Permettre aux personnes qui participent de donner leur avis sans avoir à prendre la parole, c’est la particularité de cette technique.
Décryptage de l'outil "la rivière du doute"
Une technique qui peut être mise en place selon différentes variantes appelées parfois “le "fil”, le “jeu de la ligne” ou le “débat mouvant”.
Le débat mouvant s’utilise d’ailleurs aussi facilement avec les petits, qui ne sont pas encore en âge de conceptualiser, qu’avec les adultes. Pour autant, l’intérêt de cette technique ne s’arrête pas là.
Elle fait grandir chez celles et ceux qui participent à la capacité d’interroger leur point de vue en écoutant celui des autres, permet d’expérimenter le doute et d’en faire une étape nécessaire de la réflexion.
Discours de la méthode
Concrètement, la personne en charge de l’animation désigne dans l’espace des zones “d’accord” ou “pas d’accord”. Ou encore au milieu, ni pour ni contre, selon les objectifs. Par exemple : « les jeunes ne s’engagent plus » ou « à l’école on est tous égaux. » L’espace doit être clairement délimité à gauche et à droite de la rivière.Il y a alors trois temps importants.
D’abord, je me positionne physiquement pour ou contre. Ensuite, je construis un argument en groupe de trois ou quatre du même avis. Enfin, l’animateur donne la parole à chaque groupe pour un échange d’arguments et convaincre l’autre côté. Un débat s’enclenche, qui peut être émaillé d’affirmations clivantes, lesquelles aident à leur tour à préciser les argumentaires et les positionnements de chacun et chacune.
Pour clôturer la séance, il est intéressant de synthétiser ensemble les échanges, de faire ressortir les points saillants émis pendant le débat afin que chaque personne puisse poursuivre l’élaboration de sa propre opinion et cheminer dans sa pensée.
Durant tout ce temps, la personne qui conduit l’animation veille à ce que la parole se répartisse bien et, durant la formation, elle pourra réinvestir les arguments issus de la réflexion du groupe à d’autres moments. Au-delà de ce résultat immédiat, souvent associé à un moment collectif agréable, il est important aussi de prendre le temps d’expliciter le sens de cette méthode d’éducation populaire :
en réunissant ces conditions pour débattre, on permet à chacun et chacune de participer en évitant les rapports de domination, de donner son avis sans avoir à prendre la parole en grand groupe, mais aussi de changer d’avis et de douter. Loin des simplifications et des caricatures, on rend possible une expérience réflexive, contradictoire, où il est possible de dialoguer. À égalité.
Points de vigilance
Comment faire pour que cette activité reste une démarche d’éducation populaire et pas seulement un outil de méthode active ? La personne en charge de la menée de ce temps doit préparer soigneusement les affirmations. Pour que le jeu reste dynamique et soit bien lisible, elle utilisera des phrases simples, des termes non équivoques et si possible des affirmations clivantes.
Il est aussi important qu’elle tienne son rôle de meneur de jeu, qu’elle ne donne pas son point de vue, qu’elle régule la parole et gère le temps en évitant notamment des ping-pong verbaux entre quelques personnes. L’objectif n’est pas de trouver un consensus. Il est de favoriser l’expression, la capacité à réfléchir à son propre positionnement, à suspendre son jugement, à écouter les autres et à se positionner.