Motus et bouche cousue

Un roman jeunesse qui se passe de commentaires
Média secondaire
Au cours de l’enfance une somme de petites contrariétés, d’infimes blessures à l’intime peuvent déclencher une réaction insoupçonnée et prendre une importance qui aux yeux des autres semble disproportionnée. Et pourtant c’est souvent la seule solution possible pour se faire entendre.
Cemea

Motus et bouche cousue

Ellie Irving

Éditions Bayard Jeunesse

Ça se passe en Grande Bretagne dans une famille d’anglais moyens, cinq enfants et celui du milieu (un grand frère, une grande sœur, une petite sœur, un petit frère) n’a pas la partie facile. Il doit se débrouiller pour exister alors qu’il n’a (selon lui) aucune caractéristique qui le ferait briller aux yeux des membres de sa famille et de ses copains et copines. Il mène son bonhomme de chemin tranquille, avec une légère tendance à une paranoïa latente qui colore son enfance du gris clair de la mélancolie !

Il a l’impression que personne ne fait attention à lui. Alors un beau jour il décide passer à l’action, ou plutôt à l’inaction, il se tait. Pas un mot, plus jamais !

C’est le début d’une histoire ordinaire où il n’est pas plus héros que les autres, une histoire qui dépeint très bien le désordre intérieur d’un grand enfant, d’un jeune adolescent qu’il est tout à la fois.

Avec un sujet somme toute assez bateau, maintes fois revisité, l’auteur parvient à nous embarquer, à nous faire partager le quotidien d’une fratrie, d’une sororité un peu barge mais pas trop dans laquelle je me suis reconnu  sans peine et sans gêne. Et c’est cela qui fait la différence, c’est une fiction qui plonge dans le réel de chacun·e, qui raconte des petits riens qui font tout, des moments intfimes que chacun·e a connus ou connaîtra. Ce qui fait qu’inévitablement j’ai fait des comparaisons avec ce que j’ai connu dans mon enfance, que des souvenirs ont été ravivés et que l’émotion a été au rendez-vous. Il me souvient que j’ai essayé de me taire, mais ça n’a pas duré longtemps.

On suit le quotidien de ce petit garçon avec un intérêt que la narration soutient au fil des pages, sans jamais relâcher le rythme ni la petite musique du texte.

Le livre ne dit pas grand chose mais il parle, en tout cas il a parlé à mon passé d’adolescent naissant et je l’ai dégusté comme une pâtisserie britannique, avec beaucoup de crème, d’une traite.

L’anti-héros finira-t-il par lâcher de nouveau quelques paroles, et après quelles péripéties, je vous laisse le soin de vous en régaler et de le faire découvrir.

Bref, un bouquin que vous pouvez conseiller aux adolescente·s quel·le·s qu’il·elles soient. Il mérite de figurer dans le coin lecture de tous les accueils de loisirs.

La littérature jeunesse file décidément un bien bon coton !