LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

En formation d’éducateurs, l’écologie s’apprend aussi au contact d’autres pays

L’écologie peut aussi s’apprendre au contact d’autres pratiques, lors de mobilités internationales. Bastian Achteln co-organisateur d’un échange franco-allemand pour des étudiants en travail social explique sa démarche. Propos recueillis par Muriel Molinier.
Média secondaire

L'écologie est un enjeu actuel et beaucoup de professionnels du "prendre soin" y sont sensibles, qu'en pensez-vous ?

La crise écologique et ses impacts ont trouvé leur place dans de nombreux discours au sein du travail social. Malheureusement, cela se traduit souvent peu en pratique. Les acteurs et les organisations du travail social devraient élaborer des concepts de durabilité* pour travailler de manière plus économe en ressources. Pour cela, il est crucial d'apprendre des bons exemples. Au-delà, il est surtout important d'intégrer dans le contexte des interventions au niveau des communautés le développement communautaire, la planification urbaine et la durabilité. Ici, nous pourrions aller au-delà d'une simple compréhension de la durabilité vers une durabilité régénérative, où les infrastructures et les activités des communautés sont intégrées dans l'écosystème local de manière à stimuler la régénération des systèmes écologiques. Cela peut augmenter la résilience individuelle, communautaire ainsi qu'écologique et économique, ce qui est essentiel dans le processus d'adaptation au changement climatique d'origine humaine.

Diriez-vous que la France et l'Allemagne s'emparent de la même façon de cette dimension écologique dans le travail social ?

Je ne peux pas prétendre connaître le système français dans son intégralité. De plus, je constate qu'il y a encore beaucoup à faire dans le contexte allemand. Néanmoins, à travers mes échanges avec mes collègues français et avec des étudiants en éducation spécialisée, j'ai l'impression que le débat sur la transformation éco-sociale** semble moins présent en France qu'en Allemagne. En supposant qu'il y a souvent un grand écart entre les discours et la pratique, on pourrait conclure que les discours académiques des professions sociales en France doivent préparer la voie à une transformation de la pratique vers la durabilité.

Les étudiants ont visité des projets pratiques opérant à l'intersection du travail social et de la durabilité écologique

Dans le cadre de l'organisation de l'OFAJ (Office franco-allemand pour la Jeunesse) comment cette thématique sur l’écologie a émergé, que vouliez-vous mettre en avant ?

Pour moi, le thème de la durabilité est étroitement lié à la question sociale et à la justice, à la fois entre les générations et entre les pays du "monde minoritaire" et du "monde majoritaire".

Mes expériences dans un écovillage, Auroville au Tamil Nadu en Inde, ont rendu ce sujet plus pertinent et tangible pour moi. Ainsi, j'ai rédigé mon mémoire de mon master sur l'idée d'un transfert de connaissances du mouvement global des écovillages vers la conception et la gestion des camps de réfugiés. J'ai également considéré ce travail comme une contribution au discours sur la transformation éco-sociale du travail social. Par conséquent, ce sujet m'a semblé très proche et en même temps très actuel.

Il était important pour moi de présenter aux étudiants un fil conducteur qui commence par une justification normative de l'importance de la durabilité dans le contexte du travail social et se termine par des exemples et des approches pratiques concrètes, réalisables et reproductibles. Nous avons réussi cela grâce à un bon mélange de conférences et de visites pratiques. Pendant l'échange, les étudiants ont visité des projets pratiques opérant à l'intersection du travail social et de la durabilité écologique, notamment "die reha e.V.", des écoles en tant qu'acteurs climatiques dans le quartier, le jardin interculturel de Lichtenberg et le centre communautaire de Steglitz.

Les échanges internationaux écologie et travail social

L’institut du travail social ERASME à Toulouse est fortement impliqué dans des échanges, des réseaux ainsi que des projets internationaux afin de mieux appréhender les enjeux auxquels est confronté le travail social en France, de s’ouvrir, de s’enrichir des modèles d’analyses et des pratiques mises en œuvre dans d’autres contextes.

Depuis 22 ans, dans le cadre de l’Office Franco-Allemand de la Jeunesse (OFAJ), ERASME participe chaque année à des échanges tri nationaux avec des Hautes Écoles en Travail Social, en Allemagne (Evangelische Hochschule Berlin) ainsi qu’en Hongrie (John Wesley Theological College, à Budapest).

 

 

 

Cemea

Cette année, en novembre 2023, la thématique développée à Berlin était centrée autour de l’écologie et du travail social. Les étudiants des trois pays ont pu alors croiser leurs regards autour de pratiques et de réflexions allemandes. Plusieurs visites de structures et de nombreuses rencontres étaient au programme. Bastian co-organisateur allemand, et Muriel Molinier formatrice française, ont tous deux participé à cette riche semaine. 

Crédit photo : ERASME, Institut du travail social

*https://fr.wikipedia.org/wiki/Durabilit%C3%A9 

** Notion émergente, ne dissociant pas le social de l'écologie. Pour approfondir : https://www.cairn.info/revue-cites-2018-4-page-31.htm?contenu=article