LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

Une enseignante engagée aux côtés des enfants sans abris

Le collectif Pas d’enfant à la rue se mobilise pour que les enfants et leur famille ne dorment pas à la rue. L’Education nationale a déposé plainte contre X pour action pacifique menée dans un collège. Réponse d'une des enseignantes convoquée par le procureur.
Média secondaire

A Tours, depuis de nombreux mois, chaque soir jusqu'à parfois 1h du matin, ce sont des échanges de messages, des appels téléphoniques avec les familles et les hôtels, les membres du collectif, les élus, les fonctionnaires de la Direction départementale de l'emploi, du travail et des solidarités, et des recherches sur Booking... Des complications de toutes sortes, problèmes de factures, de réservations, de nombre de places dans les chambres, d'arrivées tardives dans les hôtels, d'explications pour s'y rendre... Du temps passé par d'autres membres du collectif pour prévenir les enseignants des enfants concernés, rédiger des communiqués, des informations préoccupantes à l'intention des services sociaux, faire des appels à dons... Du temps, du stress et une dépense colossale d'énergie pour organiser des mises à l'abri dans des lieux publics quand la cagnotte est vide : négocier, apporter une vingtaine de matelas et de couchage, de la nourriture, rassurer les familles puis remballer, ranger, nettoyer... Les militants qui se mobilisent chaque fois sont épuisés. Voici le témoignage de l’une d’entre elles.

Je ne veux pas me plaindre. Je ne veux pas me plaindre parce que j'aurais honte de le faire, parce que ce que je vis est si dérisoire en comparaison de ce que vivent ces enfants et leurs parents. Et pourtant je ressens que ce que je vis n'est pas normal.... Ca me fait souffrir...stress, angoisse, colère, .... Je n'ai plus de temps pour moi, pour mes amis, plus d'espace dans ma tête, mais surtout plus de temps pour mes enfants, et ma mère qui ont tant besoin de moi... Stress, angoisse, colère et culpabilité... Depuis des mois, de nombreux mois, chaque soir jusqu'à parfois 22h00, parfois même 1h du matin, ce sont des échanges de messages, des appels téléphoniques avec les familles et les hôtels, les membres du collectif, les élus, les fonctionnaires de la DDETS, et des recherches sur Booking... Des complications de toutes sortes, problèmes de factures, de réservations, de nombre de places dans les chambres, d'arrivées tardives dans les hôtels, d'explications pour s'y rendre... Puis du temps pour tenir une comptabilité des dons et des dépenses. Du temps passé par d'autres membres du collectif pour prévenir les enseignants des enfants, rédiger des communiqués, des informations préoccupantes à l'intention des services sociaux, faire des appels à dons.... De l'argent aussi, une pénalité de plusieurs centaines d'euros payée par une personne du collectif après une mise à l'abri d'une famille inconnue dans un Airbnb laissé dans un état déplorable... Du temps, du stress et une dépense colossale d'énergie pour organiser des mises à l'abri dans des lieux publics quand la cagnotte est vide : négocier, apporter une vingtaine de matelas et de couchage, de la nourriture, rassurer les familles puis remballer, ranger, nettoyer.....les militants qui se mobilisent chaque fois sont épuisés. Je ne veux pas me plaindre non plus de cette plainte de l'Education Nationale contre une action menée dans un collège, qui nous expose Aurélie et moi à des poursuites judiciaires. Mais pourquoi tout ça ? Je ne veux pas me plaindre.... Mais pourquoi doit on gérer tout ça ? Certains répondront "Parce que tu, parce que vous le voulez bien". On nous l'a déjà dit. Mais non nous ne le voulons pas ! Mais nous ne voulons pas non plus que des enfants restent dormir dans la rue, que des mamans épuisées et désespérées subissent cette horreur... C'est à l'État de proposer des lieux d'accueil pour ces familles. De semaine en semaine, soit, s'il ne peut faire mieux.... Mais chaque semaine, sans que personne, ni ces familles ni nous, n'ayons à nous inquiéter qu'il n'y ait pas de place la semaine suivante. C'est inhumain. Et c'est en France. Stress, angoisse, colère, culpabilité, et honte. Honte pour notre pays. Je crois que je viens de me plaindre... Mais oubliez le, oubliez le stress, l'angoisse, l'épuisement et la culpabilité. Gardez la honte et la colère, gardez l'horreur vécue par ces enfants et leurs parents. Non, ne les gardez pas, criez les! Dénoncez les! Tout ça doit, tout ça peut cesser ! Il faut que ça cesse, vite, très vite...