LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

"Pistes, pour découvrir la nature avec les enfants" de Louis Espinassous

Faire une cabane, fabriquer un sifflet, ramasser des mûres, manier l’opinel, sortir une loupe, regarder le ciel, Louis Espinassous propose des pistes pour partir à la découverte de son milieu. Publié en 2018.
Média secondaire

Le titre de l’ouvrage vaut programme. À chaque page, chaque chapitre, l’auteur propose outils, inducteurs, situations qui sont autant de prétextes et d’occasions pour aller dehors, jouer, faire, ressentir, découvrir le milieu. Chemin faisant, piqués de curiosité, il invite à chercher, comprendre et pourquoi pas étudier la nature et l’environnement. Publié pour la première fois aux éditions Milan en 1996 sous le titre Pistes : pour la découverte de la nature et de l’environnement et depuis réédité à plusieurs reprises, Pistes fait figure de référence pour l’éducation à l’environnement. Trop lourd pour être emporté dans le sac à dos, on ouvre ce guide avant de partir se promener ou au retour. D’abord au hasard, en se laissant prendre aux toiles que tendent ses pages : faire une cabane, fabriquer un sifflet, ramasser des mûres, manier l’opinel, sortir une loupe, regarder le ciel… Irrépressiblement, il pousse à ressortir, riches d’un petit savoir supplémentaire et chargé·es d’impulsions inédites pour tenter de nouvelles expériences, tester un nouvel outil, aller plus loin. Un livre dans lequel on revient et où l’on pioche, picore, butine, farfouille, fouit… parfois en cherchant quelque chose de précis, parce que le milieu où l’on est, le groupe que l’on accompagne pousse à suivre telle ou telle piste, parfois en s’arrêtant ici ou là en fonction de l’humeur du moment, des centres d’intérêt du jour ou ceux que le livre fait naître. 

Avec le temps, on découvre que l’ouvrage propose une seconde partie qui invite à construire la découverte, de manière plus rationnelle peut-être, en faisant la part belle à la pédagogie de projet : « Avoir en groupe, une idée, réfléchir à son déroulement, la réaliser le plus complètement possible, et la communiquer à d’autres. » C’est au travers des encadrés intitulés « graine de pissenlit » semés au gré des pages que l’auteur prend la parole plus directement. Il partage réflexion, remarques ou conseils sur le ton de la conversation engagée. Ainsi, page 243, il avertit « ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain » et au nom de l’approche sensible de la découverte qu’il promeut, invite à concilier celle-ci avec l’approche scientifique.

C’est peut-être ça l’animation nature : animer, réveiller, deviner, évoquer, révéler, débusquer, mettre en scène toute la vie, le mouvement, l’histoire, les bruits et la fureur invisibles sous l’écorce ou dans le sol, ou figés en apparence à l’état de géants immobiles, de traces, d’empreintes à lire, à déchiffrer.

 

Louis Espinassous

«Certes la science a pendant quelques années prétendu à une hégémonie sur la découverte de la nature. Mais entre l’affirmation que la nature est aussi à rencontrer et découvrir avec les sens, l’imaginaire, les savoirs populaires, etc. et jeter le savoir et la démarche scientifique aux orties, il y a une marge. » Si l’ouvrage est solidement étayé, il ne veut pas s’adresser d’abord aux spécialistes mais à tous ceux qui ont le souci d’amener les enfants dehors, de mettre en mouvement les groupes qu’ils accueillent, d’attiser les curiosités, provoquer les découvertes et soutenir les recherches qui en résultent. 

Écrites il y a trente ans, les propositions et les démarches conservent toutes leur pertinence, même si elles peuvent être aujourd’hui complétées des apports et possibilités du numérique (clé de détermination des arbres sur le mobile, par exemple celle de l’ONF). Plus profondément, on mesure aussi combien dans l’intervalle l’appel de l’auteur à être, vivre et faire dehors est toujours plus nécessaire. Les dernières publications de Louis Espinassous insistent plus que jamais sur le Besoin de nature (2014) et d’une éducation active au plein air, Laissez-les grimper aux arbres (2015).

Citations

  • Page 16 : "C’est peut-être ça l’animation nature : animer, réveiller, deviner, évoquer, révéler, débusquer, mettre en scène toute la vie, le mouvement, l’histoire, les bruits et la fureur invisibles sous l’écorce ou dans le sol, ou figés en apparence à l’état de géants immobiles, de traces, d’empreintes à lire, à déchiffrer."
  • Page 22 : "L’animation nature est une garbure, un plat à cuisson lente. Il y faut la durée pour rencontrer, pour apprivoiser. On ne peut pas installer une véritable rencontre avec le milieu, la nature, un « objet » dans la rapidité, l’instant, la bousculade, la course. Il faut donner du temps au temps, du temps au corps, aux sens, à l’esprit pour rencontrer, pénétrer, apprivoiser."
  • Page 35 : "La nuit « à la belle étoile » : le plus beau cadeau à faire à un groupe d’ados ou pré-ados."

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