réduit pas aux gestes techniques mais aussi à réussir à faire du lien avec des patients en souffrance psychique et que parfois la pathologie psychiatrique était si complexe que les prises en charge étaient singulières. « On travaille d’abord avec ce que l’on est », « le premier outil de soin en psychiatrie c’est nous-mêmes », ce qui implique une réflexion sur mon investissement personnel : « qu’est-ce que je mets de moi dans cette relation à l’autre ? ».
Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui j’encadre des sessions de formation avec les Ceméa, consciente du peu de nombres d’heures dédiées à la santé mentale dans le référentiel infirmier. Je suis attachée à cette association car sa conception de la formation continue convient parfaitement avec la mienne. Le stagiaire est respecté comme professionnel à part entière, quel que soit son expérience et sa fonction, mais aussi comme individu avec son vécu, non seulement professionnel mais aussi personnel, ses connaissances et ses compétences propres. La formation continue apporte des connaissances nouvelles, souvent les renforce et parfois permet un temps pour se ressourcer, réfléchir sur ses pratiques et les questionner. J’apprécie également d’instituer de la dynamique de groupe afin de réaliser une session de formation où la pédagogie peut être interactive, basée sur l’expérience. Une formation se fait ensemble, formateur et stagiaires, c’est autant l’implication du formateur que celle des stagiaires qui contribuent à la réussite de la session.
En conclusion, le formateur doit savoir rester humble, humain, à l’écoute des stagiaires.
Crédit photo : Amélie PETIT GOMBERT