Les furtifs

Découvrir un livre où se mêlent poésie, graphisme et politique. Un livre qui nous rappelle à quel point le futur reste disponible pour peu que l’on s’en préoccupe, qu’on le prenne en main
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Les furtifs

Alain Damasio

Editions : La Volte, 2019

 

Je fais partie de celles et ceux qui, après quinze années d’attente (son dernier roman La Horde de contrevent était sorti en 2004) se sont rués sur Les Furtifs d’Alain Damasio.

Si vous ne connaissez pas l’auteur, Wikipédia le décrit comme un typoète (poésie graphique) et écrivain de science-fiction. On pourrait y ajouter son engagement militant. Pour lui, « la SF est le genre le plus propice pour potentialiser un changement. Elle part d'enjeux sociologiques et politiques et se nourrit d'anthropologie... » Lire par exemple sa contribution à l'ouvrage collectif Éloges des mauvaises herbes, pour défendre l’intérêt démocratique et avant-gardiste de la Zone À Défendre de Notre-Dame-des-Landes. On peut lire un peu partout dans le descriptif de cet ouvrage de plus de 700 pages que c’est un roman dystopique.

Certes, nous sommes en 2040, la population est sous totale surveillance pour des raisons de sécurité et de protection, l’espace public a été très largement privatisé, chacun porte une bague où sont numérisées toutes ses données personnelles, le matraquage médiatique largement contrôlé par le pouvoir en place permet de remplacer la réalité par du divertissement et d’uniformiser la pensée. Seuls quelques groupes tentent de résister, d’éduquer (le système éducatif public n’est plus) dans des ZAG (Zone AutoGouvernées) que le pouvoir s’emploie à discréditer et affaiblir…

Est-ce à ce point une société imaginaire ? La courte liste qui précède n’évoque-t-elle pas des événements, des évolutions récentes ? Dans cette société chaotique, un couple va se lancer à la recherche de sa fille unique de quatre ans, Tishka, disparue un matin, furtivement… Et puis il y a les furtifs. Difficile de les évoquer ici, de raconter cette quête de rencontre, de compréhension de l’autre sans en dévoiler trop. Cet extrait d’un dialogue du roman donnera-t-il envie d’en savoir plus ? « - Peut-être parce que la voix est un pont entre le langage et le corps. Entre le sens et le son. C’est sur ce pont que les furtifs et les humains peuvent se rencontrer et échanger quelque chose. C’est en ce point de fusion que la synaptique humaine et la métamorphose des corps se touchent.

 

https://usbeketrica.com/article/damasio-science-fiction-imaginaires


Vers l'Education nouvelle (n° 576, octobre 2019)

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