Entropy

Un jeu de pions britannique, où le chaos s’oppose à l’ordre
Média secondaire

Entropy, édité en 1979 par Skirrid (Figure 1), se pratique à deux joueurs : l’un d’eux est appelé « Chaos », l’autre « Ordre ». Chaos pioche des pions dans un sac et les pose sur le tablier en essayant de perturber l’objectif du joueur Ordre qui cherche à établir des palindromes de couleurs : ici, un palindrome est une suite de pions, en ligne ou en colonne qui reste identique quand on la lit dans un sens ou dans son sens opposé, telles les combinaisons : « rouge-rouge » ; « rouge-vert-rouge » ; « rouge-vert-bleu-vert-rouge ». Un tour de jeu est donc composé de deux actions différentes : la pose d’un pion par Chaos puis le déplacement éventuel d’un pion par Ordre. En raison de cette dissymétrie, une partie se joue en deux manches avec changement de rôle.

ÉQUIPEMENT

Le jeu est composé d’un tablier de 25 cases (5 x 5), de 25 pions répartis en cinq couleurs différentes (rouge, grise, verte, bleue, orange) et d’un sac opaque dans lequel les pions sont stockés pour former la pioche.

SITUATION INITIALE

Le tablier est vide et les pions sont dans le sac opaque à la disposition du joueur qui représente le chaos.

BUT DU JEU

L’objectif pour Chaos est de créer le maximum de difficultés à Ordre dont le but est d’obtenir le meilleur score possible en construisant des palindromes de couleurs. (Figure 2). Ordre compte à son actif tous les palindromes qu’il a réalisés avec deux, trois, quatre ou cinq pions. Le même pion peut être compté à plusieurs reprises quand il intervient dans plusieurs palindromes.

figures 1 et 2

DÉROULEMENT DU JEU

Ordre et Chaos jouent à tour de rôle. En début de partie Chaos retire au hasard un pion dans le sac puis il le pose sur la case de son choix. Ensuite, Ordre peut éventuellement déplacer ce pion s’il considère qu’il est mal placé pour développer sa tactique. Chaos pose ensuite un nouveau pion, etc. En cours de partie, Ordre, à son tour de jeu, peut déplacer horizontalement ou verticalement par glissement n'importe quel pion déjà en place sur le tablier, d'un nombre quelconque de cases. Les cases traversées et celle d’arrivée doivent être libres ; les sauts et les changements de directions ne sont pas permis.

Un tour de jeu commence par l’action de Chaos qui ne peut pas passer son tour. Il doit sortir un pion du sac au hasard pour le poser sur n'importe quelle case libre du tablier, en essayant d’entraver le plus possible la tactique du joueur Ordre. Quand Chaos a posé son pion, Ordre peut choisir de ne pas effectuer de déplacement. (Figure 3). En déplaçant un pion ou non, Ordre cherche à obtenir le maximum de combinaisons de type palindrome. Un pion peut appartenir simultanément à plusieurs palindromes sur une ligne et sur une colonne ; il compte alors pour un point dans chacun des palindromes où il intervient. Quand tous les pions sont posés sur le tablier, le joueur Ordre compte deux sommes de points (la première sur les lignes et la seconde sur les colonnes) qu'il additionne pour obtenir son score (Figure 4). Les joueurs peuvent alors commencer la deuxième manche avec une inversion des rôles : le joueur-Chaos devient joueur-Ordre et inversement. Le gagnant est celui qui obtient le meilleur score après ces deux manches.

 

figures 3 et 4

COMMENTAIRES

Le fonctionnement d'Entropy est original et ne semble pas avoir d'équivalent dans le monde des jeux de pions. Le nom du jeu est particulièrement bien choisi : l'un des joueurs cherche à créer le chaos et son adversaire l'ordre. Le score est calculé sur la prestation du joueur qui essaie d'établir l'ordre : c'est bien pensé puisque « l'entropie d'un système caractérise son degré de désordre ». Plus le chaos se développe et plus l’ordre est difficile à établir. Contrairement à la notion d’entropie, celle de palindrome est courante dans les jeux, en particulier avec des lettres ; le mot « kayak » en est un exemple connu.

Le jeu Entropy, édité au Royaume-Uni en 1979 par Skirrid International, fut inventé par le mathématicien et informaticien britannique Eric Solomon en 1977. Par la suite, ce jeu a été réédité plusieurs fois sous des noms différents : Vis-à-Vis (1981) par Selchow & Righter (États-Unis) ; Hyle (1990) et Hyle7 (2000) par Franjos (Allemagne). Hyle7 se joue sur un tablier carré de 49 cases avec 7 couleurs de pions. La version (7x7) d’Entropy a été retenue par les organisateurs du Mind Sports Olympiad, une compétition qui se déroule tous les ans au Royaume-Uni depuis 1997. Entropy est un jeu très apprécié à ce festival international.


Les Cahiers de l'Animation (n° 91, juillet 2015)