LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

J'peux sortir ?

Aller aux toilettes… un besoin physiologique et fondamental, mais qui est également porteur d’enjeux sociaux, d’autonomie et de relation au corps
« Il fallait y aller quand c’était le moment ! » Qui n’a pas entendu cette réflexion qui touche à l’absurde.
Média secondaire

Si un enfant n’est pas allé aux toilettes pendant la récréation, c’est qu’il n’en a pas ressenti le besoin. « Avant d’avoir envie, il n’avait pas envie… », une Lapalissade qui renvoie l’adulte à ses incohérences et à ses peurs. Serait-ce que le besoin d’excrétion est considéré par les adultes comme un prétexte des enfants pour s’affranchir de l’activité ou du travail ? La réticence de certains adultes à cette forme de liberté ne traduirait-elle pas une inquiétude sur leur capacité à intéresser les enfants ? Pourtant, et c’est prouvé, les enseignants qui laissent les élèves libres de pouvoir sortir en cas de besoin ne constatent pas d’abus.

Que ce soit dans un cadre d’animation ou d’enseignement, l’obligation d’excrétion sur commande amène un rapport au corps insidieux. La particularité du mot « envie » est qu’il désigne à la fois un désir et un besoin organique. Si proposer des moments réguliers où les enfants peuvent aller aux toilettes leur permet d’apprendre à gérer et anticiper des situations, la contrainte, le « faire sur demande », entre dans une autre logique. On n’est plus à l’écoute de son corps, mais on le force, on l’oblige. Le terme « lieux d’aisance » désignait autrefois les toilettes. Cette locution désuète avait le mérite de mettre en avant le bien-être. A l’arrivée des enfants dans un centre de vacances, les équipes d’animation savent bien qu’il y a des endroits à présenter prioritairement pour rassurer : la chambre, le lit… Et les toilettes !

Les cabinets ont souvent une image négative liée la saleté et à l’animalité de l’humain. Pourtant ces lieux sont essentiels dans la qualité des apprentissages et le bon fonctionnement des activités proposées aux enfants.

Le terme « lieux d’aisance » désignait autrefois les toilettes. Cette locution désuète avait le mérite de mettre en avant le bien-être. A l’arrivée des enfants dans un centre de vacances, les équipes d’animation savent bien qu’il y a des endroits à présenter prioritairement pour rassurer : la chambre, le lit… Et les toilettes ! La sécurité affective liée à ce lieu spécifique passe aussi par la qualité des locaux et leur entretien. On entend régulièrement des témoignages d’enfants se retenant parce que les portes ne ferment pas, qu’il n’y a pas de papier, que c’est sale, qu’ils ne se sentent pas en sécurité… Des raisons qui les amènent à passer des moments difficiles, qui ne leur permettent pas de s’investir dans les activités proposées, puisqu’ils cherchent simplement à se contrôler pour éviter un « accident ». La possibilité d’aller sereinement aux toilettes en cas de besoin contribue à créer un climat serein et de confiance pour mieux apprendre. Et si les besoins organiques des enfants étaient considérés à leur juste valeur et entraient dans la réflexion éducative ?

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parues dans la revue Vers l'Education Nouvelle
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