Manifeste des Ceméa

Pour les Ceméa, l’éducation est globale. Il s’agit d’éduquer, d’enseigner et de transmettre. L’école doit être un lieu de réussite de tous et de toutes et d’apprentissage des valeurs d’égalité et de coopération. Les Ceméa apportent des contributions au système éducatif et aux pratiques pédagogiques.
Média secondaire

Les pratiques pédagogiques traduisent, pour l’école de la République, des ambitions dans une perspective de transformation sociale et politique : pour une réelle inclusion et réussite scolaire et éducative de toutes et tous… pour l’égalité des droits, des chances et des places dans une société laïque, plus juste, plus solidaire. Luttant contre la marchandisation de l’éducation, les Ceméa se positionnent pour un grand service public national d’éducation dont l’École publique laïque est un élément essentiel. Celui-ci doit intégrer à la fois l’éducation de tous les instants et prendre en considération tous les temps de l’enfant. Les associations laïques complémentaires de l’enseignement public en sont des acteurs à part entière, dans une perspective de complémentarité des espaces de vie des enfants et des jeunes.

Lutter contre toutes les EXCLUSIONS et DISCRIMINATIONS

Tout être humain, sans distinction de sexe, d’âge, d’origine, de conviction, de culture, de situation sociale, a droit à notre respect et à nos égards. Les Ceméa, à travers leurs actions, réaffirment la primauté de l’éducatif et du soin sur le répressif. Les approches éducatives, cliniques, constituent un atout pour interroger autrement les modalités de prise en charge. Elles valorisent une approche globale de la personne, l’importance des connexions avec les structures de droit commun, le dépassement des cloisonnements institutionnels. Les principes majeurs sur lesquels les Ceméa fondent leurs actions sont :

  • La défense et la promotion de la psychiatrie « sociale »
  • Le principe d’éducabilité des mineurs
  • La prise en compte des dimensions institutionnelles et inconscientes
  • La recherche d’organisations collectives coopératives permettant la mobilisation du groupe.

Pour lutter contre les stéréotypes et les déconstruire, pour ne laisser personne au bord du chemin, les Ceméa réaffirment que l’éducation s’adresse à tous. Ceci suppose de prendre en compte les publics marginalisés, discriminés, paupérisés. Dans une approche d’égalité et de participation, les Ceméa situent chacun et chacune comme sujet et auteur de son projet.

Favoriser la MOBILITÉ pour une éducation interculturelle

La mobilité favorise l’apprentissage, la connaissance de l’autre, l’acquisition de compétences sociales et l’exercice de solidarités actives et collectives. Elle permet l’expérience par l’éducation interculturelle et les échanges entre les citoyen.ne.s. Elle s’appuie notamment sur des logiques de volontariat et d’engagement et peut se vivre dans son quartier, son village, sa ville, son pays et dans le monde. Les Ceméa associent ainsi mobilité et réciprocité. Donner et recevoir, permettre le départ et l’accueil. C’est cela qu’il faut aujourd’hui renforcer.

Les Ceméa affirment que l’accompagnement à la mobilité physique et psychique est une condition indispensable à toute action émancipatrice. Ils revendiquent que la mobilité trouve sa place dans tout parcours éducatif et de formation. Ils militent pour que les politiques publiques réduisent les obstacles financiers, juridiques et culturels pour faciliter une mobilité choisie.

Démocratiser L’éducation CULTURELLE par les pratiques artistiques

Les Ceméa défendent une conception éducative, sociale et émancipatrice de la culture. L’accès au patrimoine culturel, à la création artistique et aux lieux dédiés à la diffusion sont des droits fondamentaux pour tous et toutes. C’est aussi un espace potentiel de rencontre, d’ouverture et de prise de conscience. Les Ceméa mettent en œuvre cette vision, à travers leurs actions pour :

  • Favoriser les rencontres sensibles avec les productions artistiques.
  • Soutenir et développer des pratiques d’expression et les pratiques artistiques amateurs.
  • Permettre de se cultiver tout au long de sa vie.

Pour les Ceméa, les actions de formation et d’accueil, sur des festivals notamment, sont des espaces privilégiés. Ils permettent rencontres et débats, et développent du lien entre les personnes : c’est un enjeu politique et démocratique. Les Ceméa affirment que c’est par ces projets d’engagements communs entre les publics, les artistes, les acteurs et actrices de la culture et de l’éducation, que la société fera face aux défis d’aujourd’hui : cultiver l’humanisme dans le rapport à l’autre.

Développer le NUMÉRIQUE pour l’éducation et la citoyenneté

Les Ceméa réaffirment que les actions éducatives liées au numérique doivent être construites dans une vision démocratique de l’espace public conforme à la déclaration des Droits de l’homme et du citoyen et de la Convention internationale des Droits de l’enfant. Elles nécessitent une approche ouverte et multi-acteurs.trices, ancrée dans une éducation critique aux médias et à l’information. La Refondation de l’école, la mise en place du Plan numérique pour l’Éducation, des politiques éducatives territoriales… sont autant de leviers pour former des jeunes citoyens « acteurs et auteurs » dans une société de l’information et de la communication. Plus globalement la massification des outils numériques dans l’ensemble des champs éducatifs, sociaux et politiques pose des défis autant démocratiques que culturels. C’est pourquoi l’éducation aux environnements numériques doit s’appuyer sur l’analyse critique des risques et des potentialités.

Accompagner la PARENTALITÉ

Les Ceméa réaffirment que l’éducation s’inscrit dans la famille, l’école, l’ensemble des espaces sociaux, et les lieux de loisirs. La complémentarité des projets pédagogiques et éducatifs, la continuité éducative entre les différents adultes qui participent à cette co-éducation sont essentielles. Les Ceméa agissent pour construire de véritables parcours et lieux d’accompagnement qui donnent leur place à tous les parents, y compris les plus démunis face aux institutions éducatives. Les Ceméa promeuvent une approche des questions de parentalité qui soit non culpabilisante, plurielle, et traversée par la prise en compte des évolutions familiales.

Éduquer à l’ENVIRONNEMENT à l’échelle de la planète

Le milieu de vie joue un rôle capital dans le développement de l’individu. L’éducation à l’environnement est la première condition pour que chacun.e y agisse en toute conscience et de manière collective.

Le rapport entre l’humain et son milieu, la connaissance qu’il doit en avoir et la conscience de l’empreinte qu’il génère sont au coeur des pratiques quotidiennes d’éducation. Les Ceméa condamnent le modèle de développement actuel de la société centrée sur le profit et la consommation outrancière. Celui-ci menace les droits fondamentaux de l’humanité au bénéfice d’une minorité. Il menace également les milieux et la planète toute entière.

Les Ceméa revendiquent un projet de développement qui prenne en compte la complexité des interactions sociales, culturelles, économiques, environnementales et écologiques. Ils soutiennent les objectifs planétaires d’égalité sociale et de préservation des ressources naturelles. Dans leurs actions, les Ceméa mobilisent les leviers que sont l’éducation à l’environnement, l’éducation à toutes les formes de consommation en respectant les principes humanistes et de préservation des milieux.

Promouvoir L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE

L’éducation, la culture, la santé et le social doivent résister aux logiques de marchandisation et de mise en concurrence. Ces champs doivent se construire sur une continuité garantissant la transversalité et l’innovation. Les Ceméa inscrivent leurs actions dans des missions de services publics locaux, territoriaux, nationaux et européens. Ils affirment le besoin d’un État structurant, garant d’une égalité territoriale et favorisant les initiatives locales. Sans concurrence avec l’ensemble des acteurs, les Ceméa mobilisent des réseaux multiples, inscrits dans des pratiques coopératives et alternatives. Ils revendiquent la place des associations d’éducation populaire comme co-constructeurs des politiques publiques.

Cultiver des TEMPS LIBÉRÉS émancipateurs

Les temps libérés sont aujourd’hui l’un des enjeux majeurs de la société. Les inégalités devant les loisirs et les vacances posent la question de la cohésion sociale. Militant pour la reconnaissance du sens éducatif des temps libérés, les Ceméa revendiquent le droit effectif aux loisirs, aux vacances et au départ pour tous. Ils s’opposent à la marchandisation des vacances et des loisirs. C’est aux cotés des organisateurs associatifs de séjours, des collectivités territoriales, des Comités d’entreprise que les Ceméa expérimentent, construisent et vérifient de nouvelles situations éducatives de l’Éducation nouvelle adaptées aux besoins de la société, donnant l’occasion aux enfants et aux jeunes de mieux appréhender le vivre et faire ensemble.

L’éducation active est un projet politique appliqué au quotidien avec des pédagogies adaptables et adaptées

La référence des Ceméa est celle de l’Éducation nouvelle et les méthodes d’éducation active fondent leur démarche pédagogique. Celles-ci prennent appui sur l’expérience et l’expression des personnes et entretiennent un rapport étroit entre théorie et pratique. Les formations, les actions des Ceméa, sollicitent une implication directe des personnes et, au travers de la relation individu/groupe, contribuent à la construction du lien social. Elles mobilisent l’action, le tâtonnement expérimental mais aussi la pensée, la confrontation, l’observation, l’analyse et l’évaluation. Elles prennent en compte les conditions matérielles et le cadre de vie, la nécessité de bâtir un projet, de s’approprier les techniques et les sources documentaires. Elles impliquent l’individualisation des apprentissages et le travail collectif. L’éducation active permet de construire à chacun le chemin de son émancipation.