Les vacances apprenantes presque comme avant !

Qu’on se le dise ! On peut offrir des vacances apprenantes aux enfants sans changer grand-chose au fonctionnement habituel des séjours. La commune de Seclin dans le département du Nord a relevé le défi avec brio. Et le dispositif a offert à de nombreux enfants un premier départ.
Média secondaire

Entretien avec Dorothée Boulogne
Directrice du service « Enfance, Jeunesse, Insertion » de la ville de Seclin dans le département du Nord.

Dorothée, par ailleurs trésorière de l’association Nationale des Ceméa France, et vice-présidente CEMEA Nord Pas de Calais  possède une maîtrise en sciences de l’éducation, a basculé dans son côté obscur (elle le dit avec humour), qu’on dit populaire, en passant un DEFA puis en dirigeant un Foyer de Jeunes Travailleurs et un centre social, avant de rentrer en 2002 dans le monde de la Fonction Publique Territoriale.

Yakamédia : Comment la municipalité gère-t-elle l’organisation des vacances collectives ?

D.B : Depuis longtemps, la commune a choisi d’être organisatrice de ses centres de loisirs (il y en a cinq) qui chacun a sa propre tranche d’âge et accueille des enfants de tous les quartiers (les parents râlent quand ils habitent loin, mais ils n’ont pas le choix). Nous défendons ainsi la mixité géographique, c’est pour nous une condition sine qua non pour favoriser la mixité sociale.

À noter que la municipalité (à droite) élue cet été n’a pas remis en cause le projet de la précédente (communiste). Nous allons prochainement écrire un nouveau projet éducatif avec les élu.e.s concerné.e.s. Nous organisons également un séjour de vacances en juillet et avons en août un partenariat avec des prestataires que nous avons choisis avec soin (PEP et Planète aventure). En effet dans l’appel d’offre, nous demandons que le côté éducatif soit mis en avant. Nous pensons de toute manière que nos colos sont de fait apprenantes. Nous nous donnons depuis presque 20 ans les moyens pour cela.

Yakamédia : Pour quels centres avez-vous rejoint le dispositif « vacances apprenantes »

D.B : seulement pour le séjour de vacances, en effet en ce qui concerne les accueils de loisirs nous avons décidé de ne pas rentrer dans le dispositif, surtout parce que le matin il était stipulé qu’il fallait faire classe, nous n’avions aucune envie d’inviter l’école dans les vacances.

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Yakamédia : Alors, comment avez-vous organisé votre séjour pour d’une manière visible lui donner une coloration « apprenante » ?

D.B : À vrai dire, nous n’avons pas changé grand-chose à nos habitudes dans le quotidien du centre. C’est plutôt à la lisière que nous avons travaillé. En effet, lors de la réunion des parents (toutes les familles étaient présentes) nous avons pris soin d’insister sur la place et le sens des activités et des projets éducatif, pédagogique et de fonctionnement dans le mécanisme des apprentissages.

Nous avons précisé les domaines dans lesquels ils étaient les plus prégnants (sociaux, autonomie, découverte, prise de décisions mais aussi plus scolaires, sans oublier les temps informels qui concourent aux apprentissages). L’aspect ludique a été mis en avant ainsi que la complémentarité des temps de loisirs avec l’école. Il y avait une activité sportive et de découverte par jour.

L’équipe d’animation (dont les membres étaient majoritairement nouveaux et nouvelles) a suivi une formation et même si on aurait aimé aller plus loin et mieux la préparer encore (mais entre l’annonce officielle du dispositif et le début du séjour il s’est passé trop peu de temps). Y a été abordée principalement la question des compétences développées dans l’agir de telle ou telle activité.

Yakamédia : Y avait-il des enseignant.e.s dans l’équipe ?

D.B : Non, nous n’en avons pas ressenti la nécessité ; nous avons préféré permettre aux animateurs et animatrices de prendre conscience de la part des apprentissages dans l’animation et les différents projets d’activité. Pour cela nous nous sommes servis du document* établi par le secteur école des Ceméa

Yakamédia : Quelles sont les principaux bénéfices du concept ?

D.B : Tout d’abord cela a permis pour de nombreux enfants le premier départ ( la ville participant pour moitié au prix de la colo et le dispositif « colo apprenante » finançant une grande partie du séjour ), et puis favorisé la mixité du public. Enfin, les parents étaient au retour très satisfaits de ce qui s’est vécu dans le séjour.

Yakamédia : Qu’en tirez-vous comme perspectives ?

D.B : Cela nous a encouragés à poursuivre sur notre lancée. L’important étant que les enfants partent. Il faut et nous y tenons que nous nous souvenions que ce sont avant tout des vacances et qu’il est essentiel de répondre aux besoins et aux désirs des enfants. Mais même si le public n’a pas les mêmes envies il n’en reste pas moins que les séjours de vacances sont des lieux où les apprentissages se conjuguent à tous les modes.
Il ne nous déplairait pas que ce dispositif se perpétue.


 

* Ce document de travail démontre que les Accueils Collectifs de Mineur.e.s (ou toutes autres activités hors les murs de l’institution scolaire dès lors qu’elles sont menées dans un souci éducatif) développent un grand nombre de connaissances et de compétences que l’école cherche à faire acquérir aux enfants et aux jeunes