Bafa à 16 ans : recherche stage pratique

Un décret a abaissé l’âge d’entrée en formation Bafa, le 14 octobre 2022. Mais sur le terrain, leur accueil en stage pratique peut s’avérer difficile.
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L’entrée en formation Bafa est désormais possible dès 16 ans. Cette mesure va dans le bon sens car elle reconnaît le droit à s’engager. Mais qu’en sera-t-il de l’accueil et de l’accompagnement de ces jeunes en accueil collectif de mineurs ? À seize ans, les droits individuels à son identité, à la santé, à la sexualité sont acquis ; c’est d’ailleurs l’âge possible de l’émancipation. Sur ce qui pourrait relever d’un droit à l’engagement, il n’est pas d’âge minimum. Dès quatorze ans, on peut devenir bénévole sur un chantier de jeunesse et à seize ans, pompier volontaire ou faire un service civique. De nombreux jeunes s’impliquent déjà dans des organisations de jeunesse ou des clubs sportifs. Seize ans, c’est aussi l’âge où l’on peut créer une association : ainsi, il est déjà possible qu’un·e jeune exerce une fonction d’organisateur d’accueil collectif de mineurs (ACM) ! L’autorisation d’entrer en formation Bafa dès seize ans peut donc être considérée comme un alignement sur d’autres formes d’engagement.

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Professionnalisation ou volontariat


Ce qui fait question dans cette annonce gouvernementale se situe peut-être ailleurs. D’abord, dans l’écart entre ces droits et l’autonomie effective des jeunes. Les Ceméa, de leur place d’organisateurs Bafa, doivent retravailler les pratiques d’accompagnement des parents lors de l’inscription, car ceux-ci sont parfois tiraillés entre un désir de projet émancipateur et une tendance à une « parentalité-hélicoptère » qui voudrait tout maîtriser ! L’accessibilité dès seize ans réactive le projet d’éducation populaire du Bafa. Alors qu’il est sans visée professionnalisante, on constate que ce brevet reste une condition suffisante pour exercer le métier dans les textes et souvent pour les employeurs. Or l’appellation « Accueil collectif de mineurs » recouvre des réalités très différentes, de l’accueil périscolaire au séjour de vacances, de l’accueil de loisirs aux espaces jeunesses... et chacune conjugue à sa manière professionnalité et volontariat de l’animation. Par ailleurs, les principes dérogatoires au travail des mineurs les empêchent actuellement d’être pleinement en responsabilité dès qu’il y a hébergement. Trop d’organisateurs refusaient déjà d’engager des mineurs sur les fonctions d’animation. Accueilleront-ils en stage pratique les jeunes de 16 ans sortis tout juste de formation ? Il faut intégrer les conditions d’accueil et d’accompagnement de ces volontaires dans un véritable projet d’émancipation, et non pas les considérer comme de simples supplétifs.

Le plus juste serait de reconnaître effectivement le volontariat de l’animation et de le valoriser à la hauteur de la fonction sociale qu’il remplit. Mais de ce côté-là, il semble qu’il faille encore attendre, malgré l’urgence d’une filière qui vient de connaître deux années particulièrement difficiles en matière de recrutement. L’intérêt d’un engagement des jeunes dans la formation Bafa et l’encadrement d’enfants sur les temps de vacances n’est plus à démontrer. Cela doit s’accompagner d’une véritable reconnaissance politique et de la prise en compte des compétences que les jeunes acquièrent dans les différents cursus de formation. Leur donner la parole et les moyens d’agir c’est contribuer pleinement à la construction d’une société plus solidaire.