L’alimentation au cœur de la transition écologique

À l'heure des multiples débats sur l'écologie, l’alimentation n’est toujours pas au cœur des sujets. En accueil collectif, c’est un réel levier éducatif.
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Les éducateurs et éducatrices se demandent souvent comment agir en matière de transition écologique. La question est immense, systémique, et pose une question d’échelle. Modifier les actes individuels, parce que c’est la base d’une éducation, mais il n’est pas sérieux d’envisager de changer une société mondialisée, seulement par la somme des actes des individus. Changer le système, bien sûr, ce que l’éducation populaire cherche depuis toujours. Mais comment agir concrètement ? La fonction éducative n’est a priori guère en lien avec les modèles productivistes responsables des causes de l’urgence climatique.

Il y a pourtant un domaine où l’éducation est en lien avec la production directe de biens, celui de l’accueil des groupes, de jeunes ou de moins jeunes, pour des périodes plus ou moins longues. Et ces personnes ont en commun d’avoir besoin de se nourrir. Comment prendre en compte ce besoin fondamental si étroitement lié aux enjeux de la transition alimentaire ? Comment en faire un outil d’éducation ?

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Le poids de l’alimentaire

En 2022, le secteur de l’agriculture et de l’alimentation représente les trois quarts de la consommation d’énergie issue du pétrole et un tiers des émissions nationales de gaz à effet de serre (GES). Le consommateur peut avoir tendance à oublier facilement le poids de l’ensemble de la chaîne de l’alimentation dans le réchauffement climatique. Le Shift Project a ainsi divisé l’impact du système alimentaire en trois grands secteurs d’activité : les transports d’abord, qui représentent un tiers de la consommation énergétique du système alimentaire, juste devant la production agricole et enfin la consommation alimentaire. Cette dernière se répartit entre l’industrie agroalimentaire, la consommation des ménages au domicile ou en collectivité, la grande distribution, la restauration et les commerces. Agir par l’alimentation est aussi fondamental car l’agriculture, si elle est victime des bouleversements climatiques, est aussi en grande partie responsable de la chute de la biodiversité, de la raréfaction et de la pollution des sols, de la déforestation et de l’appauvrissement des terres cultivables. En cause notamment, la surconsommation et une alimentation carnée qui est devenue le modèle à atteindre en Occident depuis plus de soixante-dix ans. L’agriculture et l’élevage accaparent 38 % de la surface terrestre et consomment 70 % de l’eau douce de la planète. Or, d’ici 2050, il faudra nourrir 9,7 milliards de personnes. Comment faire pour sortir d’un modèle productiviste tout en n’oubliant personne ? Quelle est la responsabilité des éducateurs et éducatrices pour accompagner cette transition vers un modèle à la fois respectueux de la planète et de l’être humain ?