L’avenir est à l’animation, dans les clubs du 3ème âge

Et si les clubs du 3è âge dans leur forme actuelle avaient fait leur temps et s’éteignaient sans que personne ne s’en soucie ? Une autre façon d’en concevoir l’organisation, qui verra ouvrir les portes aux animateur·trice, semble être une piste à initier pour un nouvel élan.
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Média secondaire

Crédit photo : Vlad Sargu sur Unsplash

 

Chasse gardée, pré carré d’une poignée de nantis·e·s, ce type d’associations qui fleurissaient dans les années 90 et 2000 semble sur le point de déclarer forfait, de voir l’époque sonner leur hallali. Il faut dire que leur gouvernance flirtait avec une oligarchie qui ne disait pas son nom et qui en verrouillait les objectifs et le fonctionnement. L’avenir est peut-être à une autre conception qui verra ouvrir les portes aux animateurs et animatrices.

Ces clubs, considérés par nombre de personnes comme une aubaine, comme un havre d’occasions relationnelles, comme un rempart à l’isolement, semblent aujourd’hui, sinon dépassés, tout du moins au bord de la crise. De plus, leur gouvernance laisse à désirer, elle est trop souvent confisquée par des ex notables qui font de ces organisations leur jouet et décident de tout pour tous et toutes (sous le couvert d’une démocratie de pacotille).

Ce qui me surprend par exemple c’est la trêve d’été ; les clubs ferment le plus souvent début juin et ne rouvrent que fin septembre, ce qui signifie une fermeture qui dure 1/3 de l’année et qui prive les adhérent·e·s d’activités estivales et de convivialité commensale (le goûter y prend une place prépondérante) pendant quatre mois, alors que les dirigeants se la coulent douce dans leur résidence secondaire de la côte d’azur ou de l’océan.

Prendre son mal en patience

Il ne reste aux autres vieux et vieilles qu’à s’ennuyer et à se débrouiller pour passer ce long temps vacant. Le terme de vacance est pour cette situation particulièrement bien approprié. Il y a là la négation du respect des autres et l’affichage d’une gérontoligarchie qui domine et décide du sort de ses sujets au bon vouloir de sa docte caste. Le bel objectif initial qui a prévalu à la naissance de ces associations : « rompre l’isolement » est battu en brèche. Et la belle idée s’efface avec le mensonge.

 

 

Cemea

Autre grief à ces lieux de villégiature d’intérieur, les dérives claniques excluantes, voire sectaires des usagé.gères. Il faut quelques mois voire des années pour gagner une place à la belote ou au tarot, en attendant on est condamné à tricoter dans son coin ou à jouer aux dominos avec les reclus·e·s, ou même parfois au scrabble tout·e seul·e.

Il faut attendre une maladie opportune ou la mort d’un·e des joueur.euses pour que la place se libère. Et ainsi de suite, la roue tourne…Bonjour l’allégresse !

Ces lieux s’apparentent à une jungle et suivent les règles du copinage, du bon vouloir et de l’adoubement des rois lions et des reines lionnes envers leurs vassaux, leurs vassales.

Et si l'animation était la solution

Il manque cruellement d’animation, telle que nous la concevons. Certes, quelqu’un vient pour faire chanter, ou jouer de l’accordéon, mais personne ne songe à ce que chaque personne trouve son compte et une réponse à ses besoins. Et c’est dans la logique des choses, en effet nul·le n’est formé·e pour animer, ce n’est le métier de personne dans ce cénacle.

 

Crédit photo : Stéphane Juban sur Unsplash

Il me semble qu’une des solutions pour que ces lieux de vie sociale fonctionnent toute l’année et en meilleure harmonie c’est peut-être que des animateur·trice fassent leur entrée dans le beau concert de ces clubs privés où le vase clos, le huis-clos même est de rigueur et règne en maître et où l’animation comme nous la défendons a un pouls très très bas, ou même reste lettre morte.

Il y a sans conteste une aventure à initier, une page à écrire. Mais sans doute va-t-il falloir prendre une forteresse avant de proposer une évolution puis d’installer une autre logique dans ces lieux gangrenés par une soif du pouvoir qui ne s’affiche certes pas mais qui est loin de se tarir.

La fin d'une époque, le début d'une autre

Les clubs (sous cette forme) ont vécu, ont vieilli et ne correspondent sans doute plus à la réalité du monde des vieux·ieilles. L’éducation populaire a quelque chose à y faire, il semble qu’elle ait déserté trop longtemps ce type d’organisations. Et puis qu’est-ce qui nous dit que les vieux·vieilles ont envie d’être entre eux·elles ? L’avenir est aux phalanstères, aux lieux de vie ouverts aux personnes de tout âge.

Il est nécessaire d’y réfléchir en profondeur. Les personnes âgées n’ont jamais fait savoir (ou peut-être si, mais c’est une infime minorité) qu’elles voulaient absolument se retrouver avec des personnes du même âge. Bien au contraire, elles se plaignent très souvent que les vieux et vieilles ce sont les autres. L’animation a tout à gagner d’une autre architecture des relations, qui bouleverse les schémas établis par le diktat de l’économie libérale et de la rentabilité au mépris de la prise en compte réelle des besoins de chacun et de chacune.