Table-ronde - Jeunes enfants et précarité
Il ne s’agit pas seulement de dénoncer un état de fait, hélas grandissant dans notre pays... Tenter d’endiguer, à défaut de pouvoir les résoudre, la détérioration des conditions de vie éducatives, sociales et culturelles indispensables au développement du jeune enfant, motive cette rencontre. Les participantes à cette table ronde contribueront par leurs analyses à éclairer les mécanismes à l’oeuvre et proposeront des perspectives d’actions.
Pour aller plus loin...
Lutter contre la pauvreté des familles et des enfants / Constats et propositions du HCFEA - Synthèse de la synthèse du HCFEA
Le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge, par l’intermédiaire de son Conseil de la famille, a inscrit à son programme de travail la question suivante : « Comment lutter contre la pauvreté́ et l’exclusion sociale des familles et des enfants, et réduire les inégalités ? ». Ils’agit d’une part d’identifier les caractéristiques des familles pauvres ou en risque d’exclusion sociale, et les difficultés auxquelles elles sont confrontées ainsi que leurs enfants, et d’autre part d’interroger les politiques publiques conduites pour lutter contre la pauvreté́ et le risque d’exclusion sociale et contre leurs conséquences.
Deux raisons principales motivent le choix de ce thème de travail :
- Le taux de pauvreté́ des enfants en 2014 atteint 19,8 % pour 14 % de la totalité de la population métropolitaine qui vit en dessous du seuil de pauvreté́. Deux types de familles sont particulièrement concernés, les familles monoparentales et les familles nombreuses ;
- L’importance des phénomènes de reproduction sociale en la matière : l’enfant d’une famille pauvre a beaucoup plus de risques de se retrouver lui aussi dans une position disqualifiée socialement lorsqu’il atteint l’âge adulte (manque de ressources économiques, sociales, ou relationnelles).
Les notions de pauvreté́, de précarité́ et d’exclusion sociale on fait l’objet de nombreux débats. On peut partir de la définition de la précarité́ adoptée par le Conseil économiquesocial et environnemental (CESE) dès 1987 et reprise par le Conseil national de lutte contre les exclusions (CNLE) :
« La précarité́ est l’absence d’une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et familles d’assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux. L’insécurité́ qui en résulte peut être plus ou moins grave et définitive. Elle conduit le plus souvent à la grande pauvreté́ quand elle affecte plusieurs domaines de l’existence, qu’elle tend à se prolonger dans le temps et devient persistante, qu’ellecompromet gravement les chances de reconquérir ses droits et de réassumer ses responsabilités par soi-même dans un avenir prévisible».
Lutter contre la pauvreté des familles et des enfants / Constats et propositions du HCFEA - Synthèse de la synthèse du HCFEA
Lorsqu’on s’intéresse aux familles qui ont recours aux services de solidarité́ et à l’aide des associations ; ainsi, les enfants qui vivent dans un logement précaire, ou d’urgence, voire dans un bidonville ou à la rue font face à des difficultés souvent insolubles pour accéder à une scolarité́ un tant soit peu normale.
De quelle famille parle-t-on ?
Par rapport aux concepts de famille élargie dans le temps (la lignée des ascendants) oudans l’espace (l’ensemble des collatéraux), on s’intéressera ici principalement au noyau familial qui, au sein d’un ménage avec enfant(s), partage en principe un budget commun.Les données statistiques utilisées se centrent en effet sur la population des ménages dits ordinaires, c’est-à-dire vivant dans un même logement. Lorsque des données seront disponibles, les situations les plus problématiques seront étudiées (hébergement collectif, sans domicile fixe, habitat précaire,...).
En ce qui concerne les enfants, si un certain nombre de données disponibles retiennent une notion d’enfant à charge vivant au sein du logement, on centrera l’analyse dans toute lamesure du possible sur ceux de moins de 18 ans. Lorsque les données le permettent, on abordera la question des conséquences de la pauvreté́ sur le développement des enfants, notamment en termes d’éducation et de santé, facteurs clés pour une intégration réussie dans la société́ à l’âge adulte.
5 définitions complémentaires :
Compte tenu de ces considérations, plusieurs approches complémentaires de la notion de pauvreté́ sont utilisées dans les études :
- La pauvreté́ monétaire,
- La pauvreté́ d’existence ou pauvreté́ en conditions de vie,
- Les personnes en risque de pauvreté́ ou d’exclusion sociale, concept utilisé au niveau européen,
- Les personnes en insuffisance budgétaire
- La pauvreté́ subjective : qui part de la perception par une famille ou un individu de sa propre situation.
Vulnérabilité́ , précarité́ , insécurité́
Si l’on cherche à dépasser les dimensions économiques ou sociales, une approche en termes de vulnérabilité́ des familles peut également être mobilisée : « on sait combien la précarité sociale engendre quasi-mécaniquement la fragilisation sanitaire via la malnutrition, les difficultés d’accès aux soins, le logement dégradé et les conséquences psychiques des difficultés quotidiennes. En ce sens, la substitution de la notion de vulnérabilité à celles, antérieures, de misère, indigence, pauvreté, etc., met l’accent sur des mécanismes defragilisation et de blessures polymorphes ».
Les propositions du conseil :
- - Agir pour mettre en œuvre les droits fondamentaux.
- - L’objectif d’éradiquer la grande pauvreté́ d’ici 2030.
- - Changer le regard des institutions.
- - Eradiquer la peur du placement des enfants.
- - L’emploi : renforcer une offre adaptée aux personnes éloignées de l’emploi `.
- - La question centrale de l’accès à un logement stable `.
- - Lutter contre l’insécurité alimentaire.
- - Assurer le droit à la santé.
- - Simplifier le recours aux prestations.
- - Lutter contre l’échec scolaire.
- - Avoir confiance dans les capacités et compétences des parents.
- L’impact fort des difficultés de logement, d’emploi, de manque d’argent sur les réalités
et relations familiales.
- Améliorer les aides financières aux familles pauvres : quelques scenarios pour la
réflexion, un besoin global estimé à 8,5 milliards d’euros.
- - Le rôle des prestations actuelles dans la réduction de la pauvreté.
- Trois scénarios alternatifs : le scénario par le RSA le scénario par la prime d’activité
le scénario par une allocation enfants pauvres.
- Pour un droit à la cantine pour tous les enfants Un enjeu essentiel pour la réussite
des enfants, ce ne doit plus être vécu comme un cumul d’obstacles pour les enfants
les plus pauvres.
- - Favoriser l’accès aux modes d’accueil des familles en situation de pauvreté.
« Lutter contre la pauvreté́ des familles et des enfants »
Le dossier est constitué́ d’un ensemble de notes, structurées autour de l’architecture suivante :
1.Introduction : synthèse des constats et propositions L’état des lieux
1-1 La pauvreté des enfants et des familles : constat statistique sur la situation française.
1-2 Pauvreté monétaire et insuffisance budgétaire : une analyse complémentaire de la situation des familles et des enfants
1-3 Eléments quantitatifs de comparaisons européennes
1-4 Grande pauvreté et recours aux associations : un regard sur la pauvreté au quotidien
2. Les politiques publiques
2-1 Les plans de lutte contre l’exclusion
2-2 Pauvreté des familles et redistribution
2-3 Trajectoire et accompagnement des bénéficiaires du RSA
3.Des propositions pour lutter contre la pauvreté des familles et des enfants
3-1 Agir pour mettre en œuvre les droits fondamentaux
3-2 Le rôle des prestations familiales et sociales pour lutter contre la pauvreté des enfants : une analyse de scénarios alternatifs
3-3 L’accès à la cantine scolaire : un droit pour tous les enfants, un droit essentiel pour les enfants de familles pauvres ?
3-4 Favoriser l’accès aux modes d’accueil des familles en situation de pauvreté.
Pour en savoir plus :
http://www.hcfea.fr/IMG/pdf/NOTE_Synthese_-_pauvrete_et_familles_-5_juin.pdf
http://www.hcfea.fr/spip.php?rubrique11
Une école de la réussite de tous est possible ! (Extraits)
La pauvreté n’est pas qu’une question d’argent, c’est aussi une question culturelle, qui s’accompagne trop souvent du sentiment de se sentir « différent », d’être sans cesse jugé, et d’en souffrir.
Les parents vivant des situations de grande pauvreté se souviennent d’abord du « fond de la classe ». L’école a été souvent pour eux un lieu de souffrance. C’est pourquoi, une fois que leurs enfants vont à leur tour fréquenter l’école, cela entraîne pour les parents un sentiment contradictoire : d’un côté, c’est le grand espoir que ça se passe bien et que l’école soit pour les enfants un tremplin, un lieu d’épanouissement et de réussite ; de l’autre, les souvenirs d’enfance restent forts, et dès que l’enfant commence à appréhender d’aller à l’école, ces souvenirs remontent, les parents eux-mêmes ont comme un mur à franchir pour s’investir et faire confiance à cette école.
Fort d’avoir perçu que la plus forte aspiration des parents les plus pauvres est que leurs enfants ne revivent pas à l’école les mêmes souffrances et exclusions qu’eux-mêmes, ATD Quart Monde travaille depuis ses origines pour soutenir cette aspiration, en coopérant avec les parents afin qu’ils trouvent comment permettre que leurs enfants réussissent.
Nous avons aussi appris de ces familles que les enfants, pour apprendre à l’école, ont besoin d’être fiers de leur racines, et donc de leurs parents, de leur milieu ; il est presque impossible d’apprendre si on grandit dans la honte.
DES PROJETS PILOTES
Il ne suffit pas de dire cela pour que tout le monde s’en saisisse, c’est pourquoi ATD Quart Monde met en place des projets pilotes, afin de comprendre ce qui est possible : ainsi durant 5 ans, nous avons expérimenté un espace parents à Rennes, dans le quartier de Maurepas. Dans le quartier de Fives à Lille depuis 5 ans, un projet de « promotion familiale, sociale et culturelle » est mené avec de nombreux partenaires, et nous construisons un nouveau projet « un quartier se mobilise pour la réussite de tous les enfants » dans le 18e arrondissement de Paris.
UNE CAMPAGNE ANNUELLE
Cette campagne annuelle se nomme « Vivre ensemble sans oublier personne » ou « Un quartier où tous seraient heureux d’apprendre » ou « Découvrir les talents de chacun », ou « Changer de regard pour mieux vivre ensemble ». Les parents qui ont une vie difficile, mais également tous les autres, sont concernés par cette campagne qui fait réfléchir tous les enfants du quartier aux conditions qu’il faut mettre en place pour « faire une place à chacun dans la classe ou le quartier »...
... Enfin, nous expérimentons un outil de dialogue entre parents d’une part, et entre parents et enseignants d’autre part, à la sortie de l’école. Les parents l’ont surnommé : « les petits mots du mardi ». Une question inscrite sur un panneau devant l’école chaque quinzaine est posée à l’ensemble des parents qui attendent leurs enfants à l’extérieur de l’école : « Quels moyens l’école prend-elle pour informer les parents ? », « Parents qu’aimeriez-vous apporter à l’école ? » « Pour vous un parent-délégué c’est... ? » Nous écrivons leurs réponses sur des post-it collés sur le panneau à la vue de tous puis dactylographiés pour la fois suivante :« Un café-parents, ça pourrait être bien pour se connaître entre nous, dit un parent » « Cette action nous invite à changer de regard aussi sur les parents, à se demander si nous comprenons suffisamment leur point de vue, nous dit une enseignante directrice ».
Lire le dossier complet :
http://blogs.atd-quartmonde.fr/magrard/
Publié le 14 décembre 2016 par Marie-Aleth Grard.
MISSION BIDONVILLES MEDECINS DU MONDE
La pauvreté concerne plus de 3 millions de personnes en France, soit 14,3 % de la population. Depuis 2008, la part des personnes en situation de précarité ne cesse d’augmenter et les
inégalités sociales de santé de s’accentuer.
EXTRAITS
La pauvreté et l’exclusion obligent près de 16 000 personnes à vivre dans des bidonvilles. On n’en compte pas moins de 571 en France.
2/3 des bidonvilles ne disposent d’aucun point d’eau
En 2012, le gouvernement a publié une circulaire imposant que toute évacuation de bidonville soit anticipée et accompagnée. Malgré cela, les expulsions se déroulent toujours dans les mêmes conditions dramatiques pour les habitants, sans qu’un diagnostic social préalable ne soit établi et qu’une alternative de relogement ne leur soit proposée. Ces expulsions à répétition, parfois accompagnées de violences physiques, sont lourdes de conséquences sur la santé des personnes : non seulement elles les éloignent du système de santé, mais elle brisent aussi la continuité des soins et rendent difficile la prévention et la lutte contre les épidémies. En 2017 plus de 11000 personnes ont été évacuées.
Le Commissaire européen aux droits de l’homme a dénoncé cette politique.
« Près de la moitié des campements ne disposent d’aucun système de gestion des déchets. »
Les habitants des bidonvilles vivent dans des conditions d’extrême précarité qui détériorent leur état de santé. Et malgré leur besoin urgent de soins, les difficultés qu’ils rencontrent sont immenses.
Prise en charge des dépenses de santé, accès à l’aide médicale d’État, à la couverture maladie universelle (CMU), la barrière de la langue, la méconnaissance du système de santé français, les nombreuses conditions d’accès et des délais d’instruction très longs sont autant d’obstacles qui retardent le recours aux soins.
La mission bidonvilles de Médecins du Monde :
Soigner
Accompagner
Améliorer les conditions de vie
Pour en savoir plus : https://www.medecinsdumonde.org/fr/pays/france/personnes-vivant-dans-les-bidonvilles
Les ROMS médecins du monde
EXTRAITS
Le Collectif National Droits de l’Homme Romeurope fait le triste constat de la continuité d’une politique d’expulsions répétées des habitants des bidonvilles et des squats.
L’été est la période la plus « prolifique » en termes d’expulsions. A Montreuil, Marseille,Goussainville, Grenoble, Saint Denis, Lyon et ailleurs, le constat de ces expulsions est lemême : la situation des personnes ne s’améliore pas et les bidonvilles ne disparaissent pas.Néanmoins, quand la circulaire s’applique, elle peut apporter des résultats : les 25 et 26juillet, à Toulouse, 386 personnes vivant sur 4 bidonvilles dans le quartier de Montaudran ont été relogées dans des appartements. Reloger les habitants des bidonvilles est donc possible !
Le CNDH Romeurope appelle les décideurs, membres du gouvernement et élus descollectivités locales à changer d’approche. De nouvelles politiques de résorption desbidonvilles sont possibles. Il est nécessaire de mettre fin aux expulsions répétées de bidonvilles pour pouvoir accompagner les personnes vers des solutions de logement dignes et pérennes.
Pour en savoir plus : https://www.medecinsdumonde.org/fr/actualites/presse/2016/08/26/les-bidonvilles-sont-toujours-la
LE 104 EST MAINTENANT UN LIEU D’ACCUEIL ENFANTS PARENTS
Tous les mercredi de 9h à 12h et de 15h à 18h
LAEP extraits
Le mercredi 31 janvier, un Lieu d’Accueil Enfants Parents, « au 104 » a ouvert ses portes rue Saint-Jacques à Nantes. Cet espace s’adresse aux enfants de moins de 4 ans accompagnés de leurs parents ou de substituts parentaux, ainsi qu’à de futurs parents.
Un lieu de parole et d’écoute et un projet collectif
C’est un lieu d’accompagnement à la fonction parentale, qui contribue au développement de l’enfant. Les parents peuvent venir et revenir en toute liberté. C’est un lieu de parole et d’écoute dans une perspective de prévention, un lieu qui permet de rompre l’isolement pour le parent, un lieu à effet humanisant qui permet la rencontre des différences.
Ce projet est issu d’un travail de militant-es des CEMEA, venant des groupes action recherche petite enfance et SPAS (santé psychiatrie et action sociale). Ce projet d’accueil au sein des CEMEA, lieu de ressources et de recherche, nous donne un espace d’expérimentation et de réflexion. Notre projet s’appuie sur les valeurs de l’éducation populaire et de l’éducation nouvelle par les méthodes d’éducation active. Ajoutons à cela des bases pour accompagner la petite enfance et le lien parental : l’observation, le partage des savoirs, la non hiérarchisation et l’égalité de parole.
Pour en savoir plus : https://cemea-pdll.org/Le-104-est-maintenant-un-Lieu-d