Au Jardin de la Bardonnière, les enfants apprennent à cultiver fruits et légumes

Changer d’habitudes alimentaires en cinq jours ? Non, Louise Mathé, maraîchère bio et animatrice au Jardin de la Bardonnière (44) n’y croit pas franchement. Pourtant, chaque été, elle fait vivre des expériences pour « faire bouger les lignes ».
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À en juger par la taille du marabout « cuisine », on se dit qu’au Jardin de la Bardonnière, la question de l’alimentation représente un aspect important des vacances. Installé à côté des marabouts « activités manuelles » et « travail du bois », dans le « champ des ânes », l’espace que Louise Mathé ouvre chaque été depuis 2015 sur son exploitation maraîchère à des groupes de tous horizons, est équipé de tout ce qu’il faut pour cuisiner soi-même.
Média secondaire

« Nous sommes dans un jardin bio, explique Louise. J’encourage fortement les équipes d’animation et les enfants à venir récolter et cuisiner des légumes fraîchement cueillis. Les jours de marché, je propose à 5 ou 6 enfants qui le souhaitent de venir cueillir le matin des légumes lors de ma grosse récolte. » Pieds de tomates, courgettes à foison, bouquets de basilic et de poivrons s’étalent sur 1 200 m2 dans les serres, attirant insectes mellifères. Mais pas seulement...

« Les enfants adorent entrer dans la serre. Il y fait chaud et il y a mille choses à observer. Ils passent leur "permis tomate" en récoltant des tomates cerises qu’ils peuvent goûter au passage et que l’on va ensuite peser sur la balance pour préparer le marché. On découvre le goût du basilic, on s’émerveille devant les mantes religieuses. C’est un peu comme une chasse aux trésors, surtout quand on se met en quête de pommes de terre ou que l’on cherche où se cache la "graine de salade" ». Quand les enfants se retrouvent au repas, ils parlent de toutes leurs découvertes, autant d’échanges qui leur permettront peut-être de développer une curiosité pour ce qu’est le cycle de vie des légumes et, qui sait, d’acquérir un respect plus grand pour ce qui finit par se retrouver dans leur assiette.

Fraîcheur et saisonnalité

Cemea

Du côté des équipes encadrantes, la perplexité est parfois au rendez-vous. « Elles se retrouvent démunies face à cet environnement 100% nature, et on voit bien que tout le monde n’a pas non plus l’habitude de préparer à manger avec des produits frais en grande quantité », souligne Louise

La journée de formation proposée en début d’été, qu’elle organise désormais, leur permet d’améliorer l’appropriation des potentiels du milieu, y compris alimentaires. Et de noter que ceux et celles qui y participent organisent souvent différemment leurs séjours et mini-camps avec les enfants. « Aller au marché, venir faire la récolte, aider à la pluche, constituer avec les enfants les menus et les cuisiner, tout cela devient une activité à part entière. Même si je constate parfois que dans les assiettes des enfants, on trouve des oranges en plein été ou des tomates venues de très loin », regrette la maraîchère qui propose pourtant une réduction de 30 % pour tous les légumes achetés sur place lors des séjours.

Découvrir ce qu’est un aliment, comment il pousse, permet-il de lutter contre le gaspillage alimentaire ? Donne-t-il envie de préférer des aliments frais et de saison à de la nourriture industrielle ? Incite-t-il à cuisiner soi-même ? Aucune certitude, mais tout est peut-être une affaire de « mini-déclics ». Ce qui n’est pas une mince affaire quand on n’a jamais cuisiné soi-même ou quand on n’a pratiqué que la cuisine collective. « Découvrir le parfum d’un bouquet de basilic et la saveur d’une tomate qui a poussé à son rythme sans pesticide, peut parfois, qui sait, suffire à enclencher une nouvelle façon de se nourrir. »