LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

Aller au musée, mode d’emploi

L’approche culturelle est une activité comme une autre dans les accueils collectifs de mineur.es. Et sortir du centre pour aller voir ce qui se passe dans un musée en est un exemple édifiant. Mais cela demande à être préparé minutieusement pour prendre tout son sens.
Média secondaire

L’éducation populaire doit permettre à tout le monde, à chaque personne, d’avoir accès à des objets culturels. Les centre de loisirs sont des espaces où les enfants et les adolescent.es peuvent vivre des expérience d’approches culturelles multiples. Parmi celles-ci la visite d’un musée, la découverte de l’existence d’un lieu culturel et d’oeuvres artistiques dont ils et elles ne soupçonnaient nullement l’existence participent de l’éducation à l’environnement culturel. C’est facile à dire mais bien souvent les équipes d’animation sont démunies en termes de savoirs et de savoir faire, d’idées d’activités et souvent elles n’ont elles-mêmes pas vécu de telles démarches. En voici une, prête à être mise en place en stage BAFA comme en accueils de loisirs et séjours de vacances.

Fiche d’activité - Démarche d’accompagnement culturel à vivre en stage de formation et en situation d’animation en loisirs collectifs


ALLER AU MUSÉE

La France est le pays des musées. Chaque ville, chaque bourg, chaque village a le sien. Il me souvient qu’à l’occasion d’une visite à Pézenas dans le département de l’Hérault (34) un jour d’été, déçus de trouver la maison de Molière fermée, un copain et moi en furetant dans les ruelles de cette bourgade médiévale, avons découvert « le musée des portes » et nous y sommes entrés. Eh bien, ce fut instructif et un réel plaisir.Et pourtant aucun de nous deux n’avait la moindre idée de l’existence de ce musée.


A - En amont


1 - Se renseigner sur les musées qui existent sur le territoire où est implanté l’accueil de loisirs ou le séjour de vacances

2 - Lorsque c’est possible, prendre le temps d’aller visiter le musée (ou à défaut une exposition temporaire) choisis afin à la fois de récolter de la documentation, de se renseigner sur les possibilités d’accompagnement au sein de la structure culturelle, mais aussi de prendre le temps de découvrir les œuvres exposées.

Si le musée se trouve trop loin ou que l’équipe n’a pas le temps de vivre cette démarche, la documentation numérique et le téléphone peuvent faire l’affaire.

 

3 - Présenter le musée et ce qu’on va y voir puis proposer une activité ou une série d’activités qui ont un lien avec ce qu’on peut trouver au musée. Une activité d’expression (autour de l’écriture, de l’activité dramatique, des activités manuelles {argile, peinture, plâtre, métal, bois, land art…}, de la musique etc). Ce peut être à partir des photos prises lors de votre visite ou de cartes postales ou de ce qu’imaginent les enfants ou les adolescent.es, de leurs représentations.

4 - Mettre en place un goûter-débat où chaque enfant pourra s’exprimer sur ses expériences avec l’art et la création, sur sa connaissance des lieux culturels, son impatience ou son appréhension.

 


B - Pendant la visite


Après une lecture (choisie en fonction de la personne qui anime mais qui contiendra une invitation au voyage culturel, un texte de Michel Butor - « le marmonnement d’Alberto Giacometti », texte issu du livre « collations » fonctionne bien- ) rapide, rappeler les règles en vigueur dans les musées, ce qu’il y a à voir et présenter la démarche.

Celle qui suit est simple et ne demande pas beaucoup de temps

Selon l’âge du public, l’organisation du groupe et l’autonomie (pour chaque enfant) plus ou moins grande de déambuler dans le musée sont laissées à l’appréciation des animateur.rices qui encadrent cette activité. Si les enfants sont d’âge maternel, il est préférable de privilégier les petits groupes et de vivre la démarche en gardant les mêmes groupes.

1 - Une première proposition autour de l’œil et du dessin
  • Choisir une œuvre qu’on apprécie particulièrement
  • La passer au crible du regard
  • Décider d’un détail qui semble insolite
  • Le dessiner
  • Échanger le dessin avec un.e autre participant.e
  • Tenter de retrouver à quelle œuvre est rattaché le détail

À noter que le téléphone portable (en stage et avec des adolescent·es les participant·es  en ont généralement, avec les plus petit·es celui des animateu·rices sera suffisant) peut remplacer le crayon et le papier.

En outre, il est aussi possible qu’en amont de la visite l’équipe d’animation ait pris des photos d’une dizaine de détails et qu’elle organise un jeu de piste.

2 - Propositions d’écriture

Cette proposition est possible également avec des enfants ne maîtrisant pas l’écriture, l’écriture sera assurée par les adultes présent·es, les enfants donnant leurs impressions à l’oral.

Deux processus sont possibles :

  • L’écrit s’attache à une œuvre en particulier et chacun.e va à travers les impressions chuchotées par ses sens (surtout la vue, mais l’ouïe perçoit beaucoup de bruits dans un musée) noter ce qui lui vient à l’esprit et aux mots lorsqu’il·elle regarde l’oeuvre et son environnement (à la manière de Georges Pérec dans « tentative d’épuisement d’un lieu parisien » ou « espèces d’espaces » ou encore dans « l’infraordinaire ». Nul besoin de chercher à faire des phrases, juste poser des mots comme des touches de langue, des briques l’une après l’autre, des carrés de mosaïque, des points qui en s’ajoutant vont finir par faire texte automatique. Il est important de garder l’ordre dans lequel on a bâti le texte.
  • L’écrit se fait en déambulant au rythme de chacun et chacune et dure le temps de la balade ou un temps défini à l’avance que chaque personne a décidé de consacrer à cet exercice. Ici le process diffère un peu du précédent. En effet on note ce qui vient (impressions et ce qu’on voit, qu’on entend) et à la fin on prend 5 minutes (pas plus) pour construire un texte qui relate l’impression générale.

Les deux propositions peuvent être vécues l’une après l’autre si on a le temps et si les participant.es apprécient la démarche.

La valorisation (lecture à haute voix ou textes passés de main en main, seulement pour ceux et celles qui le veulent) se fait ou à l’intérieur du musée si il y a une salle mise à disposition (c’est le cas dans pas mal de musées) ou dans la structure d’accueil de loisirs ou le séjour de vacances.

3 -  Prendre la pose

Cette troisième approche sensible demande l’utilisation d’un téléphone portable ou d’un appareil-photo et se déroule à deux ou en petit groupe. Le groupe (ou le binôme) choisit une œuvre et tente de reproduire les gestes des personnages du tableau et de la statue, puis se place devant l’oeuvre et pose pour la photo.

On recommence l’opération autant de fois qu’on le désire.

Crédit photo : Jade Chanard


C - Après la visite


  • Retour sensible à froid, un temps d’échanges est une nécessité, à partir de questions ouvertes et de déclencheurs (j’ai aimé, mon meilleur souvenir ou je me souviens…)
  • Mise en place d’activités de création en réponse aux désirs du public
  • Naissance d’un projet artistique

Cette démarche en est une parmi de nombreuses autres, de même pour les activités proposées.