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Le Club de la Chesnaie : vivre sa citoyenneté dans un espace politique protégé

Un club dans un hôpital ? Oui mais un club thérapeutique unique. La Chesnaie, près de Blois, recueille et organise du collectif pour faire oublier les rapports de domination entre soignants et soignés. Interview avec l'animatrice du club et un infirmier.
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Média secondaire

Un club thérapeutique est-il un espace de citoyenneté ?

Historiquement, les clubs thérapeutiques ont été imaginés après-guerre pour contourner les empêchements hiérarchiques ou légaux d’un hôpital inhérents à sa structure administrative parfois archaïque.

Il faut souligner que les personnes hospitalisées en asile psychiatrique étaient déchues de leurs droits. Les clubs apparaissaient donc comme le meilleur moyen de créer un espace où s’opèrent d’autres rapports que ceux de domination entre soignants et soignés, et ouvrir l’accès à la citoyenneté à tous. Aujourd’hui il permet toujours à chacun de s’approprier ou se réapproprier sa citoyenneté dans un espace politique protégé.

 

Quelles sont vos activités ?

La Chesnaie est une association loi 1901, et elle comprend trois grands axes de travail : la fonction club matérialisée par un lieu et une équipe chargée de traiter l'ambiance, pour que "Le Boissier" soit un endroit accueillant, vivant, propice aux rencontres.

Elle veille à ce que le lieu soit nettoyé et rangé, s'assure que des pensionnaires tiennent le bar midi et soir ou le stand de vente de chocolats. Elle anime chaque semaine la réunion paritaire du club et organise les événements festifs. Autre axe, le projet artistique et culturel, assuré notamment par une personne embauchée à ce titre par l'association. Il s'agit de proposer à l'année des concerts ouverts à tout type de public, des résidences d'artistes, des ateliers faisant appel à des personnes extérieures, mais aussi de représenter le club en tant qu'association culturelle à l'extérieur de la clinique. Cet axe représente de façon la plus concrète la fonction d'interface que se doit d'assurer le club entre l'hôpital et la cité.

Enfin, plus discret, le troisième axe, est celui des logements loués par l'association à des pensionnaires de la clinique. Le Club est bailleur de 22 chambres situées dans plusieurs logements de Seur, à côté de Chailles, ainsi qu'à Blois. Cela permet de s'essayer à une vie plus en dehors de la clinique, avec pour objectif de pouvoir fournir des quittances de loyer à un bailleur classique, mais aussi de se prouver que l'on est capable de tenir un logement. Ces trois axes œuvrent tous dans le même sens : la quête de la citoyenneté, élément premier dans la création des clubs thérapeutiques. Par ailleurs, nous pouvons souligner qu’aujourd’hui, le conseil d’administration paritaire du club est constitué de plus de pensionnaires que de moniteurs.

 

Quelles sont les sources de financement ?

Les principales sources de revenus viennent des ventes quotidiennes du club, notamment le bar. Les loyers permettent un équilibre par rapport aux dépenses qui y sont liées. Concernant les événements, les recettes de billetterie et de buvette ne sont pas négligeables mais elles n'amortissent évidemment pas les frais engendrés par l'activité culturelle, qui subsiste grâce aux subventions versées par la Région, la Drac, l'ARS, le Département... Ces aides financent aussi en partie le poste de la chargée de projets culturels. Nous comptons beaucoup sur les adhésions et sur les dons, et nous sommes très soutenus par les familles des pensionnaires.

 

C’est donc une formule créative au sens large ?

C’est surtout un espace d'accueil permanent de parole libre car il permet de proposer des activités que la clinique ne peut proposer notamment sur la question de la circulation de l’argent.

Il offre la possibilité de laisser libre cours au désir de chacun, de se saisir d'idées et de projets comme monter un atelier, faire venir un artiste en concert. Il permet aussi l’autonomisation des locataires. En conclusion, il aide à rythmer la vie quotidienne chesnéenne et permet un lien avec l’extérieur. Il est support de la créativité et de l’expression de chacun.

Légende photo 1 : Le Boissier, lieu dédié aux activités du Club, paré d'un drapeau pirate réalisé en atelier avec un graffeur professionnel. 
Légende photo 2 : La scène du Boissier lors des balances du groupe Cuarteto Tafi, en concert le 14/10/22. 
Légende photo 3 : Le chapiteau installé pour les fêtes de fin d'année 2020, photo extraite du film "En attendant la fête".
Crédit photo 3 : José Ramirez Romero