Gérer une équipe collectivement

Entretien avec Anaïs Préaux, directrice de la MJC (Maison des Jeunes et de la Culture) de Rouen Rive-Gauche et de l'association Rouen Cité Jeunes.
Média secondaire

1. Diriger de façon collégiale, c’est possible ?

Quand j’ai pris mon poste, cela faisait dix ans que j’étais à la MJC, comme participante, bénévole, animatrice... Tout le monde savait comment je travaillais. J’ai souhaité introduire une gestion d’équipe horizontale qui implique tous les salariés dans l’élaboration des projets, que leur poste soit en animation sociale, activité, administration ou technique. Il était aussi important d’être claire: je suis garante du cadre et du projet associatif mais je ne fais pas semblant d’être infaillible.

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2. Comment favorises-tu cette dynamique collective ?


Les personnes qui portent les projets doivent trouver du sens dans l’action et dans le rôle qu’elles y jouent. Une fois par semaine, nous nous réunissons au complet. On fait le tour des actualités et des projets des uns et des autres. Je veille à ce que chacun puisse exprimer ses idées, même les plus farfelues : ça libère des paroles et on risque moins de passer à côté d’une pépite. Là se construisent la cohérence et la cohésion. Les projets sont en général portés de bout en bout par qui les a proposés, quitte à être accompagnés par un responsable de secteur. Ils sont aussi construits en impliquant tous les secteurs car c’est en travaillant ensemble et pas seulement côte à côte que les gens apprennent à se connaître.

 

3. Comment concilies-tu les actes de direction et ton souhait de développer l’autonomie et la solidarité dans ton équipe ?


Mon rôle est de veiller à ce qu’on ne s’éloigne pas des orientations décidées ensemble. J’essaie que les choix soient le fait de l’équipe. Moins ils semblent arbitraires, mieux je peux en être garante. Si je vois que je dois recentrer ou rediriger un projet, je m’en explique. Bien sûr, il faut gérer les frustrations, nous essayons alors de nous recentrer sur le sens de l’action. Mes doutes sont mon plus grand frein, surtout quand on se lance sur des terrains nouveaux. Je les partage et le collectif a toujours des réponses. J’assume mes responsabilités, mais sans équipe, une directrice n’est rien.