Les cinq phases d’un apprentissage scolaire

On peut dire que le schéma d'un apprentissage de type scolaire de fait le plus souvent dans une succession de phases: sensibilisation, re-mémorisation, théorisation, application, réinvestissement dont la première et la dernière se vivent habituellement hors de l'école.
Média secondaire

Aujourd’hui, il est très rare qu’un enseignant débute un cours sans procéder préalablement à un inventaire des connaissances, des expériences et/ou des représentations que ses élèves ont du thème, du sujet ou du concept abordé. Or, ces connaissances, expériences ou représentations ne proviennent que rarement du vécu scolaire antérieur, mais elles font appel à ce que les élèves ont rencontré hors de l’école, dans ce que je serais tenté d’appeler (qu’on me pardonne...) la vraie vie. On peut dire que le schéma d’un apprentissage de type scolaire se fait, le plus souvent, selon les cinq phases successives suivantes.

Dans une première phase, l’enfant, le futur apprenant, rencontre, à l’occasion d’une circonstance quelconque de sa vie (promenade en forêt, spectacle de théâtre ou de foire, émission de radio ou de télévision...), un objet, une situation, une formulation, une représentation... qui fera, un jour (quand ?), l’objet d’un apprentissage scolaire. Au cours de cette phase de sensibilisation, de rencontre, de familiarisation ou de découverte, l’apprenant ne sait pas encore qu’il entre dans un processus d’apprentissage. Il ne sait même pas qu’il ne sait pas. À l’occasion de cette rencontre, il est bien évident qu’on ne lui donne pas une leçon. Les adultes qui l’entourent se contentent d’attirer son attention sur le phénomène rencontré et observé. Durant cette première phase, on moissonne pour l’école, on prépare ce qui se fera à l’école.

Après un nécessaire temps de latence, d’oubli, dont il est impossible d’évaluer la durée, survient une deuxième phase, que l’on pourrait appeler de re-mémorisation ou de manipulations, au cours de laquelle le maître (car on est alors en classe) fait ressurgir, rassemble et ordonne ces diverses expériences antérieures pour en faire émerger des questions qui vont constituer l’objet de la leçon.

La troisième phase est une phase de théorisation. À partir des données recueillies au cours de la phase précédente, l’enseignant va élaborer ou, mieux, faire élaborer par ses élèves – la loi, la règle ou le théorème, selon la discipline concernée.

Une quatrième phase doit suivre immédiatement, celle des exercices d’application, au cours de laquelle le maître vérifie que tous les élèves sont en mesure d’appliquer dans tous les cas la loi, la règle ou le théorème. En effet, il ne suffit ni d’avoir compris les explications du maître, ni de savoir réciter la loi, la règle ou le théorème, il faut être capable de les appliquer.

Mais ceci est encore insuffisant. L’enseignant ne sait vraiment que ses élèves savent que lorsqu’ils sont capables, plus tard, dans une cinquième phase, de réinvestir spontanément dans une tâche globale - scolaire ou non - les notions ainsi acquises.

Pour bien comprendre ce mécanisme, des exemples, des illustrations seraient nécessaires. Mais qu’il nous suffise, ici, de savoir que, si les trois phases centrales sont généralement du domaine exclusif de l’école, la première (qui permet à l’enfant de trouver du sens à l’école) et la cinquième (qui fait que l’école donnera du sens à sa vie) se vivent, le plus souvent, hors de l’école.


Article paru dans la revue "Les actes le lecture" n° 83

Pour aller plus loin...

« Accompagner la scolarité des enfants » Gérard CATELLANI – Actes sud junior éducation – 2000 - 140 pages