Genèse et contexte politique du festival "Du Bruit Dans l'Arène"

En novembre 2016, à l’occasion du regroupement régional des Ceméa Occitanie, nous, militant·e·s et permanent·e·s, avons imaginé de faire une fête à l’occasion des 80 ans du mouvement. Une fête pour se rappeler, pour certain·e·s, ou découvrir, pour d’autres, les origines des Ceméa
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Une fête pour se remémorer le contexte, le parcours et les valeurs profondes de l’association. Mais rapidement, cette fête est devenue un prétexte, une possibilité de se fédérer, nous, avec tout ce que l’on sait faire, autour d’un projet commun.

Un festival sur plusieurs jours avec de la musique, du théâtre, des conférences, de l’activité… On réfléchit, on fait la fête, et c’est pas triste !
Rapidement, il a fallu trouver un nom à cet évènement. Du Bruit, comme un cri militant, voulant se faire entendre, qui rugit face à la casse des droits sociaux durement acquis. Et Dans l’Arène, en référence au quartier Près d’Arène à Montpellier, lieu du festival, mais qui peut également faire échos à l’arène politique, populaire... Du bruit dans l’arène, un festival qui doit ressembler aux Ceméa. C’est l'exigence que s’était fixée les premier∙e∙s organisateur∙rice∙s.

L’année 2017, date de la première édition, a été animée par les élections présidentielle et législatives. Une occasion de rappeler que notre mouvement n’est pas neutre politiquement et qu’il s’inscrit clairement dans une mouvance de gauche, laïque, progressiste et humaniste, comme l’affirmait Vincent Chavaroche lors de son discours d’ouverture au congrès de Grenoble en 2015. Nous entendons par là que les Ceméa défendent un monde plus juste, plus solidaire, où émancipation et citoyenneté ne sont pas que des mots mais des actes.  

Il est bon de se redire, comme il est écrit dans le Manifeste de 2016 que l’éducation active est un projet politique appliqué au quotidien avec des pédagogies adaptables et adaptés.

Un mouvement d'expérimentation autour de l'éducation nouvelle

Non les Ceméa ne sont pas une « boite » de formation dont la seule préoccupation serait d’être « à l’équilibre ». Bien sûr, une gestion saine de nos finances est importante pour continuer à faire vivre nos idées. Mais notre mouvement est avant tout un terrain de recherche, d'expérimentation, de confrontation et lieu de rencontre autour de l’éducation nouvelle.

Portées par des militant∙e∙s et des permanent∙e∙s, nos conceptions de l’éducation doivent dépasser notre « nous » et se rallier, se confronter ou s’opposer à ce qui se dit et se fait ailleurs.

L’idée d’ouvrir cette fête à l’extérieur du mouvement, en invitant des structures qui se reconnaissent dans l’éducation nouvelle, l’éducation populaire et l’économie sociale et solidaire, fut partagée par les militant∙e∙s et le conseil d’administration. D’abord, car les Ceméa ne se sont pas construits tous seusl : ils partagent et portent des valeurs communes avec un grand nombre. De plus, il est important de montrer une unité autour de grands principes et notamment autour de ceux qui guident notre action.
Un lieu dans le festival est dédié à tous ces acteurs : le village des possibles. Lieu pensé comme fourmilière d’initiatives, où l’on peut avoir un aperçu de ce qui se fait localement comme actions d’éducation populaire et d’économie sociale et solidaire. Lors de la 3ème édition qui s’est déroulée en juin 2019, 43 structures étaient présentes à nos côtés.

Ce festival n’a du sens et de la pertinence aux Ceméa seulement s’il est réfléchi comme terrain d'expérimentation, de recherche et de formation. Les différentes étapes pour la construction de l’événement sont portées par des militant∙e∙s, des jeunes en service civique, des stagiaires en formation… dans l’équipe seulement une personne dispose de temps salarié et elle a pour rôle de coordonner toutes ces personnes. Le DBDA est un support pour vivre une expérience démocratique à travers son fonctionnement. C’est aussi un formidable outil de découverte de pratiques culturelles.

Comme souvent, le chemin est bien plus riche que l’objectif en lui-même. Le festival ne dure que deux jours, la préparation neuf mois. Neuf mois où des rencontres se font, où des personnes découvrent les Ceméa par cette porte, où des partenariats sont noués et débouchent sur d’autres projets. Neuf mois d’expériences collectives qui ont pour but de mettre en lumière ce qui se fait et se pense dans notre mouvement et ceux de nos partenaires.