Regard sur une formation CLAS (Contrat Local d’Accompagnement à la Scolarité)

L’accompagnement à la scolarité est en vigueur depuis vingt-cinq ans, mais la compréhension des intentions de ce dispositif est très souvent sujette à caution. Les actions de formation permettent une remise à plat qui éclaire ce qui se fait au présent et ouvre des perspectives.
Média secondaire

Un petit rappel pour commencer : le CLAS est un dispositif qui finance et régit les actions d’accompagnement à la scolarité. Celles-ci, qui ne sont pas du soutien scolaire et pas seulement de l’aide aux devoirs, ont parfois du mal à trouver leur rythme de croisière. Le turn-over dans les équipes d’encadrement ainsi que les représentations erronées et fortement ancrées dans les esprits expliquent en partie cela. C’est pourquoi l’entrée dans une démarche de formation semble être une nécessité pour qui veut évaluer la mise en agir des objectifs du dispositif et le fonctionnement sur le terrain. Le texte qui suit relate une formation qui s’est déroulée en Lorraine sur l’année scolaire 2020/2021. Les Ceméa Grand-Est ont été chargés de la réfléchir et d’en assurer la menée.

Origine et cadre de la formation

La demande vient des responsables d’une structure accueillant des enfants dans le cadre du CLAS.

Le fonctionnement mis en place n’est pas satisfaisant à leurs yeux.

Ils profitent de l’arrivée d’une personne en formation DEJEPS dont une des missions sera le suivi du dispositif et de l’équipe qui l’encadre.

Je vais accompagner une équipe de 5 personnes pendant 6 séances de 3h.

Point d’étape sur l’existant

Le groupe d’enfants est constitué uniquement de garçons. L’équipe essentiellement de filles, à part le passage d’un stagiaire.

L’équipe n’est pas satisfaite de l’accompagnement qu’elle fait auprès des enfants, particulièrement auprès des enfants qui leur posent le plus de problème, mais les animatrices individuellement auraient des solutions qu’elles ne partagent pas et ne mettent pas ou peu en place.

De plus, elles sont en conflit avec l’ancienne responsable qui les soutient peu, par conséquent, elles manquent considérablement de confiance en elles et doutent de leurs capacités de faire.

L’arrivée d’une autre personne pour les encadrer, et le travail de formation va leur permettre de reprendre confiance en elles et de faire équipe, avec la volonté de faire bouger les habitudes.

Les objectifs et mon rôle

Les objectifs de cette formation sont d’accompagner l’équipe à mettre en place un réel accueil CLAS avec des temps aidant l’enfant à remédier à ses difficultés scolaires et un autre temps d’ouverture culturelle, de leur donner des outils de travail et de permettre de faire équipe.

Mon travail est d’être à leur écoute, afin de repérer les problématiques et les besoins de formation.

Elles avaient aussi besoin d’être rassurées sur leurs capacités et savoirs faire.

3 axes communs à chaque séance

 
Cemea

1. Un support ludique permettant de favoriser les apprentissages.

 

2. Des apports théoriques pour mieux comprendre les enfants, pour donner les clés d’une éducation bienveillante.

 

3. Des temps d’analyse de pratique

Un support ludique permettant de favoriser les apprentissages

La plupart du temps, les animateurs.trices qui encadrent les enfants dans le dispositif CLAS, ont tendance à faire soit de l’aide aux devoirs, soit de réexpliquer les leçons. Or le dispositif permet à des enfants grâce à un accompagnement, des sollicitations, des découvertes, de consolider des savoirs et de bénéficier d’une méthodologie.

La pratique de certaines activités va permettre de consolider les savoirs des enfants et de les mobiliser sans qu’ils ne s’en rendent compte.

Cemea

Dans une expérience précédente, enseignante en REP, j’utilisais certains jeux de société comme des outils de remédiation, color addict pour travailler la discrimination visuelle et du coup permettre de développer la rapidité de lecture, dans la même logique pour les mathématiques.

Il s’agit de jouer pour de vrai avec de vrais jeux de société qui ne sont pas des jeux éducatifs. L’adulte pédagogue doit repérer dans ces jeux ce qui pourrait être important pour un ou des enfants en fonction des difficultés, ou simplement jouer parce que l’on sait que le jeu de société permet de développer de la logique, une meilleure acquisition des règles, de l’organisation…

Dans le temps imparti de la formation j’ai pu mettre en place un temps sur les jeux, les jeux d’écriture, des petits jeux avec les albums jeunesse, des fabrications simples (type bonbons volants, hélicoptères de papier…).

Bien évidemment, nous pratiquions l’activité dans un premier temps, agir pour mieux comprendre, avant de se détacher de l’action pour apporter une réflexion sur soi animateur.trice, l’intérêt de l’activité et sa mise en place.

Des apports théoriques pour mieux comprendre les enfants, pour donner les clés d’une éducation bienveillante

 
Cemea

Après avoir posé le cadre du CLAS, relu la charte et vérifié que chacune était bien au clair quant à la philosophie de cette action et à ses missions, nous avons abordé  des thématiques permettant de mieux accueillir les enfants et de les prendre en compte dans leur globalité.

Dans un premier temps, la nécessaire réflexion autour de l’aménagement des lieux d’accueil, avec l’idée de créer des espaces d’apprentissage autres que la table et la chaise (un coin pour s’isoler sous une petite tente, des fauteuils, pouf, ballon pour gym…), l’idée est de casser les codes de référence à la classe pour permettre à l’enfant d’être plus à l’aise et dans des conditions autres pour entrer en apprentissage. Il peut aussi y avoir des situations pendant lesquelles, il est possible de se déplacer, travailler debout, ensemble, sur affiche… ce qui n’exclut en aucun cas la table et la chaise, mais ouvre d’autres possibilités.

 

Et pourquoi pas une activité en extérieur ?

Cemea

Il semble nécessaire de réfléchir à d’autres formes d’apprentissages, mais aussi à une pédagogie qui favorise les apprentissages en travaillant sur le bien-être de l’enfant.

D’où des entrées sur les émotions et la prise en compte de celles-ci, l’écoute active et le message « je », des attitudes bienveillantes, des paroles positives et valorisantes, la communication.

Ces apports accompagnés de documents écrits, ont permis à la fois de conforter des postures existantes mais pas mises en valeur, d’enrichir des savoirs faire intuitifs et répondre à des abordées lors des analyses de pratiques.

Des temps d’analyse de pratique

À chaque rencontre, j’institue un temps d’analyse de pratique, permettant de faire des retours sur ce que l’équipe a mis en place au regard des autres temps de travail, mais aussi d’échanger sur leurs difficultés.

L’échange a pour but d’améliorer l’espace de travail, donc ensemble, de pointer le problème réel (qu’il soit global ou en lien avec un enfant), de le décortiquer pour mieux le comprendre, de donner des clés d’analyse et des hypothèses quant à des solutions possibles pour améliorer la situation.

Ces moments ont été riches grâce au climat de confiance instauré, chacun.e s’est senti.e libre et a osé dire.

Conclusion

Ce qui a fait la force de cette formation c’est tout d’abord, l’alternance entre des temps de formation et des pratiques sur le terrain, mais aussi, la prise en compte des besoins d’une équipe au plus près d’une réalité de travail.

Le cheminement de formation s’est fait au fur et à mesure des demandes et des besoins mis en lumière lors des temps d’analyses de pratiques.

La formation a autant été bénéfique pour la mise en place du dispositif et l’amélioration de savoirs, que pour la prise de conscience et de confiance en leurs capacités des acteurs et actrices de cette action.