Avignon Saint Joseph. Une équipe au service d’un projet

L’équipe d’animation de la Maison Saint Joseph a pour mission d’accueillir et proposer une vie collective festivalière à des groupes d’âges et d’origines très diverses avec l’espoir qu’ils et elles deviennent des spect’acteurs et de spect’actrices cultivant leur regard critique.
Média secondaire

Une ruche où chacun·e sait ce qu’il·elle a affaire, c’est par cette image, ce cliché (convenu, j’en conviens) que j’ai envie d’illustrer la première impression que j’ai du travail de l’équipe qui officie au lycée Saint-Joseph dans le cadre du projet initié par le CDJSFA (Centre De Jeunes et de Séjours du Festival d’Avignon) en ce mois de juillet 2021. Elle est composée de bénévoles d’âges divers qui viennent d’horizons professionnels et géographiques très différents. Il y a des ancien·ne·s et des novices. 

Et cette réunion d’individus composites parvient après de longues réunions de préparation à se constituer en équipe. Il  y a des personnes rompues aux affres de la formation, de l’animation, d’autres qui sont comédiennes, danseuses, d’autres encore qui arrivent presque par hasard...Enfin non il n’y  pas de hasard ici, chacun·e aime le spectacle vivant et se sent une âme d’accompagnateur·trice des festivalier·ère·s.

L’équipe a installé son Quartier général salle Giono, elle l’a aménagée  à sa convenance. Une larme de désordre, un coin bouquins, des casiers pour chacun·e, des affiches disent l’organisation. Tout est en place pour que l’équipe se retrouve et bosse dans les meilleures conditions dans un endroit où seuls ses membres ont accès. 

Des objectifs ambitieux

Sous l’égide du CDJSFA et des Ceméa, l’épine dorsale du projet c’est bien de permettre à des publics différents d’être accueillis sur une même période et de favoriser les rencontres intergénérationnelles et la mixité sociale.

Enfin il s’agit d’accompagner chacun·e dans un processus de construction de parcours collectifs de festivalier·ère·s. Et le moins que je puisse dire c’est qu’ici à St-Jo ces objectifs sont agis très concrètement et mis en pratique à chaque instant. Le travail effectué en amont dans ce sens est d’une importance considérable.

Des groupes viennent sans réellement savoir comment ça se passe, sans les informations principales. Et au téléphone il est nécessaire de tout expliciter, même qu’il y a deux gares à Avignon. Et des renseignements capitaux sont à communiquer : tests PCR organisés en Avignon, passe sanitaire, carte vitale et d’identité. Il faut slalomer dans des méandres explicatifs sans faire peur en indiquant les passages obligés. Mais la parfaite prise en compte du côté matériel de l’accueil est la garantie du bien-être de chacun·e pour qu’il·elle vive le festival dans de bonnes conditions. La notion  d’accueil aux Ceméa n’est pas un vain mot.

Hervé Roué, responsable pédagogique de la maison, met l’accent sur quelques aspects.
 

Cemea

« Ce n’est vraiment pas simple de créer des équipes. Les non habitué·e·s font du bien, ils et elles ne se posent pas la question du « comme d’habitude », et loin d’être un frein cela donne un espace plus libéré à la possibilité d’inventer. »

« La problématique de la diversité des publics est essentielle, il n’y a pas de public privilégié, notre tâche c’est de créer des ponts entre les différents publics (amplitude d’âge de 19 à 82 ans) accueillis. Faire du théâtre, aller au spectacle y contribuent mais le festival ce n’est pas que cela, ce sont aussi des expositions, des rencontres, des dialogues et la ville d’Avignon de son silence au petit jour à l’effervescence de son crépuscule. »

« Le nerf de la guerre étant les spectacles qu’on va voir, qui soulèvent nécessairement des émotions, procurent des sensations, déclenchent réactions, débats passionnés, désaccords… »

« D’autre part,quel que soit le parcours, nous tenons à proposer à tous et toutes les mêmes ateliers (en amont), spectacles, et retours sensibles sur ceux-ci. Nous essayons d’adapter la grille à cela. Si une minorité vient pour bouffer du spectacle, la plupart se prête de bonne grâce à cette organisation. Ça fonctionne et tout le monde rentre dans la danse, suit la dynamique. »

Deux spectacles (pour un séjour de 5 jours) et 4 pour un séjour de 9 jours sont inclus. Si les personnes désirent assister à d’autres représentations du « in » ou/et du « off », elles le peuvent bien évidemment. Pour certains spectacles elles pourront même passer par nous pour obtenir des billets. »

Quelques repères utiles :

24 personnes sont présentes auxquelles il faut ajouter les jeunes qui participent aux séjours « web tv » et « j’y suis, j’en suis », qui retournent dormir chez eux·elles.

Le premier jour il y a un accueil collectif à 17h avec des jeux de connaissance. Puis on se sépare par groupe de parcours. Et un apéritif convivial permet de compléter les présentations et de faire mieux connaissance.  Le premier soir, un jeu (genre jeu de piste) en autonomie (petit carnet avec propositions de petites choses à réaliser) de découverte de la ville donne l’occasion de passer par les rues et places incontournables de l’Avignon by night during the festival.

Pour chaque spectacle il y a un atelier de préparation qui peut varier en termes d’activités. Le fait de proposer plusieurs spectacles par jour multiplie les ateliers, la dynamique de groupe est complexe. Il faut de plus gérer les départs et les arrivées décalées.

Il est important d’insister sur le fait que le parcours « j’y suis, j’en suis » n’est pas un projet à part, une personne y est dédiée et chaque jour une ou deux autres y travaillent. Mais il s’agit de la même dynamique, ce qui demande une adaptation et de chercher une nouvelle organisation des ateliers.
Il est à noter que le « in » sollicite l’équipe à divers niveaux (centralisation des actions du festival). Le vase clos est impossible. Le stage web tv est intégré. Des relations se créent qui ouvrent des possibilités.

La problématique essentielle est bien de se préoccuper de :

>>> Comment accompagner les publics dans le façonnement, la construction de leur regard critique ? Et même si on n’est pas neutre il est nécessaire de trouver la bonne distance. Mais on y met de nous immanquablement, c’est à cette condition que la parole peut être libre.