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L'homme désincarné

Découvrir ce livre de la philosophe Sylviane Agacinski, au moment du débat sur la loi bio éthique. Un texte qui décape les idées toutes faites ou pas sur l’égalité des sexes, sur la liberté et le droit, sur la filiation et sur la maîtrise de la nature par l’homme.
Média secondaire

L’homme désincarné

Sylviane Agacinski

Essai philosophique, coll. « Tract », n°7, Gallimard, 2019

 

C’est un petit texte format 10x18 posé près de la caisse en librairie, acheté au moment de prendre le train cet été sans même le feuilleter, simplement sur le nom de la philosophe mais c’est un texte qui m’a retourné au point de le lire en plusieurs fois – les paragraphes sont numérotés pour mieux revenir dessus - et de le relire. Au moment du débat sur la loi bio éthique - le débat sur la PMA pour toutes - ce texte décape les idées toutes faites ou pas sur l’égalité des sexes, sur la liberté et le droit, sur la filiation et sur la maîtrise de la nature par l’homme.

Son sous-titre «Du corps charnel au corps fabriqué» invite à réfléchir au productivisme étendu à la vie elle-même. La question de la GPA est bien sûre largement abordée et combattue par l’autrice comme produit du libéralisme absolu émanant de la Californie et de ses lobbys ; la thèse de la philosophe étant de poser le choix entre deux visions de la liberté s’offrant à nos sociétés ; celle de la doctrine ultralibérale qui la définit par le consentement et celle issue des droits de l’homme qui définit la liberté par ce que les lois permettent.

L’autrice, féministe et engagée, démontre combien la « location d’un ventre » est encore une fois une exploitation sexiste ; ce qu’elle démontre avec force arguments empruntés à la prostitution et au combat contre les violences faites aux femmes. Truffée de références juridiques, mais aussi d’articles de recherches et de citations philosophiques, ce texte pose la distinction entre origines et parents. Elle soumet une idée très intéressante - et à transcrire en loi – pour les enfants nés par don d’ovocytes sur la possibilité pour ces derniers de consulter les intentions des donneurs qui l’auraient fait connaître par un écrit ; ce qui permettrait de répondre aux demandes actuelles et futures de ces derniers devant l’anonymat. Et cette proposition serait valable aussi pour les PMA à venir ainsi que pour les adoptions. Se replonger dans une lecture philosophique est quand même parfois nécessaire, j’avais tendance à l’avoir oublié.

Vers l'Education nouvelle (n°576, octobre 2019)

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