L’apprentissage de la prise de décision collective

Discours, votes, consensus mais aussi lobbying autour d'un verre, les aventurier·e·s de l'organisation s'essayent à faire vivre leurs valeurs jusque dans les détails où le diable se niche
Média secondaire

Le festival Du Bruit Dans l’Arène est une construction collective. Or, partir d’une page blanche pour dessiner un festival, dans sa programmation, son aménagement, ses lignes budgétaires etc., nécessite pour chacun et chacune qui s’y implique, de faire des choix, d’argumenter et de savoir renoncer. L’apprentissage de la prise de décision à plusieurs est central dans l’expérience du festival Du Bruit Dans l’Arène. Cela en fait, en mon sens, un puissant terrain d’éducation politique. En effet, tout dans ce festival devient prétexte et sujet au débat : le choix des boissons au bar, l’affiche, les artistes programmés, le prix, la régie technique… Discours, vote, consensus… tous les procédés démocratiques sont bons pour aboutir à une décision commune, y compris lorsqu’il s’agit de s’aventurer dans les coulisses les plus obscures du pouvoir, avec le lobbying d’après réunion autour d’un verre, par exemple.

Ainsi, le festival Du Bruit Dans l’Arène s’est doté d’une programmation artistique choisie collectivement, par des amateur∙rice∙s principalement. Au sein des pôles Spectacles Musicaux et Spectacle Non Musicaux, les bénévoles se réunissent en début d’année et proposent des artistes qu’ils∙elles affectionnent particulièrement. Par la suite, le groupe discute et se met d’accord. Simple, me diriez-vous. Toutefois, tout se complique quand vient la décision finale et qu’il faut alors trancher entre le groupe qui a bercé l’enfance d’untel, la fanfare du grand-oncle au troisième degré d’un∙e autre, ou le super spectacle vu par un∙e dernier∙e cet été. De manière générale, trouver des critères pour choisir entre plusieurs goûts et expériences artistiques singulières, par essence sensorielles et subjectives, n’est pas chose aisée. Cela revient même, parfois, à vouloir faire entrer des carrés dans des ronds.

Alors on invente, on bricole, on bidouille. On fixe des critères : la mixité, l’engagement politique des artistes, la diversité de la programmation. On crée des grilles de notation et on remplit les cases par des chiffres, pour aboutir à un classement. Puis, au moment de choisir : on doute.