Jardin partagé dans un Institut régional du travail social

Quand habitant·es et étudiant·es font lien !
Qu'est-ce qu'un jardin partagé ? le site partageonslesjardins.fr en donne cette définition : « Jardins conçus, gérés, et animés collectivement ayant pour objet de développer les liens sociaux de proximité par le biais d’activités sociales, éducatives et étant accessibles au public. »
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Au cœur d’Hérouville Saint-Clair dans le Calvados, coincé entre des usines, un collège, ainsi qu’un lycée, il existe, à l’intérieur même de l’enceinte de l’Institut Régional du Travail Social, un petit havre de paix, un jardin partagé agro écologique. Ce dernier, lieu de rencontres, d’apprentissages, de récoltes, ou encore de flâneries diverses et variées, est né en 2010 dans le cadre des stages techniques impliquant des étudiants en formation d’éducateur spécialisé. Dans un contexte où la précarité ne cesse de s’aggraver, le lancement sur l’agglomération entre 2009 et 2011 d’une recherche-action portant sur la question de l’entraide alimentaire, ainsi qu’en parallèle l’émergence de jardins partagés, va favoriser la naissance de ce projet.

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Ce dernier a « pour origine la volonté de l’institution de s’impliquer dans la recherche de solutions face à la précarité alimentaire, co-construites avec les acteurs du territoire. », aussi, « La philosophie du jardin partagé de l’IRTS s’inscrit dans l’idée de cohésion, de lien social et du vivre ensemble, et ce, par la mise en perspective de l’agro-écologie, notamment.
Par ailleurs, l’IRTS promeut une forme de pédagogie active, pour laquelle le jardin partagé joue un rôle de lieu d’apprentissage et de rencontres dans une démarche de l’ « aller vers », et ainsi ancrer l’expérience au cœur de l’apprentissage. » 2
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Alors, il n’est pas rare de croiser dans ce jardin étudiants, formateurs, salariés de l’institution, ou par moments quelques habitants des environs, une quinzaine d’entre eux sont regroupés en association.

Le jardin partagé en centre de formation : une relation éducative dans la rencontre

Chacun peut s’en emparer à sa manière, du moment que c’est respectueux de l’autre, de la nature, du vivant dans son ensemble. Des étudiants peuvent y travailler en autonomie ou avec la présence d’un formateur, des contenus de formation peuvent y être donnés, sur un sujet qui n’est pas forcément en lien avec le jardin, juste pour profiter de cet espace.

À d’autres moments, on peut y jouer, par exemple lors des semaines de médiations éducatives, ou encore à l’initiative d’un étudiant ou d’un formateur. C’est également un espace où les étudiants peuvent se réunir, se reposer, se restaurer, et lorsque les beaux jours arrivent, on y croise toujours du monde. Il n’est pas rare non plus d’apercevoir des habitants s’affairer à l’entretien et à la vie du jardin. Lorsque nous travaillons dans une institution, on peut par moment avoir l’impression de connaître tout le monde, d’avoir fait le tour, ce qui est moins vrai lorsqu’on travaille dans un centre de formation où il y a bon nombre d’étudiants, et ça l’est encore moins lorsque l’on croise régulièrement de nouvelles personnes qui de prime abord n’ont rien à faire là, les membres de l’association qui pour la plupart vivent sur la commune.

Et, outre la recherche de solutions face à la précarité alimentaire et pour consommer autrement, un des enjeux de ces jardins partagés est bien là, développer les liens sociaux. Alors nous pouvons faire le parallèle ici avec la pensée de Marpeau lorsqu’il évoque la relation éducative, dans la rencontre « […] il y a de l’inopiné, de l’inattendu, de la surprise ». Il ajoute que cette rencontre « […] introduit à un dialogue, à un croisement d’histoires, à une confrontation de visions du monde, de logiques, de modes de pensée et d’existence différents. » 3

Ainsi, en rencontrant l’autre, nous nous ouvrons au monde, on comprend ce dernier un peu plus, on se l’approprie, on y fait sa place. Pourtant, il y a encore du travail à faire de ce côté-là, un des objectifs dans ce jardin est de davantage favoriser la rencontre entre les habitants et les étudiants. Pour ce faire, de nouvelles initiatives venant enrichir cet espace sont réfléchies et bienvenues.

En 2018, lors des stages techniques, des éducateurs en formation ont créé une parcelle pour les habitants, favorisant ainsi davantage leur implication et leur présence. Puis, en 2022, une petite mare est venue enrichir cet espace, alimentée par les eaux de pluie, on y voit déjà la vie s’y développer. Nouvelle source d’attraction pour les amoureux de la nature, mais pas que ! Lieu inspirant peut-être chez certains, donnant l’envie de s’approprier encore un peu plus cet endroit, d’y faire naître de nouvelles choses, de nouveaux projets. Ce qui favorise encore les échanges et les rencontres humaines !

Crédit Photo : Jerôme Lateurtre et IRTS de Caen

Notes

  1. http://partageonslesjardins.fr
  2. Projet « Jardin Partagé » de l’IRTS

  3. Marpeau, J. (2013, p. 83).Le processus de création dans le travail éducatif. Erès.