LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

Et si l’animation en EHPAD c’était avant tout une histoire de relations

L’animation c’est aussi l’histoire d’une rencontre entre l’animateurice et la personne concernée. Avec les personnes âgées, l’institution d’une dynamique de relation est un gage de qualité et souvent de réussite.
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Média secondaire

D’après une conférence du Professeur Pélicier

Les personnes âgées ont besoin de communiquer, avec les autres vieux et vieilles, avec les personnels des institutions (soignants, administratifs et techniques), leur famille et avec les personnes en charge de l’animation. La communication passe par un soin tout particulier apporté à qualité des relations instituées. Il s’agit de relations professionnelles qui instaurent un climat de confiance nécessaire au bien-être et au bon déroulement des instants d’animation.

Quel que soit l’état de santé de la personne, la relation est une composante primordiale du quotidien de chacun·e. L’animation contribue, en offrant des occasions de faire ensemble de se parler de créer, au maintien d’un corpus de moments relationnels nécessaires au vécu d’une vieillesse trop souvent contrainte à la solitude.


 

Un animateur, investi ou non du titre, est avant tout un incitateur de l'expression personnelle des autres. Il est celui qui assume la responsabilité d'exprimer son désir d'une action en la proposant aux autres. Il suscite chez eux une prise de conscience de leurs vrais désirs (par opposition aux faux désirs — habitudes sociales, appris). La rencontre entre jeunes et personnes âgées devrait de fait être quotidienne et non mise en scène

Les jeunes (pas encore productifs) et les vieux (qui ne le sont plus désormais) se trouvent hors du champ de la production. Ils se rencontrent dans le cadre d'occupations non lucratives et du plaisir direct de « faire » ce qu'ils ont choisi pour le plaisir.

Il s'agit d'un temps de rencontre basé sur une « collaboration effective » dans le sens d'un projet commun à concrétiser. Quelle meilleure façon pour les aînés d'être utiles et de se réinsérer dans la société que  de confirmer aux jeunes leurs racines et de réhabiliter la notion et le terme de « vieux », qui ne sont (contrairement à ce qu’on croit) aucunement péjoratifs.

Si la sénescence est inévitable, son évolution peut être ralentie ; quant à la sénilité, elle peut être totalement évitée. Il est indispensable de mobiliser des moyens d'ordre relationnel, destinés à revaloriser la personne à ses propres yeux et aux yeux de ceux qui lui renvoient son image. 

L’animation contribue à améliorer la qualité de la vie des personnes âgées en hébergement collectif.

L'animation peut être le moteur d'une certaine qualité de relations humaines : elle permet d'établir ou de rétablir le contact de personne à personne, et de personne à groupe et à la société.

L'animation joue un rôle à l'intérieur de la personne, en favorisant la (re)mise en contact avec soi-même, c est-à-dire la relation avec soi-même : il en résultera pour chacun la prise de conscience des vrais désirs.

Le vrai sens est : activité de choix, avec le corollaire « choix de faire ou de ne pas faire quelque chose ou quoi que ce soit » alors que l'on pense qu'il s'agit de moyens pour tuer le temps, de bouche-trou.

Ouvrir des portes n'est pas forcément une invite et ne crée en aucun cas l'obligation d'entrer ; il importe seulement d'ouvrir le plus grand nombre de portes possibles dans les domaines les plus variés. Proposer, c'est informer dans la perspective d'un choix possible. Il faut que les gens puissent entrer, se rendre compte, essayer et sortir librement s'ils en ont envie.

Le personnel redécouvrira que, hormis des « activités », l'animation passe par tout ce qui fait appel à l'un des cinq sens.

Rapporter du marché un bouquet de fines herbes et demander à la cantonade « qui peut me dire si ceci est du cerfeuil ou de la coriandre ? »... c'est de l'animation.

Poser une balle de caoutchouc mousse de couleur vive dans la main d'une grabataire aveugle et lui dire : « la balle est rouge ; avez-vous senti comme elle est douce ? »c’est de l'animation.

Animer , c’est peut-être aussi célébrer, exalter la vie tant qu'il y en a, et la vivre pleinement. Cela demande une production incessante et multiforme de stimuli à la communication et au maintien en éveil du désir.

Le but est de favoriser les rencontres dans le sens plein du terme avec d'autres personnes avec lesquelles il y a des affinités, afin d'établir puis de consolider avec elles des relations de qualité.

Les conditionnements sociaux enlèvent spontanéité et authenticité ; nous pouvons accompagner à les retrouver en rendant possible le respect des droits de chacun à l'expression personnelle qui, l'expérience le prouve, se manifeste spontanément dans l’exercice d’une activité artisanale ou d’une pratique artistique.

Dressés au perfectionnisme, chacun s’autocensure dans ses moyens d'expression et reste bloqué devant les occasions d'expression qui lui sont offertes.

Le souci de perfectionnisme sévit tout particulièrement chez les plus de cinquante ans.

Que de fois, voyons-nous dans les ateliers, des résidents, lors d'une première visite, regarder d'un œil gourmand crayons, pinceaux, terre à modeler, et les entendons dire : « je ne suis bon à rien, ce n'est même pas la peine d'essayer ».

Le travail d’animation demande une recherche d'éléments pouvant faciliter une transition qui intervient dans le déroulement d'une vie : celle qui s'opère entre la période du début de la retraite, où la personne vit pleinement une « 3è vie » et le moment où elle ne peut plus faire face seule aux contraintes que lui impose l'usure de notre organisme, et à celles qui naissent d'une autre usure, celle de son milieu (arrêt de l'activité professionnelle, décès du conjoint...).
Cette « usure du milieu » se traduit essentiellement par une carence relationnelle de la « capacité d'arbitrer et de négocier avec les contraintes ».
C'est généralement à ce moment que s'impose l'entrée du sujet en établissement.

Avec comme signes possibles la survenue de troubles de démence sénile.