Un an d'avance

Les apprentissages d’un enfant sont multiples, avec des progressions différentes. Que peut donc bien vouloir dire « être en avance » ?
Média secondaire
BD un an d'avance

 

Ne pas perdre son temps à l’école, avec l’affirmation sous-entendue de la supériorité de l’enfant, c’est souvent l’argument qui est utilisé pour justifier le fait de « sauter une classe ».

Les enfants commencent à parler plus ou moins tôt. Il y en a qui observent et mentalisent, d’autres ont d’avantage besoin de manipuler. Dès leur plus jeune âge, ils peuvent éprouver de l’intérêt pour des activités très différentes, être passionnés d’histoires, de musique, de nature, de baignade, de livres, de construction… Les progressions et les apprentissages sont multiples.

Pourtant l’école officialise le fait d’être « en avance ». Mais en avance sur quoi ? Les éléments pris en compte sont majoritairement des compétences techniques. Quand un enfant sait déjà déchiffrer, cela l’amène souvent directement de la maternelle au CE1. Dans les classes, les enseignants voient régulièrement des enfants ayant « un an d’avance ». Si certains élèves vivent ce décalage temporel tout à fait sereinement et au long cours, d’autres peuvent être mis en difficultés par cette année d’avance, que ce soit durant leur scolarité primaire, secondaire ou plus tard. Parfois, il leur est reproché leur manque de maturité, ce qui est paradoxal et cynique. Ces différentes situations doivent amener à éviter les certitudes, les affirmations, et à remettre au centre de l’équation la vie et les réalités de l’enfant. La question qui se pose souvent lorsqu’il est question de passage anticipé est celle de la dysharmonie des apprentissages. On peut être très performant en lecture et plus en difficultés en maths, dans l’écrit en général ou par rapport à d’autres compétences. Ce qui n’est pas étonnant, lorsque l’on sait qu’apprendre n’est pas forcément un parcours linéaire.

Le risque de s’ennuyer est l’argument massue, régulièrement employé pour justifier les passages anticipés. Mais, il nous renvoie à d’autres réflexions sur la gestion de la classe. Que propose-t-on aux enfants ayant terminé un travail avant les autres ? Si ces élèves peuvent utiliser ce temps d’autonomie pour écrire des histoires, de la poésie, préparer des exposés, faire des recherches qui les intéressent, utiliser des logiciels, lire (parfois même des ouvrages bilingues), dessiner, aider les autres... s’ennuient-ils ? Perdent-ils leur temps ? Et si la vraie question était : est-ce l’enfant qui n’est pas adapté à la classe ou le fonctionnement de la classe qui n’est pas adapté à la diversité des enfants ?

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