LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

Le triangle pédagogique - Entretien

Olivia Gault est formatrice référante régionale BPJEPS aux Ceméa Pays de la Loire. Entretien sur l'utilisation du triangle pédagogique en formation.
Média secondaire

En tant que formatrice pour adultes, à quoi te sert le triangle pédagogique ? 

Il m’aide à prendre une décision à l’instant T. La pédagogie est à mon sens une équation permanente à résoudre, une situation qui met en tension et oblige à se requestionner sans cesse, quand on prépare une session, courte ou longue, ou quand une situation nous déséquilibre. Cette théorie m’aide à me poser les bonnes questions en tant que pédagogue sans rester figée sur des recettes toutes prêtes : faut-il privilégier la relation entre l’enseignant et le stagiaire ? Entre le stagiaire et le contenu ? Ou entre l’enseignant et le contenu ? 

 

En quoi cette théorie t’aide-t-elle à faire des choix pédagogiques ?

Elle aide surtout à faire des choix en conscience, à prendre des décisions en ayant en tête les enjeux de la situation pédagogique qu’a théorisée Jean Houssaye : quelles que soient les situations, il existe toujours trois pôles et trois segments qui ne sont pas tous équivalents et ceux-ci doivent tous, à un moment ou à un autre de la formation, être mobilisés pour permettre aux élèves ou stagiaires d’accéder à un contenu de formation, de se l’approprier et d’en faire un levier pour grandir.

Et, à chaque fois, cela suppose de renoncer, d’accepter de mettre un des pôles “à la place du mort” : l’enseignant, le contenu ou le stagiaire. Cela me semble important de s’en rendre compte, de faire ce choix en sachant ce que l’on est en train de faire. Cela aide aussi à mieux vivre cette tension et à prendre conscience que, dans nos métiers, il faudra toujours trancher entre des choses contradictoires. 

 

Peux-tu donner un exemple ? 

Les pédagogues de l’Éducation nouvelle sont par exemple très concentrés sur la relation entre le formateur ou la formatrice et les apprenants ainsi que sur la façon dont ils vont pouvoir développer leur autonomie dans la relation au savoir. Quand je travaille sur de longues séquences notamment, comme pour un BPJEPS, j’ai en tête qu’en Éducation nouvelle le risque est de mettre trop souvent le savoir “à la place du mort”. En avoir conscience me permet de veiller à diversifier mes choix sur la durée de la formation. Cela oblige aussi à rester en veille sur l’évolution de la recherche pédagogique et à revisiter régulièrement les fondamentaux : quels textes ai-je envie de présenter, de faire travailler à mes stagiaires ?