Psychiatrie et interventions sociales : le collectif pour porter le sens de l'action

Educateur spécialisé, cadre éducatif, et directeur national adjoint en charge du pôle santé psychiatrie et interventions sociales à l’association nationale des Cémea, David Ryboloviecz livre ses réflexions sur les actions sociales menées en marge des institutions.
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Un projet politique

Agir dans le champ de l’éducation, de la santé, de la psychiatrie ou de l’intervention sociale, ne serait-ce pas avant tout porter un projet politique ? Quand nous rencontrons des acteur·rices engagé·es dans le champ de l’intervention sociale, que ce soit en France ou dans d’autres pays européens (Belgique, Italie, etc.), cela se confirme de manière forte !

Peut-on agir uniquement avec une casquette de technicien·ne ? (Même si cela n’a rien de péjoratif.) Chacun·e de ceux et celles qui agissent dans des collectifs, des associations d’éducation permanente/populaire, en santé mentale, nous parle sans cesse de politique, quand ils·elles parlent de leurs actions. Parler de politique, c’est parler de sens de l’action, de principes qui la guide et de finalités : pourquoi on agit ?

Par exemple, le projet TAMO porté par les Ceméa en Pays de la Loire est un lieu d’accueil des jeunes exilé·es dans un espace sécurisé dédié, permettant la détente, la rencontre et l’échange. Loin d’un espace de gestion administrative des situations, il s’agit ici de défendre un projet de lutte contre l’isolement, de lutte contre les discriminations.

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Des actions sociales et collectives porteuses de sens

Ici et là, chacun·e nous parle de protection, d’hospitalité, de justice sociale, de reconnaissance et d’émancipation, de psychiatrie démocratique et humaniste. C’est à dire une éthique de l’action, une volonté de se battre au quotidien pour que chacun·e, qu’il·elle soit en situation de précarité, en souffrance psychique, ou encore victime de violence, trouve une place et ne soit vu·e comme un “symptôme sur jambes”, mais bien une femme ou un homme avec ses douleurs, et également des idées, des envies, des sensibilités, des compétences. La toile de fond des éducateur·rices, animateur·rices, artistes, c’est bien ce projet de société.

L’action de Ekschize Compagnie, basée à Liège en Belgique regroupe des écrivain·es, lecteur·rices, atteints de troubles psychiques. Ils et elles se réunissent chaque semaine dans le sous-sol d’une librairie libertaire. Il s’agit ici de reprendre une place dans la citée en n’étant pas réduit à ses troubles.

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Le collectif comme ressource

Pour parvenir et porter des actions collectivement, il s’agit pourtant de ne pas s’essouffler, en étant confronté·e seul·e, à des lourdeurs administratives, des limites budgétaires, etc. Le collectif, le groupement, le réseau prend ici tout son sens. Un collectif pour porter un projet, se ressourcer, trouver les interstices qui permettent de tordre le cadre ! En quelque sorte résister et ne pas rester dans la plainte en tentant des propositions politiques au service d’une démocratie vivante ! On est toujours plus fort·es et plus intelligibles à plusieurs, pour aller à la rencontre des pouvoirs publics pour redire encore et encore que tout est avant tout politique !

Légende photo 1 : Ceméa Pays de la Loire
Légende photo 2 : Ekschize compagnie
Légende photo 3 : Ceméa Pays de la Loire

Sur les actions sociales et collectives