Le rire de Cabu

Cabu a eu une carrière de dessinateur sans pareille. Pour celles et ceux qui voudraient mieux la connaître, l’exposition qui la retrace et s’est installée à l’Hôtel de ville de paris est sans doute la meilleure solution. Un beau voyage dans les méandres d’un beau parcours.
Média secondaire

Parfois la réalité dépasse la caricature et la rétrospective de l’œuvre complète de Cabu est de cette trempe. Cet artiste (n’ayons pas peur des mots) était d’une certaine manière protéiforme et nombre de ses dessins, de ses personnages sont encore présents dans les esprits. Et à la lueur du passé c’est bien au présent que cette exposition parlera de l’avenir aux visiteurs et visiteuses.


Exposition du  9 octobre au 19 décembre 2020  à  l’Hôtel de Ville de Paris, 5 rue de Lobau 75004 Paris – gratuite sur réservation obligatoire 


Jean CABUT, dit CABU, de son nom de signature, est décédé le 7 janvier 2015 dans l’attentat qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo ; mais ce n’est qu’en fin d’exposition que ce terrible moment est évoqué par un dessin de Cabu caricaturant la vingtaine de protagonistes qui se réunissaient au siège du journal chaque mercredi matin. 

Il était né en janvier 1938, il a donc couvert par ses caricatures la classe politique et l’actualité depuis 1968 ; c’est à cette époque que ces premières BD paraissent dans Pilote, avec le « grand Duduche », son « double », sorte d’autoportrait et sa bande de copains au lycée, tous amoureux de la fille du proviseur. Puis viendront « Catherine », « mon Beauf’ » et « l’adjudant Kronenbourg », qu’on retrouvera dans les différents journaux où il va travailler ; l’Enragé, Hara-Kiri, Charlie Hebdo et le Canard Enchaîné et où il va croiser Gébé, Reiser et Wolinski.

Il y a eu la période où le caricaturiste a travaillé à la télévision, où il dessinait en direct dans « Droit de Réponse » avec Michel Polac et surtout dans « Récré A2 » au côté de Dorothée ; certains s’en sont étonnés, mais comme il disait :  « Pour un dessinateur, les enfants constituent le meilleur des publics… ils dessinent, eux ! »

Son anti-militarisme, son anti-cléricalisme, son engagement pour l’écologie, son amour du jazz, resteront des fondamentaux tout au long de ses dessins ; pas étonnant qu’il ait illustré cette magnifique pochette de l’album « Saltimbanque » de Maxime Le Forestier ainsi que tout le book avec la chanson « Parachutiste ».

Les 350 dessins qui sont présentés dans cette expo illustrent l’œuvre de ce grand caricaturiste de presse, qu’on compare aujourd’hui à Daumier au XIXème.
Évidemment cette exposition a un côté nostalgique quand on pense à la fin tragique de CABU et de ses camarades à laquelle aujourd’hui s’ajoutent l’actualité brûlante et le climat du procès des attentats de 2015. Mais l’humour reprend vite le dessus.

Comme disait Reiser, disparu lui aussi  bien trop tôt, en faisant parler son personnage emblématique « Gros Dégueulasse » : Tout tient en une phrase : le Grand Duduche parviendra-t-il à se farcir la fille du proviseur. Croyez-moi, ce sera le grand suspense de la bande dessinée du XXème siècle ! ».

Toujours le mot pour rire ce Jean-Marc !

Entrée gratuite sur réservation

Du 9 octobre au 19 décembre 2020 : mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi de 10h à 18h30
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