Une femme sur un terrain d’aventures bouscule les stéréotypes de genre

Chloé Thibert est animatrice en Ile-de-France sur des terrains d'aventures. Son ambition : encourager les filles à entreprendre des activités dîtes masculines (bricolage, …). Elle espère qu'une fois adultes, les enfants auront une attitude moins stéréotypée à l'égard des femmes.
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En quoi consiste ta mission sur le terrain d’aventures ?

Chloé Thibert : J’accueille les enfants dans un espace qui leur appartient et qui a été aménagé et organisé pour susciter l’envie de jouer et de créer, et je suis garante de leur sécurité. Dès l’accueil, c’est ça que l’équipe leur dit et ce qu’ils retiennent. C’est : « On peut faire ce qu’on veut ! » Ensuite, on leur explique que tout le monde peut utiliser les outils, à condition de passer son permis. Ça met tout le monde au même niveau, filles ou garçons. Et c’est une bonne façon de permettre aussi aux filles de s’autoriser à aller vers ces activités.

Penses-tu que le fait d’être une femme sur un terrain d’aventures aide à lutter contre les stéréotypes genrés ?

Chloé Thibert : Je l’espère et l’observe parfois. Je pense que c’est inspirant tant pour les filles que pour les garçons de voir une femme bricoler et être en responsabilité. En voyant une femme scier, clouer, aider à construire une cabane, les filles s’autorisent à le faire et se sentiront plus tard à la fois compétentes et légitimes pour prendre en main une perceuse ou une scie et piloter un chantier. Pour les garçons, c’est la même chose, ça évite de reproduire ces évidences qui font du bricolage une attribution spécifiquement masculine.

T’est-il arrivé de rencontrer des difficultés en tant que femme et animatrice encadrante ?

Chloé Thibert : Pas avec les plus jeunes qui sont habitués à me voir faire. Avec les pères, ça se passe plutôt bien aussi même si parfois ils ne voient pas pourquoi ils devraient passer leur permis de bricolage, comme si, du fait qu’ils sont des hommes, ils sauraient naturellement y faire. C’est plus compliqué avec certains adolescents qui viennent chercher l’ombre sur le terrain d’aventures mais n’en attendent pas grand- chose. J’ai parfois du mal à me faire entendre, ils acceptent difficilement que ce soit une femme qui remette le cadre. J’ai alors besoin du soutien des membres de l’équipe pour assoir ma parole et me donner du poids. Je trouve cela dommage mais j’ai bon espoir que les plus jeunes une fois grands auront une attitude moins stéréotypée à l’égard des femmes.

A retrouver dans la revue VEN #590

Liberté, éducation, terrains d'aventures
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