Lutter contre les discriminations, un enjeu de tous les jours (éducateurs)
Image par Ohmydearlife de Pixabay
Ce parcours a été réalisé par Alice Chisin, avec en compléments, des ressources des Ceméa, d’Amnesty International, de l’association Le Crayon et le soutien du ministère de la Culture (Secrétariat général / Service de la coordination des politiques culturelles et de l’innovation) et la DILCRAH.
Introduction
Tous les êtres humains, naissent libres et égaux en dignité et en droits. C’est du moins un principe énoncé dans l’article 1 de la déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée en 1948, ainsi que la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989. Encore souvent, ce principe d’égalité n’est pas respecté partout dans le monde.
Bien que des progrès importants aient été réalisés au fil des ans, nos sociétés demeurent en proie à la discrimination, au racisme, à l’homophobie, à la xénophobie, et aux inégalités. Chaque jour des millions d’hommes et de femmes subissent toutes sortes de discriminations, liées à leurs origines ethniques, religieuses, leurs orientations sexuelles, leurs genres,… Considérés comme différents par certains, ils sont privés de droits fondamentaux.
Lorsqu’un individu est traité de manière différente du fait de sa différence par rapport à un autre individu, il s’agit d’une discrimination. La discrimination peut prendre place à l’école, dans la rue, chez soi, dans le sport, au travail, sur internet…
Aujourd’hui, les discours haineux ou discriminants se multiplient sur les réseaux sociaux. Pour prévenir la diffusion de ces propos et empêcher leur propagation, il est nécessaire de déconstruire les stéréotypes et les préjugés qui en sont à l’origine. Toutes acteurs éducatifs, se doit aujourd’hui d’accompagner les jeunes à lutter contre les discriminations.
Ce parcours rassemble diverses ressources et des propositions d’utilisation pour un usage pédagogique.
La lutte contre la discrimination peut s’ancrer dans les enseignements disciplinaires suivants : l’enseignement moral et civique, l’histoire, le sport…
Il accompagne un autre parcours en ligne que vous pouvez proposer à des jeunes, pour une consultation individuelle ou dans la perspective d’une préparation à un travail coopératif : « lutter contre les discriminations, ça s’apprend ! »
Trois domaines se questionnent en parallèle :
- La discrimination, de quoi parle-t-on ? Que nous apprend l’Histoire ?
- Qu’en est-il de la lutte contre les discriminations dans le monde ? Sommes-nous tous égaux ?
- Peut-on tout dire sur les réseaux sociaux numériques ?
I- Identifier les discriminations - quelques définitions
Qu’est-ce qu’une discrimination ?
Discriminer, étymologiquement en latin, signifie « séparer, diviser, distinguer. »
En France, sur le plan juridique, « constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de leur patronyme, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs mœurs, de leur orientation sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. Une discrimination peut aussi toucher une personne morale. » → Article 225-1 du Code pénal
En d’autres termes, c’est le traitement injuste ou inégal de personnes en raison de ce qu’elles sont ou de leurs convictions. La discrimination touche tout le monde, les femmes et les minorités ethniques ou sexuelles étant les plus touchées.
La discrimination peut prendre diverses formes :
- La discrimination directe : est le fait de traiter une personne de manière moins favorable qu’une autre ne l’est, ne l’a été ou ne le serait dans une situation comparable, en raison d’une caractéristique qui est protégée par la loi. C’est par exemple le cas si la candidature d’une personne à un emploi est refusée en raison de sa couleur de peau.
- La discrimination indirecte : est une pratique, un critère, une mesure ou encore une politique qui en apparence est neutre mais qui, en réalité, désavantage les membres d’un groupe protégé. Par exemple, si les animaux sont interdits dans un café, cela signifie qu’une personne malvoyante accompagnée d’un chien d’assistance ne peut pas y avoir accès non plus.
- La discrimination systémique : découle de la reconnaissance de l’existence de déséquilibres socio-économiques ou d’inégalités qui sont historiquement présentes dans nos sociétés. Les discriminations sont donc constituées par les processus qui produisent et reproduisent les places sociales inégalitaires en fonction de l’appartenance à une « classe sociale », « un sexe » ou « une origine », cette appartenance pouvant être réelle ou supposée. Par exemple, le contrôle de faciès, contrôle d’identité fondé sur des caractéristiques physiques associées à l’origine de la personne qu’elle soit réelle ou supposée.
Le droit de ne pas être discriminé en raison de sa race, de son origine ethnique ou de sa couleur de peau est inscrit dans l’article 2 de la déclaration universelle des droits de l’Homme.
Il est également inscrit dans d’autres textes internationaux relatifs aux droits humains, tels que dans la convention européenne des droits de l’homme (article 14) ou dans la convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (article 5).
Discriminer une personne, c’est la « distinguer des autres », le plus souvent, de manière négative. La loi française reconnaît une vingtaine de critères de discrimination, tels que l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle, la nationalité,…
Ces ressources peuvent faciliter, l’appropriation des principales idées et messages définissant ce qu’est une discrimination. Elles peuvent être utilisée ensemble ou séparément en choisissant l'une des narrations qui vous semblerait la plus adaptée en fonction de votre public.
≈ Suggestion de consigne 1 : Notez en équipe, les messages clés de la ou des vidéos "C’est quoi la discrimination ?"
≈ Suggestion de consigne 2 : Utilisation de la méthode « Métaplan », permettant d’aborder un sujet de façon ludique et exhaustive :
- Inscrire la question au tableau : C’est quoi la discrimination ?
- Distribuer des post-it et feutres, puis inviter les élèves à répondre à la question, en un ou deux mots.
- Afficher les post-it sur le tableau.
- Débattre en grand groupe sur le sujet de départ.
- Pour finir, diffuser l’une des vidéos ci-dessous, permettant d’apporter une définition claire de la discrimination.
- C’est quoi la discrimination ? 1 jour, 1 histoire
- La discrimination en deux minutes d’Amnesty International
C’est quoi la discrimination ?
La discrimination en deux minutes
II- Liberté d’expression et lutte contre les discriminations, quelques dates repères
La liberté d’expression, définie par le fait que tout individu a le droit de s’exprimer, de dire ce qu’il ressent, quel que soit le moyen utilisé (en écrivant, en dessinant, en parlant, en communiquant sur les réseaux sociaux…) constitue un droit fondamental, selon l’article 19 de la déclaration universelle des droits de l'Homme de 1948.
Cependant, il n’est pas possible de tout dire. La liberté d’expression a ses limites, limites régies par un cadre juridique et essentiel à connaître afin de lutter contre les discours haineux, discriminants.
a. Quelques dates clés à propos de la liberté d’expression :
Au niveau international :
10 décembre 1948 – Déclaration Universelle des Droits de l’homme.
Article 19 de la déclaration universelle des droits de l'Homme adoptée par les Nations Unies.
1950. Convention Européenne des droits de l’homme, article 10.
En France :
26 août 1789 - déclaration des droits de l’Homme et du citoyen.
Actuellement, le préambule de la constitution du 4 octobre 1958 renvoie à la déclaration de 1789, puisqu'aux termes de son premier alinéa « le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l'homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu'ils ont été définis par la Déclaration de 1789 ».
Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse.
Cette loi a été votée sous la IIIème République. Elle définit les libertés et responsabilités de la presse française, imposant un cadre légal à toute publication, ainsi que sur la voie publique.
C’est le texte juridique fondateur de la liberté de la presse et de la liberté d’expression en France, inspiré par l’article 11 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789.
On voit souvent sur les murs des immeubles l'inscription «Défense d'afficher - Loi du 29 juillet 1881».
L’article 1 de cette loi dit : « L’imprimerie et la librairie sont libres ».
La radio, la télévision et internet n’existaient pas encore, mais la loi s’applique aussi pour ces nouveaux médias.
La loi de 1881 a été tellement bien pensée qu’elle s’applique encore aujourd’hui. Elle a été complétée par la loi Pleven (1970) et la loi Gayssot (1990).
b. Quelques dates clés à propos de la lutte contre les discriminations
Au niveau international :
10 décembre 1948 - Déclaration Universelle des Droits de l’homme.
Article 2 de la déclaration universelle des droits de l'Homme adoptée par les Nations Unies.
1950 Convention Européenne des droits de l’homme.
Article 14 de la convention européenne des droits de l’Homme, intitulé « Interdiction de discrimination » :
« La jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente Convention doit être assurée, sans distinction aucune, fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l'origine nationale ou sociale, l'appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation. »
1969 – Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.
Les articles 4 et 5 de la convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale exigent que l’on interdise l’expression et la diffusion d’idées fondées sur la supériorité ou la haine raciale.
En France :
1er juillet 1972 - La loi Pleven relative à la lutte contre le racisme
La « loi Pleven » (du nom du ministre de la justice qui l’a portée) réforme et complète certaines dispositions de la loi de 1881 relative à la liberté de la presse.
A côté de l’injure et la diffamation déjà réprimées par la loi de 1881, la loi Pleven crée des délits spécifiques pour la provocation à la discrimination, à la haine et à la violence raciale. Avec cette loi, le racisme n’est plus une simple opinion, il devient un délit puni par des peines qui vont de l’amende à la prison ferme.
Au total, entre 1971 et 1977, au moins 70 algériens sont victimes de crimes à caractère raciste en France. Le phénomène s'amplifie au point de déclencher en 1983 la fameuse Marche pour l'égalité et contre le racisme, dite marche des Beurs, dont on fête aujourd'hui les trente ans. Bref, la loi de 1972 est là, elle fait du racisme un délit, sans pour autant l’éradiquer.
1990 - Loi Gayssot
La proposition de loi déposée par le député communiste Jean-Claude Gayssot tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe, a été adoptée par l’Assemblée nationale dans la nuit du 2 au 3 mai 1990. Elle prévoit de nouvelles sanctions et fait du négationnisme, un délit.
15 octobre 1984 : Naissance de l’association SOS Racisme, sous l’impulsion de Julien Dray, député et militant socialiste
27 mai 2008 – Loi n°2008-496 portant diverses dispositions d'adaptation au droit communautaire dans le domaine de la lutte contre les discriminations
L'article 1er de la loi n°2008-496 du 27 mai 2008, définit la discrimination comme une inégalité de traitement, un traitement défavorable, fondé sur un critère prohibé par la loi, dans un domaine tel que l’emploi, le logement, l’éducation, le service public, l’accès au bien et aux services, etc.
L’identité de genre, l’orientation sexuelle, l’origine ethnique,… font partie des critères de discrimination définis par la loi, comme le sexe, l’âge, le handicap, l’apparence physique ou encore les opinions politiques ou religieuses.
Les discriminations « à l’égard d’une personne physique ou morale, est punie de trois ans d’emprisonnement et d’une amende pouvant aller jusqu’à 45 000 euros d’amende. »
« Lorsque le refus discriminatoire est commis dans un lieu accueillant du public, ou aux fins d’en interdire l’accès les peines sont portées à cinq ans d’emprisonnement et à 75 000 euros d’amende. »
Loi du 4 août 2014, pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes.
Cette loi vise à combattre les inégalités entre hommes et femmes dans les sphères privée, professionnelle et publique.
c. Quelques journées pour lutter contre les discriminations :
Chaque premier jeudi du mois de novembre : Journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école
24 janvier : journée internationale de l’éducation
1 mars : journée zéro discrimination
8 mars : journée internationale pour les droits des femmes
21 mars : journée mondiale contre la discrimination raciale
8 avril : journée internationale des Roms
26 avril : journée de visibilité lesbienne
17 mai : journée mondiale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie
d. Les grandes figures de la lutte contre la discrimination :
≈ Suggestion de consigne 1 : Choisissez un personnage, lisez les fiches de présentation, recherchez en quoi le contexte de l’époque explique son combat et les résistances qu'il a rencontrées.
≈ Suggestion de consigne 2 : Rechercher d’autres figures emblématiques de la lutte contre les discriminations (possibilité de créer une frise historique, une expo, un diaporama… ou un autre support de valorisation et de présentation des recherches).
≈ Suggestion de consigne 3 : Afficher dans toute la salle les photographies des figures emblématiques. Demander aux élèves s’ils connaissent ces personnes. A l’aide d’étiquettes portant les noms des personnalités, demander aux élèves d’associer les noms aux photographies correspondantes. Pour au moins l’une des personnalités, rechercher en quoi le contexte de l’époque explique son combat.
→ Olympe de Gouge (1748 – 1793)
Olympe de Gouge, s’engagea dans de multiples combats contre les discriminations sociales et politiques… L’instauration du divorce, des droits pour les ouvriers au chômage, pour l’égalité des sexes, pour l’abolition de l’esclavage et de la peine de mort.
→ Jean Moulin (1899- 1943)
Figure emblématique de la résistance française, durant la seconde guerre mondiale. Jean Moulin, s’illustre par son combat contre les nazis et l’antisémitisme.
→ Simone de Beauvoir (1908 – 1986)
Grande figure du féminisme, elle jouera un rôle important dans le combat pour la libération des femmes. Son livre « le deuxième sexe » est l’un des plus grands livres de la philosophie contemporaine sur la théorie du genre et l’égalité homme/femme. Elle fera partie des 343 signataires du « Manifeste des 343 », aux côtés de Gisèle Halimi. En 2018, elle est la première femme à rentrer dans la Pléiade (collection majeure de l’édition française)
→ Rosa Parks (1913 – 2005)
Fervente militante des droits civiques, elle devient une icône de la liberté et héroïne de la lutte contre la discrimination raciale de toute une nation. Elle a le courage de dire « NON » à la ségrégation raciale qui sévissait aux États-Unis.
→ Aimé Césaire (1913-2008)
Aimé Césaire était un humaniste actif et concret qui a défendu tous les opprimés de la Terre.
→ Nelson Mandela (1918 – 2013)
Nelson Mandela a consacré sa vie à la liberté, la solidarité, la paix entre les peuples. Il a triomphé des obstacles pour l’abolition de l’apartheid, non seulement de son peuple, mais aussi celui de tous les exilés, exclus, résistants…
→ Ginette Kolinka (1925 - …)
Ginette Kolinka, ancienne déportée du camp d’Auschwitz-Birkeneau, consacre sa vie à la lutte contre l’antisémitisme. Elle poursuit depuis plus de 20 ans son travail de mémoire auprès des jeunes, afin de les sensibiliser aux dangers de la montée actuelle de l’antisémitisme.
→ Simone veil (1927 – 2017)
Fervente militante des droits des femmes, elle obtiendra le droit à l’IVG en 1974, et sera l’une des premières femmes à revendiquer le droit de « tout faire » et la parité entre les hommes et les femmes. Simone Veil est devenue un véritable symbole de la liberté des femmes dans le monde entier.
→ Gisèle Halimi (1927- 2020)
Avocate, et figure emblématique du féminisme, Gisèle Halimi a fait de sa vie un combat permanent pour le droits des femmes. Elle fera partie des 343 signataires du « Manifeste des 343 », aux côtés de Simone de Beauvoir, Jeanne Moreau, Françoise Sagan,…, réclamant la légalisation de l’avortement.
→ Harvey Milk ( 1930 – 1978)
Conseiller municipal de San Francisco, Harvey Milk est le premier homme politique américain ouvertement homosexuel. Fervent militant pour les droits LGBT, il est assassiné en 1978 par un opposant politique.
→ Gloria Steinem (1934 -…)
Icône féministe, Gloria Steinem se bat depuis plus de 50 ans pour l’égalité des femmes aux Etats-Unis. Elle co-fonde en 1971, le premier magazine féministe, intitulé “MS.”
→ Angela Davis (1944 -…)Incarnation du black power dans une Amérique en proie à la sa ségrégation raciale, Angela Davis milite depuis les années 60 pour la justice sociale.
→ Linda Brown (1942 – 2018)
Enseignante et militante du mouvement des droits civiques afro-américain. Elle a été au cœur d’une des victoires historiques de la lutte pour les droits civiques des Noirs. Celle du 17 mai 1954, déclarant la ségrégation raciale dans les écoles publiques contraire à la constitution. Elle fonde en 1988, avec sa sœur, « La Brown Fondation » afin de poursuivre la lutte contre les ségrégations et les ségrégations scolaire aux USA.
→ Sylvia Ray Rivera (1951- 2002)
Sylvia Ray Rivera, militante transgenre, s’est battue sans relâche pour les droits des personnes transgenres et non genrées. Figure emblématique des émeutes de Stonewall, elle fera partie du mouvement pour les droits LGBTI+ et fondera avec Marsha P.Johnson, le groupe d’entraide « STAR » (Street Transvestite Action Revolutionaries) venant en aide aux Drags Queens et aux femmes trans non-blanches et sans-abri.
→ Mary Akrami (1976 -...)
Figure emblématique des droits des femmes et des filles Afghanes, elle fut la première femme à venir en aide aux femmes fuyant les violences familiales ou conjugales. Contrainte à l’exil, suite à l’arrivée des Taliban en 1996, elle crée un réseau d’écoles pour les femmes Afghanes réfugiées au Pakistan. En 2002, de retour en Afghanistan, elle crée le Centre de développement des femmes, et ouvre près de 27 refuges dans le pays, pour les femmes victimes de violences domestiques ou de mariages forcés. Près de 20 000 femmes ont pu être aidés et soutenues depuis la création de ces refuges. Après 20 ans de lutte, le retour des Taliban au pouvoir en août 2021, à déjà causé la fermeture d’un grand nombre de ces refuges dans le Nord du pays. Restée en Afghanistan, elle continue son combat au péril de sa vie.
→ Loujain Al-Hathloul (1989- … )
Loujain Al-Hathloul, figure emblématique de la lutte pour les droits des femmes en Arabie-Saoudite, se bat pour mettre fin à un système répressif de tutelle masculine et revendique le droit pour les femmes de conduire. Elle sera incarcérée en 2018, pour avoir bravé cette interdiction. Elle sera relâchée en février 2021.
Pour ses combats, elle se verra décerner le Prix Liberté en 2020 à l’occasion de la 3ème édition du Forum « Normandie pour la paix ».
→ Zharifa Ghafari (1992 - ...)
Figure emblématique des droits des femmes et de la résistance face aux talibans en Afghanistan. Maire de Maidan Shahr à 26 ans. Elle fut l’une des premières femmes maires dans le pays. Pour avoir eu le courage de se présenter et de s’engager politiquement en étant une femme, elle a été visée par de nombreuses menaces de mort par les Talibans. Exilée en France, elle continue de se battre pour toutes les femmes qui seront empêchées d’être libre, de travailler, aller à l’école,…
III- Qu’en est-il de la lutte contre les discriminations dans le monde ?
Qui dit discrimination, dit souvent inégalité. Aujourd’hui, des millions d’hommes et de femmes subissent chaque jour toutes sortes discriminations, liées à leurs origines ethniques, religieuses, leurs orientations sexuelles, leurs genres, etc.
Les motifs varient d’un pays à l’autre, mais les personnes discriminées subissent toutes des traitements qui ont des conséquences concrètes au quotidien. Considéré·e·s comme différent·e·s par certain·e·s, ils et elles sont privé·e·s de droits fondamentaux : le droit d’être libre et égal ; le droit à la vie ; le droit de ne pas être discriminé·e ; le droit de n’être ni torturé·e ni traité·e de façon inhumaine ; le droit de ne pas être détenu·e injustement,...
Quelques chiffres repères :
76
C’est le nombre de pays dans lesquels, être homosexuel est illégal. En Iran, en Mauritanie, en Arabie Saoudite, au Soudan, au Yémen ou aux Émirats Arabes Unis, l’homosexualité est passible de la peine de mort. Dans d’autres États, être homosexuel est un crime qui conduit à la prison.
40
C’est le nombre de crimes de haine envers des personnes de la communauté LGBTQ+ ayant été recensés en Italie par l’observatoire pour la protection contre les pratiques discriminatoire du ministère de l’intérieur entre 2010 et 2013.
2400
C’est le nombre de roms ayant été expulsé·e·s de leur campement en France entre juillet et août 2020. Dans de nombreux pays, ils sont souvent expulsés de leurs campements. Depuis 2010, des mesures d’éloignement des roms de nationalité étrangère a a été mis en place en France. En 2014, près de 13500 roms ont été expulsé·e·s de leur campement. Les roms sont confronté·e·s à l’intolérance et aux préjugés, favorisant des comportements haineux à leur encontre. Or, les roms sont des citoyens européens et doivent donc avoir accès aux mêmes droits que tout européen.
→ Nul ne doit être privé de ses droits parce qu'il est "différent"
1 000 000
C’est le nombre de ouïhgours aujourd’hui détenus dans des camps de rééducation en Chine. Les ouïghours, une minorité musulmane, victime de violences et d’actes discriminants, depuis plus de vingt ans dans la région du Xinjiang, en Chine. Depuis 2017, la Chine mène une campagne sans précédent de détention de masse visant des ouïghours, mais aussi d’autres groupe ethniques à majorité musulmane. Près d’un million de ouïhgours sont aujourd’hui détenus dans des camps de «rééducation».
4
Le risque d’être victime de meurtre au Canada, est quatre fois plus élevé pour une femme autochtone que pour les autres.
1001
C'est le nombre de jours passé en prison par l’activiste Loujain Al-Hathloul, après avoir conduit une voiture en Arabie Saoudite en 2017. En Arabie Saoudite, avant le 24 juin 2018, conduire en étant une femme constituait un crime. Malgré l’acquisition de ce droit, le fonctionnement de la société est tel qu’elles ne peuvent l’exercer comme elles le souhaiteraient. Elles sont en effet soumises au contrôle de leur père, mari, frère ou fils, devant leur demander leur autorisation pour travailler, voyager, se marier, etc. De plus, le permis coûte 6 fois plus cher pour une femme que pour un homme.
16 000 000
C’est le nombre de filles qui n’entreront jamais dans une salle de classe (chiffre UNESCO). Un enfant sur six dans le monde, entre six et onze ans n’est jamais entré dans une salle de classe.
L’éducation est un droit pour tous les enfants du monde. Pourtant, aujourd’hui près de 258 millions d’enfants n’y ont pas accès. La pauvreté et le sous-développement sont à la fois une cause et une conséquence de ces inégalités.
→ Tous les enfants du monde ont-ils le droit d’aller à l’école ?
IV- Lutte contre les discours haineux en ligne
Le racisme et les discriminations ne sont pas des phénomènes nouveaux. Même si ceux-ci sont condamnés publiquement, ils sont souvent tolérés en ligne dans un contexte plus privé.
Comme tout nouveau moyen de communication, internet comporte autant d’opportunités que de risques en matière de liberté d’expression. L’anonymat donne l’impression aux utilisa·teurs·trice·s qu’internet est un espace de communication où la liberté d’expression est totalement illimitée, laissant place à des comportements désinhibés de la part de ces derniers. Or internet n’est pas pour autant un espace de non-droit et l’incitation à la haine est tout aussi illégale qu’au sein du reste de la société.
Pour rappel tenir des propos haineux, discriminant envers un individu ou un groupe d’individus en raison de son orientation sexuelle, ses origines, sa religion,… est puni par la loi. Ces faits sont passibles d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. (Article 24 de la loi du 29 juillet 1881).
a. Lutter contre les discours sexistes, raciste et homophobes sur internet : (amnesty France)
b. Signaler les discours haineux en ligne :
Afin de lutter contre les messages de haine, les réseaux sociaux et les sites d’informations ont mis à disposition de leurs utilisateurs des outils permettant de signaler des contenus qu’ils jugent haineux, afin qu’ils soient supprimés.
En France, il vous est aussi possible de signaler tout contenu que vous jugez illicite sur internet en vous rendant sur la plateforme du ministère de l’Intérieur « Pharos ».
- Comment signaler des contenus haineux sur les réseaux sociaux ?
Les mécanisme d’alerte pour contrer les discours de haine en ligne
• Les plateformes s’engagent à lutter contre les propos discriminants :
Les plateformes Facebook, Instagram, YouTube, ou Twitter, se sont engagées à examiner les signalements émis par les utilisateurs et à les supprimer ou les rendre inaccessible si les contenus étaient considérés comme haineux et portant atteinte à un individu ou groupe d’individus.
En 2020, la loi Avia, impose aux plateformes numériques la suppression des contenus haineux dans un délai de 24 heures.
Dans le même temps, l'observatoire de la haine en ligne, rattaché au conseil supérieur de l'audiovisuel a été instauré par l’article 16 de la loi du 24 juin 2020, visant à lutter contre les contenus haineux sur internet. Il a pour but d’analyser et quantifier le phénomène de haine en ligne en France.
c. Quiz : En quoi ces actes sont-ils discriminants… ou pas ?
En appui d’images rencontrées sur internet, ce quiz vous invite simplement à questionner ce que l’on peut ou non publier sur les réseaux sociaux, au nom de la liberté d’expression et de ses limites.
Ces cas questionnent notre responsabilité individuelle dans les propos que nous publions, commentons, partageons sur internet.
≈ Suggestion de consigne : Des propos collectés sur les réseaux sociaux sont proposés dans ce quiz. Certains relèvent et respectent la liberté d’expression, d’autres sont des propos discriminatoires, racistes ou injurieux, à vous de les identifier.
≈ Suggestion de consigne : Divisez la classe en 4 zones (chaque zone correspond à une réponse : a, b...). Poser la question à voix haute. Les élèves n’auront que quelques secondes pour se diriger dans la zone qui leur semblent être la bonne réponse. A la fin du temps, vous demanderez à un ou deux élèves pourquoi selon eux ils sont face à une publication discriminante ou non. Puis vous expliquerez la bonne réponse.
Les réponses possibles du quiz
- Je ne partage pas, c’est une incitation à la haine et à la violence
- Je ne partage pas, c’est une forme de discrimination
- Je ne partage pas, c’est une injure ou une insulte
- Je partage, c’est une opinion
- Je partage, c’est une caricature
d. Produire des contre-discours ou récits alternatifs, à l’aide de la plateforme Seriously !
Comment réagir face à des propos discriminants, haineux, publiés sur internet, que l’on soit victime ou témoin ? Comment apaiser les dialogues en ligne ?
Les réponses possibles à des messages haineux sont nombreuses et variées. Il existe autant de réponses possibles que de discours. Les contre-discours et les récits alternatifs, sont deux méthodes permettant de répondre pacifiquement à des propos haineux.
- L’utilisation de contre-discours peut s’avérer utile, lorsque nous faisons face à des propos haineux sur internet. Le contre-discours, a pour but de s’attaquer frontalement à un récit oppressif, en discréditant et déconstruisant des messages haineux, par le biais de l’argumentation. Il s’agit, en effet de démontrer que les propos tenus, les arguments présentés et le raisonnement sur lesquels est fondé un discours, sont faux, incorrects ou totalement absurdes. Le détournement de #hasthag haineux, est une autre forme de contre-discours.
- Le récit alternatif vise à discréditer les messages haineux en affirmant qu’on est « pour » quelque chose et non « contre ». Plutôt que de réagir à un événement donné, les récits alternatifs soulignent l’importance de proposer quelque chose de différent, de susciter un nouvel état d’esprit, favorable au changement qu’il souhaite apporter à la société.
Une bonne argumentation tient toujours compte du destinataire. Le type d’arguments à utiliser est donc à évaluer en fonction de ce dernier. Mais tous les arguments n’ont pas la même valeur ou la même fonction, et il est important d’être capable d’ajuster son argumentation en fonction de la personne qui vous fait face.
A l’aide de la plateforme Seriously.ong, construisez vos contre-discours, récits alternatifs et répondez pacifiquement à un commentaire, publication haineuse sur les réseaux sociaux, grâce à l’argumentation.
Retrouvez ci-dessous des exemples de situation d’usages de la plateforme Seriously :
V- Lutter contre les discriminations… ça s’apprend !
→ Semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme
Du 21 au 28 mars 2021, la semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme valorise l’engagement des institutions et des acteurs de la société civile en faveur des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.
Le prix « Non au Harcèlement », est organisé par le Ministère de l’Éducation nationale avec le soutien de la Mutuelle MAE, il a pour objectif de donner la parole aux jeunes des écoles, collèges, lycées et structures péri et extrascolaires pour qu’ils s’expriment collectivement sur le harcèlement à travers la création d’une affiche ou d’une vidéo.
Le Prix Liberté est un projet pédagogique de sensibilisation à la liberté, à la paix et aux droits de l’Homme. C’est un projet de la région Normandie et de l’institut international des droits de l’Homme et de la paix. Le Prix Liberté invite les jeunes de 15 à 25 ans en France et dans le monde entier, à désigner chaque année une personne ou une organisation engagée dans un combat exemplaire en faveur de la liberté.
→ Festival international du film de l’éducation
Chaque année depuis 16 ans, le Festival International du Films d’Education, propose un large choix de films, courts, moyen, longs métrage, fictions, animations, documentaires, durant 5 jours à Evreux.
Voici une sélection non-exhaustive de films, sur les discriminations :
Alike
Dans une vie agitée, Copi est un père qui tente d’enseigner à son fils Paste, la voie « normale », mais… qu’est-ce qui est « normal » ?
Like Dolls I’ll rise
Deux cent poupées noires créées entre 1840 et 1940, par des femmes afro-américaines anonymes racontent une histoire de résistance, d’amour et d’identité.
Vers la tendresse
Quels regards portent certains jeunes hommes de banlieue défavorisés sur les femmes ? La réalisatrice mène une discussion avec quatre d'entre eux, enfermés dans leurs représentations sexuelles et amoureuses ou en passe d'en sortir.
Skin
Jeff, néo nazi, élève son fils selon ses valeurs. Un jour, sous les yeux de son fils, lui et sa bande tabassent un homme noir devant sa famille, sur le parking d’un super marché.
VI- Face aux discriminations, qui contacter ?
- 08 victimes - Numéro national d’aide aux victimes :
08 842 846 37 (appel gratuit 7j/7 de 9h à 21h ou 08victimes@inavem.org
- Le Défenseur des droits :
Par téléphone au 09 69 39 00 00
Par le formulaire de saisie en ligne : www.defenseurdesdroits.fr
- Plateforme de signalement des violences sexistes et sexuelles:
signalement-violences-sexuelles-sexistes.gouv.fr (plateforme accessible 7j/7J et 24h/24)
- Pharos - Plateforme pour signaler des faits illicite sur internet
https://www.internet-signalement.gouv.fr
- Anti discrimination- Plateforme d’écoute pour les victimes et témoins d’actes discriminants
https://www.antidiscriminations.fr ou 3928 (du lundi au vendredi de 9h à 18h
- Net Ecoute : numéro national pour les jeunes victimes de violences numériques
3018 (du lundi au vendredi de 9h à 20h) ou par Tchat sur 3018.fr, Messenger et WhatsApp.
- Non au Harcèlement :
3020 (du lundi au vendredi de 9h à 20h et le samedi de 9h à 18h)