Au propre comme au propre

Que seraient les merveilleuses aventures vécues en centre de vacances sans ce qui en assure la continuité : les temps de vie quotidienne ; et parmi ceux-ci tout ce qui touche à l’hygiène en général et à la toilette en particulier ? Ce sont des moments d’activité comme les autres.
Média secondaire

En centre de vacances la question de l’hygiène est un sujet qui court tout au long de la journée et demande à l’équipe une attention particulière et de tous les instants .

Quelle prise en compte de la réalité de chaque enfant dans son droit à bénéficier d’une hygiène propre à lui offrir une sécurité affective, physique et morale satisfaisante ?

Comment faire en sorte que chaque enfant soit respecté·e dans son intégrité, dans ses exigences d’intimité et de respect de sa pudeur, dans ce qu’exigent sa culture familiale, sa facilité ou sa difficulté à vivre au sein d’un groupe une hygiène qui le verra progresser dans l’apprivoisement de gestes nouveaux sans révolutionner ses habitudes ni menacer son équilibre, à la conquête d’une autonomie dans sa gestion de tout ce qui a trait à l’hygiène ?

La prise en compte de l’hygiène en collectivité

En collectivité, les enfants doivent peu à peu apprivoiser un fonctionnement, des règles qui peuvent venir bousculer ce qui avait constitué pour eux ou elles l’unique manière d’agir jusqu’à présent.

En respectant et leur intégrité et leur culture familiale, sans aucun jugement ni violence ni maltraitance involontaires. Facile à dire et peut-être moins simple à appliquer sur le terrain.

En effet un·e enfant chez lui·elle au sein de sa famille bénéficie de repères qui favorisent et facilitent l’effectuation de toute une série de gestuelles, de conduites, de postures qui deviennent à mesure qu’il·elle grandit des habitudes, ancrées dans ce qu’il·elle vit à la maison, fruit d’une culture revendiquée ou pas. Le corps est une merveilleuse machine, mais ce qui la constitue a besoin d’attention  en permanence et tous les jours pour son enveloppe et ses recoins (parties génitales, aisselles, ongles, doigts de pied, oreilles, cheveux). Cela ne s’invente pas, il faut immanquablement passer une période d’apprentissage qui n’a peut-être pas encore commencé chez certain·es enfants.. L’acquisition de la manière d’agir peut prendre du temps et demande de l’entraînement. Tout cela participe d’une prévention santé que les séjours de vacances se doivent de mettre en pratique. L’éducation à la propreté c’est aussi l’affaire de l’animation. N’en déplaise à ceux et celles qui pensent que c’est exclusivement le rôle des parents !

Et d’abord c’est quoi se tenir propre, c’est quoi être propre ? À partir de quand je décide que je suis propre, à partir de quand mes pairs décident que je le suis, à partir de quand tous·tes les autres me considèrent comme tel·le ? L’inconscient collectif est tenace et redoutable quand il ostracise celui et celle qui n’est pas comme les autres. Et le résultat n’est pas toujours à la hauteur du temps passé à se bichonner. Un·e tel·le va passer une heure à se laver, se préparer et apparaître comme négligé·e, un·e autre ne se lave pas et son aspect est impeccable. Cela ne s’explique pas. Mais la vue, l’odorat sont impitoyables quant à l’évaluation du résultat.

En collectivité, quel est le niveau de propreté à atteindre pour que celle-ci puisse vivre en harmonie et pleinement ?

Prenons le temps d’aller voir ce qui se passe en séjour de vacances.

Cemea

Le corps à l’épreuve de l’eau et des détergents

L’idée actuelle qu’il n’est pas si recommandé que ça de se laver tous les jours commence à circuler et à interroger des pratiques que la modernité et le fleurissement des salles de bains high tech ont encouragées depuis la fin des trente glorieuses. En centre de vacances il paraîtrait de bon ton de s’en tenir aux habitudes de chaque enfant si celles-ci garantissaient qu’il ou elle se sente bien, ait une réponse personnelle et satisfaisante à ses besoins et désirs profonds ; comment s’assurer de cela quand beaucoup d’enfants vivent des situations de carence ? La notion de propreté n’est pas perçue de la même manière dans toutes les familles et même au sein d’une même famille il y a de belles différences. Du coup de gant à toute vitesse une fois par jour jusqu’au décrassage systématique matin et soir, toutes les situations existent. En centre de vacances il est important que chacun·e puisse se sentir bien dans son corps et dans sa tête mais les contraintes qu’impose la collectivité obligent bien souvent à globaliser un fonctionnement, à instituer des règles collectives qui noient les individus et ne leur permettent pas de vivre la déclinaison de l’hygiène comme ils le souhaiteraient.

La collectivité impose des règles qui réduisent immanquablement la possibilité de vivre individuellement son rapport à l’hygiène en toute sécurité affective, respectant sa pudeur, son intimité. Mais elles permettent d’assurer un minimum de bien-être pour chacun·e.

Pour cela il est nécessaire d’être à l’écoute et dans l’observation pour prendre en compte et apporter une réponse satisfaisante aux besoins repérés, une solution aux difficultés qui se font jour. veiller au grain quant à la gestion des peurs, des pudeurs liées à l’histoire de chacun·e. Tout ceci afin d’assurer une sécurité affective maximale pour chaque enfant. Si ce n’est pas le cas, il ne sera pas possible pour les enfants de vivre pleinement leur séjour et plus particulièrement les temps consacrés à l’hygiène, où beaucoup de choses se jouent.

La vie en collectivité contraint (et pour une contrainte c’est une contrainte) les enfants à se soucier de leur apparence, de leur propreté, de leur tenue vestimentaire mais il·elle·s ne sont nullement à égalité, victimes de leur appartenance à une culture, une famille, des habitudes de vie, des choix de leurs ascendant·es. Et cette différence doit être prise en compte pour assurer une équité réelle dans l’approche qu’on aura avec chaque enfant pour qu’il·elle parvienne à se réaliser au milieu des autres tout en n’étant pas à leurs yeux un sujet de rejet.

À part si les activités nécessitent une douche réparatrice, on peut peut-être se dire qu’une toilette de chat le matin ça suffit, ou un débarbouillage vite fait et réserver la douche seulement si les salissures et la sueur sont au rendez-vous. Et il y a fort à parier qu’elles y seront. Il n’y a pas de règle drastique qui oblige un enfant à se laver tous les jours, juste une règle de bon sens qui veut que chacun·e se sente bien dans son corps avant tout, il est bon de se laver lorsqu’on est sale et que cette saleté est susceptible d’influer sur les relations avec les autres. Il y a un vrai débat à avoir en équipe d’animation à ce sujet ; dans les temps de préparation la définition des objectifs permettra de fixer un cahiers des charges clair et circonstancié et d’instaurer un fonctionnement qui prendra en compte l’unicité de chacun·e et les exigences liées aux valeurs portées et défendues, ainsi que d’en  assumer la responsabilité.

L’usage du gant de toilette n’a plus le vent en poupe, celui du savon pose question, le matériel et les produits utilisés varient énormément. Le gant de toilette est un nid à microbes, mais alors comment se laver sans, directement avec les mains et le savon, avec une brosse ? Et il faut éviter les cotons tige pour se nettoyer les oreilles, ils ne servent qu’à pousser le cérumen tout au fond. Alors que ce bâtonnet figure dans toutes les salles de bain par boîtes entières. De même il n’y a rien de meilleur qu’un bon savon de Marseille pour se décrasser ! Bien des familles rivalisent de précaution et d’originalité pour glisser dans les trousses de toilette une kyrielle de produits tous plus clinquants et odorants que les autres. S’il faut respecter ce choix en ceci qu’il est un lien indéfectible avec la maison et les parents, il apparaît qu’un lot de savons neutres peut offrir une alternative à saisir.

Prendre soin de son apparence, sentir bon, être bien dans son corps, le centre de vacances doit pouvoir en offrir aux enfants l’occasion.

Une question reste néanmoins posée : est-ce vraiment nécessaire que les enfants soient soumis·es  à cette cohorte de règles draconiennes certes louables mais qui en collectivité alourdissent considérablement le quotidien de tous et toutes. ? Et surtout est-on certain du bien-fondé de ce pensum ? Interrogation provocante certes mais pas totalement dénuée de légitimité.

Le lavage des mains au cours de la journée

Il semble que par rapport à cet acte d’hygiène le bât blesse, en effet très souvent ce réflexe, qui devrait animer chaque personne dès qu’il y a geste susceptible d’entraîner des souillures, est oublié et même parfois volontairement, par souci de gagner du temps. Dans la situation sanitaire où nous nous trouvons cette attention paraît pour le moins à automatiser. Mais les locaux et l’infrastructure favorisent ou ne facilitent pas cela. De même le lavage prolongé des mains après un passage aux toilettes passe trop souvent sous les fourches caudines de l’oubli ou d’une décision sciemment réfléchie afin de profiter pleinement des moments d’activité. La systématisation du nettoyage manuel n’est pas encore pour bien des enfants une règle unanimement suivie. Comment travailler cet aspect des choses sans passer pour le·la redresseur·euse de tort de service, mais bien plutôt en faisant preuve d’une pédagogie non coercitive ?

Cela passe inévitablement par une prise de conscience de chacun·e des enfants mais demande une dextérité éducative de haut vol. En centre de vacances on ne peut souvent qu’amorcer la mécanique (le mécanisme). Et ici encore les installations favoriseront ou freineront l’appropriation de gestes amenés à devenir automatiques. Le volontarisme de l’équipe d’animation, et au sein de celle-ci des animateurs et animatrices, joue pour beaucoup dans l’acquisition de ces réflexes, qui lorsqu’ils sont acquis deviennent systématiques.

Cemea
Le brossage des dents

Cela semble quelque chose de bien implanté, des gestes répétés deux ou trois fois dans la journée, une habitude qu’on n’oublie pas. Mais c’est une vue de l’esprit, ce serait oublier que dans des familles ce rituel n’existe pas. Que l’habitude n’est pas dans les mœurs et que la brosse à dents n’est pas forcément dans toutes les salles de bains. L’état de la denture des enfants tient parfois d’un Waterloo hygiénique ou tout du moins d’un champ de bataille. Il est la résultante d’une politique sanitaire déplorable où souvent les familles sont livrées à elles-mêmes et ne savent vers qui se tourner, et cela s’ajoute aux difficultés financières devenues rédhibitoires quant au suivi de la bonne santé des enfants. Le dentiste n’est souvent qu’une chimère ou un fantôme pour bien des gamin·es. Le centre de vacances permet à chaque enfant d’être en situation de se laver les dents après chaque repas. En veillant à ce que chacun·e puisse bénéficier d’une brosse à dents et d’une pâte dentifrice l’équipe d’animation participera modestement à l’éducation sanitaire. Il est nécessaire également d’être dans une posture d’apprentissage, sans tomber dans du didactisme, mais plutôt par des biais ludiques. Il faut d’autre part veiller à ce que l’enfant sache où poser son gobelet, sa brosse et son dentifrice. Ce temps de vie quotidienne est aussi une activité à part entière.  Souvent ça ne dure pas assez longtemps et la technique de brossage échappe à beaucoup. Se bien brosser les dents c’est tout un art !

Cemea
Le temps de la douche, une épopée

Dans ce domaine, il y a deux écoles bien distinctes, les partisans de la douche où le corps reçoit l’eau et ceux et celles du bain où c’est le corps qui va à l’eau. Les deux  permettent de jouer différemment et c’est bien l’essentiel. Ce temps qui revient chaque jour doit être un véritable temps d’activités où le besoin de se laver doit se couler dans le plaisir de  le vivre. Mais cela ne signifie aucunement que la partie propreté doive être escamotée, apprendre à se laver ça fait partie de l’éducation. Ce n’est pas inné (comme peu de choses d’ailleurs). Beaucoup d’enfants sont loin d’être autonomes quand il s’agit de faire leur toilette, l’équipe d’animation doit veiller à ce que peu à peu chacun·e soit en capacité de se frotter là où il le faut, de s’essuyer et de mettre la serviette à sécher. Peu à peu il·elles sont en situation d’acquérir leur autonomie quand il s’agit de se laver.

Lors des séances de douche, ce qui est difficile à gérer ce sont souvent les allées et venues des enfants qui courent, se précipitent, chahutent, n’osent pas se déshabiller ou au contraire se trimballent tous·tes nu·es dans les couloirs. Et le mélange des habits, secs/mouillés/propres/sales dans un mic-mac magma où une chatte n’y retrouverait pas ses petits. La gestion du linge est souvent un casse-tête insoluble pour l’équipe d’animation et plus particulièrement pour de jeunes animateur·trices. Souvent ceux·celles-ci ne s’occupent pas de leur propre linge, aussi avoir la charge de gérer celui d’un groupe d’enfants  peut relever d’une mission impossible. L’équipe de direction doit accompagner ces moments-là, quitte à être présente lors des temps de douche.

D’autre part, savoir se laver les parties intimes, s’essuyer correctement et partout, ne pas oublier les endroits du corps qui ne demandent qu’à l’être (aisselles, doigts de pied, ongles…), tout cela relève d’un apprentissage, qui n’a peut-être pas encore démarré chez certain·es enfants. Sans aller jusqu’à faire à la place, ce qui relèverait de  l’ intrusion équivoque, il est nécessaire de faire preuve d’un tact, d’une pédagogie adaptée à chacun·e et même parfois de fermeté lorsque les réticences dépassent les bornes et conduisent à ce que la toilette ne soit pas effectuée. Mais on marche sur des œufs, en effet chaque enfant a son histoire, chaque enfant est le fruit de celle-ci, chaque enfant a ses peurs, ses inhibitions, l’envie de s’exhiber, et tout ceci parfois peut se trouver aux antipodes de nos objectifs et de nos règles en termes d’hygiène.

L’équité encore une fois n’est pas l’égalité. Et si un·e enfant ne se lave pas un jour et que cet oubli ou ce refus n’interfère pas dans la qualité de ce qu’il vit, de ses relations avec les autres, est-ce si grave ?

Tout ce qui touche au corps engage fortement, implique jusqu’à la gêne, de l’inhibition jusqu’à la désinhibition, il est du devoir des adultes (qui vivent souvent les mêmes contradictions) de ne pas moquer une pudibonderie extrême ou de ne pas censurer ex nihilo des attitudes susceptibles de choquer d’autres enfants.

La gestion matérielle, une compétence éducative

pour que ce temps de grande toilette puisse se dérouler dans les meilleures conditions possibles cela passe nécessairement par un aménagement mûrement réfléchi et qui permet d’étendre sa serviette de toilette pour qu’elle sèche le mieux possible, qui met à disposition de chaque enfant des casiers pour ranger sa trousse de toilette et des bassines pour les plus petit·es, comme jadis, des petits objets flottants, de quoi s’asperger, et surtout des douches qui fonctionnent, avec de l’eau chaude pour tous·tes, et avec un système pas trop complexe du côté du mitigeur. Des caillebotis antidérapants pour éviter les glissades, dangereuses ennemies, un espace pour se sécher les cheveux au calme  et les coiffer… Des grandes bassines pour le linge sale, et un endroit sec et spacieux pour le linge propre à récupérer, en veillant à si possible que les chemins ne se croisent pas[1]. Habituer les enfants à reconnaître le sale du propre, à savoir quand mettre le sale dans la corbeille de linge à laver, les sous-vêtements dès qu’ils ont été portés, d’autres habits seulement lorsqu’il·elle estime qu’ils sont sales, les derniers (anorak, casquette, gants…) peut-être jamais pendant le séjour. Apprendre à ne pas mettre en tas les vêtements salis , à ne pas les oublier, à ne pas laisser du linge mouillé traîner un peu partout, à aérer les chaussures, à toujours mettre des chaussettes, c’est le lot des équipes d’animation. Tout cela participe d’une prévention santé que les séjours de vacances se doivent de mettre en pratique.

Se faire beau·belle, un souci quotidien

Dans les centres de vacances aujourd’hui il n’est pas rare que les équipes installent un coin beauté, où il est loisible pour les enfants qui le souhaitent de se faire des coiffures, de se maquiller légèrement, de se vernir les ongles. Et contrairement à ce que la pensée genrée pourrait laisser croire il y a pas mal de garçons qui fréquentent ce lieu. L’infirmerie, si elle dispose d’espaces suffisants, peut parfois se transformer en salon de coiffure, en salon de beauté, juste après la douche. Ce versant de l’hygiène étant un temps d’animation à part entière et surtout pas une dérive de zèle. Offrir aux enfants l’occasion de prendre soin d’eux·elles fait partie des objectifs mais aussi des activités possibles dans le quotidien des séjours de vacances. Installer un espace consacré à celles-ci où chacun·e pourra en toute sécurité et sans jugement donner libre cours à leur imagination, prendre des initiatives, peut favoriser une prise en compte libérée d’envies jusque là tuées dans l’oeuf. L’accompagnement par un adulte semble préférable afin que (comme pour d’autres activités) ce coin ne devienne pas un chantier. Dompter et transformer sa chevelure, se mettre une légère touche de khôl, quelques gouttes de parfum, voilà un menu qui indéniablement doit être proposé aux enfants.

Un détour insolite par les temps de repos

De la nuit...

Cela peut paraître étonnant de s’intéresser à l’objet repos sous toutes les coutures mais ça fait aussi partie de l’hygiène, ça participe du bien-être et du soin apporté au corps et à l’esprit, les conditions de couchage, l’état de la literie, des draps, la propreté de la chambre, le change en cas d’énurésie ou d’autres incidents nocturnes. Douche automatique ou juste une petite toilette quand l’équipe d’encadrement en aura le temps ? Ou le short/pantalon  garni toute la matinée sans qu’un adulte ne s’en formalise (situation navrante mais observée).

Comment s’assurer que chaque enfant pourra en temps et en heure bénéficier de toute l’attention voulue ? Ce n’est pas un problème de faire pipi au lit ou de maculer sa culotte si on sait que tout de suite on pourra se laver, puis se rechanger et que le linge souillé passera illico à la machine.

Comment garantir pour chaque enfant la certitude d’un strict respect de son corps, de sa propreté, de son bien-être, de sa sécurité, de son intimité ? Inévitablement il y a la question de la tenue de nuit. Peut-on  garder sa culotte ou son slip ? Peut-on dormir nu·e ? Il faudra batailler souvent pour que le sous-vêtement du jour ne reste pas celui de la nuit comme d’autres vêtements portés la journée. Et chaque enfant a des usages différents. 

Cela passe par un soin tout particulier apporté au fonctionnement et par une réflexion poussée sur la place des adultes dans la gestion de ces temps informels où parfois des situations problèmes ne sont pas repérées et donc pas solutionnées au moment voulu.

Cemea

...à l’éveil

Le lever individualisé offre pour chaque enfant (quel que soit son rythme de sommeil) la possibilité de débuter sa journée quand il·elle le veut (rester au lit, traînasser, ou bondir hors de celui-ci dès son réveil), de s’habiller ou pas (venir s’attabler en pyjama ce peut être sympa). Et beaucoup de choses se jouent au niveau de la santé dès le lever. Se réveiller en plein sommeil paradoxal annonce très souvent une journée (c’est là qu’on parle de l’expression :  « se lever du pied gauche ») difficile voire galère. Et question hygiène souvent la petite toilette du matin passe à l’as, et on s’habille à la hâte, on arrive pour déjeuner les cheveux en pétard et on a la tête dans les fesses.

Peu importe l’ordre dans lequel se passent les gestes de s’habiller, se laver, déjeuner. Les enfants n’ont pas les mêmes habitudes, l’organisation choisie doit pouvoir laisser à chacun·e le soin de choisir comment il·elle décide d’agir, et ce ne sera pas forcément la même chose chaque jour. Mais pour que cela soit possible cela demande une parfaite organisation du fonctionnement du lever du petit déjeuner et de la matinée.

Au cours des repas, L’hygiène à toutes les sauces

Ici aussi le rapport à l’hygiène peut paraître lointain mais se nourrir participe aussi du processus de soin, dans ce qui est proposé lors des repas mais aussi dans la façon qu’a chaque enfant de se nourrir. Gros mangeurs, petit estomac, fin gourmets ou gourmands compulsifs, boulimiques ou refusant la nourriture, sujet·tes  aux fringales, à l’hypoglycémie, chacun·e doit pouvoir s’y retrouver sans être stigmatisé·e aucunement. Les habitudes alimentaires sont tenaces et marquent l’esprit et le corps, elles ont du mal à s’effacer, à être remplacées, elle participent d’une résistance qui préserve une culture familiale, familière au détriment du désir d’un inconnu qui s’annonce. Au cours d’un séjour, des découvertes seront possibles, une tentative d’inversement des tendances peut-être mais 15 jours ne suffiront pas  à détruire un édifice qui a mis de longues années à se construire. Et ce n’est pas l’objectif. Apprendre à bien se nourrir, tout le monde est d’accord avec cet objectif-là mais c’est sur le mot « bien » que les gens s’empoignent. La santé d’un enfant passe aussi par l’équilibre dans les aliments qu’il·elle ingurgite et la qualité de ce qu’il·elle avale, mais il semble aussi que les conditions dans lesquelles se déroulent les repas jouent sur celle-ci. Et en centre de vacances la notion d’hygiène avant, pendant et après le repas est particulièrement à soigner. Organisation du lavage des mains, lors du passage aux toilettes notamment. Sans parler du brossage des dents. Tout ceci relève d’un parcours du·de la combattant·e et il est difficile pour l’équipe d’animation de s’assurer que tous ces gestes soient exécutés sans faillir. Cela s’apparente à une véritable gymnastique sanitaire.

La gestion du linge, un acte d’éducation

Permettre aux enfants de choisir eux·elles-mêmes leur tenue pour la journée ou la matinée, ou l’heure qui vient est un formidable pas vers l’autonomie en termes d’habillement et vers l’affirmation d’une personnalité, sous réserve qu’il·elles puissent avoir un choix.  Il faut absolument veiller à ce que chaque enfant puisse disposer d’habits propres et lavés pour démarrer la journée.

Il y a aussi l’adaptation de la tenue au temps qu’il fait, d’aucun·es s’habillent trop chaudement, oublie le k-way quand il pleut et la casquette lorsque le soleil plombe. Et c’est la croix et la bannière pour la crème solaire. Apprendre à se vêtir fait partie de la tâche qui incombe à l’équipe d’animation. Il n’est pas rare de voir des enfants avec un anorak fermé sous un chaud soleil et une température caniculaire. Avant de leur sauter dessus et de lui intimer l’ordre d’enlever ce vêtement sur le champ il est bon de vérifier ce qu’il porte en dessous, de s’assurer qu’il·elle a autre chose à mettre, puis de tenter de comprendre la raison profonde de cet état de fait. Et le respect du linge dans la manière d’en prendre soin est un objet à travailler avec les enfants. Le pyjama roulé en boule, les sous-vêtements oubliés au fond d’un sac et dans celui-ci le sandwich du premier jour, une casquette oubliée dans le champ d’à côté, l’accumulation des habits en un tas infâme, tout ceci traduit une non prise en compte de la part de l’équipe d’animation d’un aspect de l’hygiène, qui n’est pourtant aucunement annexe.

Après ce tour d’horizon qui se veut le plus complet possible, il apparaît que la notion d’hygiène et la manière dont elle est gérée dans les séjours d’enfants en vacances sont des objectifs capitaux qui facilitent et favorisent une vie collective de qualité où chaque enfant pourra en toutes sécurités apprécier son séjour en étant bien dans son corps et dans sa tête.

Et ça vaut le coup de s’y pencher avec toute l’attention requise !