LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

Une rentrée particulière

Il aurait été si pratique de penser que la rentrée ne serait qu’un simple formalité, de ne pas s’inquiéter de l’impact d’un virus sournois sur le quotidien des enfants, des familles et des enseignant·e·s. Mais ce conditionnel s’est effacé au profit d’un présent plus anxiogène.
Média secondaire

Cécile Blanchard est Rédactrice en chef des « CRAP Cahiers Pédagogiques »


Ce n’est pas une rentrée « normale » pour l’école, pour personne, il est vrai, c’est une rentrée stressante et fatigante. Fatigante parce que stressante. Stressante parce qu’à la pression que la société (et singulièrement l’actuel ministre) fait peser sur l’école, sur les enseignants, sur les parents, et, évidemment, sur les enfants, s’est ajouté le double stress du risque sanitaire et du rattrapage scolaire de la fin de l’année 2019-2020.

Cemea

La première chose qui m’a frappée juste avant et juste après la rentrée, c’était le plaisir manifeste qu’avait un nombre non négligeable d’enseignants à retrouver des élèves. Je veux bien admettre un biais depuis mon poste d’observation aux Cahiers pédagogiques, revue faite par des professionnels engagés, mais, tout de même, c’était bien visible sur les réseaux sociaux comme dans les échanges, virtuels ou lors de nos Rencontres d’été, entre militants de l’association.

Puis, très vite, est venue la désillusion. Ou plutôt, très vite, l’inquiétude et la colère ont pris le pas, face à des cas de Covid gérés, semblait-il, au petit bonheur la chance.

Avec les réseaux sociaux, pas difficile de constater que le traitement de ces cas (quarantaine, avertissement des cas contacts, tests, fermeture de la classe...) n’était pas le même selon les ARS (agences régionales de santé) et les rectorats. La peur de contaminer et d’être contaminé est très forte et les consignes tout sauf claires ni même, parfois, applicables.

Pour tout le monde, la période est angoissante, avec ces informations et questions qui tourbillonnent à propos du virus, de sa contagiosité, des modes de transmission, de l’immunité qui dure ou pas, de la possibilité d’un nouveau confinement. Personne n’y échappe, pas même les enfants, et il n’est pas facile de répondre à leurs questions. Il y a aussi la charge mentale des masques, des distances à garder et du lavage des mains avec ou sans gel hydroalcoolique.

Et puis il y a l’épineuse question des inégalités scolaires, dont il n’est pas un scoop de dire qu’elles se sont fortement aggravées pendant le confinement et la « continuité pédagogique ». Qu’ont réellement appris les élèves pendant cette fin d’année scolaire si déroutante ? Comment se remettre au travail, dans des conditions malgré tout éprouvantes ? Comment adapter son enseignement, ses attentes, les contenus, pour « embarquer » tous les élèves, aux vécus si différents ? Les réponses du ministère, entre évaluations précipitées voire inadaptées, et programmes pas aménagés, ne favorisent pas la sérénité pourtant indispensable aux apprentissages !

Tout cela en rajoute à la pression sociale habituelle sur les parents pour « bien » élever leurs enfants, avec réussite scolaire à la clé, pression qui se répercute sur les enseignants, et, encore et toujours, sur les enfants.

Le virus est là et on ne peut certes pas l’effacer d‘un coup de baguette magique, mais, décidément, ça ne pouvait pas être une rentrée « normale ». Il est encore temps de le reconnaître, pour alléger un peu le fardeau de bien des gens !