LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

Mieux se préparer pour les danses collectives

Comment dépasser les a priori à propos des danses collectives et traditionnels : sur les stéréotypes de genre, sur le consentement... 3 questions à Hugo Gutierrez, propos recueillis par Laure Marillesse.
Hugo Gutierrez est animateur professionnel d’ateliers de danse et formateur BPJEPS Éducation au développement durable.
Média secondaire

Imaginons une séance avec des danses faciles d’accès, suivie d’un moment de discussion où l’animateur accompagne la réflexion du public sur les questions de sexisme, d’homophobie, de rôles dans la danse

Peut-on rencontrer des réticences aux danses collectives ?

On est obligé de faire avec les stéréotypes et les représentations que les gens ont des danses, et de ce que signifie danser aujourd’hui. C’est inhabituel dans l’espace collectif, social, de voir des gens danser. Comme tout ce qui est un peu anormal, on a des peurs liées a priori à l’activité. Souvent les garçons après 12 ans ont tendance à se dire que ça n’est pas normal d’être un homme qui danse. Je me rappelle avoir proposé une activité danse en colo et un jeune garçon refusait absolument de me tenir la main « parce qu’[il n’était] pas pédé. » Il y a de l’homophobie intégrée à cet endroit.

Comment dépasser ces représentations ?

Proposer des danses où il y a peu de toucher, pour être moins confronté aux représentations genrées. Par exemple une bourrée à trois temps avec des figures détaillées à l’avance : on se touche très peu et c’est très ludique. Au lieu de se prendre dans les bras, on peut se prendre par le coude, ce sera moins intime. On peut aussi utiliser le support d’activité pour initier des débats philo : pourquoi c’est difficile de participer, qu’est-ce qui nous gêne ? Imaginons une séance avec des danses faciles d’accès, suivie d’un moment de discussion où l’animateur accompagne la réflexion du public sur les questions de sexisme, d’homophobie, de rôles dans la danse. Par ailleurs, pour que l’activité elle-même se passe bien, aborder le consentement : quelle partie du corps on touche, comment, etc. On constate un défaut d’éducation sur ce sujet dans notre société. L’amener d’une manière très concrète dans la danse peut servir une démarche plus large.

Des conseils pour construire une séance d’initiation ?

Choisir des danses simples et prendre son temps. Pour une séance d’initiation, une bourrée à trois temps d’Auvergne avec des figures et un cercle circassien. Pour des enfants entre 6 et 10 ans, simplifier un peu les pas et vulgariser les notions de droite et de gauche. Anticiper le retour au calme car l’énergie va monter très haut, donc réfléchir à des méthodes de prise de parole et d’écoute. Ce peut être intéressant de lier l’activité au patrimoine culturel local.