Au collège de l'Arche du Lude, les élèves s'occupent de leur potager

Labellisé cité éducative en 2021, le quartier de la Rabière de Joué-lès-Tours (37) attire régulièrement les honneurs du quotidien régional. Ce qui inspire : sa capacité à innover et à fédérer de multiples acteurs.
Depuis le début de l’année, Monique Quentin, professeure de Sciences de la vie et de la Terre (SVT) et Hélène Jeanjeau, coordinatrice du dispositif Ulis, sortent du collège avec leurs classes pour s’occuper de carrés potagers parsemés dans le quartier de la Rabière. Isabelle Robert, animatrice de la régie de quartier et les éducateurs de l’Apser, l’équipe de prévention spécialisée du quartier, accompagnent le groupe. Les autres professeurs ont accepté de bouleverser un peu leur emploi du temps.
Média secondaire

Cette année, les productions maraîchères pas seront l’été sans encombre, des habitant·es se sont porté·es volontaires pour prendre le relais pendant les vacances. Tranche de vie ordinaire. Ordinaire construit par de petites occasions saisies au bon moment, la synchronisation des rythmes et la volonté de franchir les obstacles qui n’ont pas manqué de se présenter. Monique travaillait depuis longtemps, plutôt seule dans sa classe de SVT sur « la ville de demain », elle n’imaginait pas qu’un collectif se créerait un jour autour de son idée et pourtant la mayonnaise est montée.

Cemea

Quels en sont les ingrédients ? Y a-t-il une recette pour que « ça prenne » ? L’histoire des potagers de quartier commence en juin 2022 avec une visite des jardins du château de Chambord. Utiliser les richesses de l’environnement, premier ingrédient.

Mais comment y aller ? L’équipe de l’association de prévention socio-éducative de la Rabière propose de mettre à disposition un bus et d’accompagner le groupe. Deuxième ingrédient : créer une relation de confiance avec les acteurs locaux. Isabelle se joint alors à la sortie, les jardins ça l’intéresse : « Moi, j’aimerais bien travailler avec vous sur l’aménagement d’espace et des carrés potagers au pied des tours dans le quartier où vous habitez. » Voici un autre bout de recette : saisir la balle au bond. C’est ainsi qu’un embryon de collectif s’est constitué sur la base d’une action simple, rapidement mise en place avec une idée nouvelle - la visite au château – et suffisamment attractive pour réunir plusieurs envies qui vivaient jusque-là chacune de leur côté. Encore fragile, ce collectif doit à présent affronter un parcours d’épreuves : négocier avec les bailleurs sociaux l’emplacement des plantations, monter des dossiers, coordonner les agendas, maintenir l’intérêt des élèves pour le projet. Un autre petit bout de recette : en revenir sans cesse au sens et chérir l’envie de faire ensemble.

La coopération s'opère entre les élèves


Mais c’est aussi au sein même du collège que se déploie cet esprit coopératif. « Quand tu entres, tu vois qu’il se passe quelque chose, il y a des tournesols qui montent à deux mètres, des tomates plantées, des salades. » Stéphane Caudron, agent d’entretien, a le jardinage pour passion et prend plaisir à le partager, avec Marie-Noëlle Balanger, la cheffe de cuisine, ils embarquent régulièrement un petit groupe de volontaires pour faire pousser ce qui finira dans leurs assiettes. Le résultat rapidement visible de l’action, la souplesse de l’engagement, l’attrait de la manipulation d’outils et le contact avec la matière sont les ressorts de ce projet : les élèves ont envie de faire, et de faire ensemble, les un·es entraînant les autres. L’année prochaine, il y aura des poules, le principal n’est pas encore convaincu, ça viendra peut-être ! Raphaël Szmalc, assistant d’éducation, s’inspirant de la pédagogie institutionnelle, souhaite lancer des passages de permis ouvrant vers plus d’autonomie dans l’utilisation des bêches, râteaux et autres sécateurs. D’une activité en naît d’autres ; l’idée est personnelle, elle devient projet d’abord dans les yeux des collègues.