LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

Projet long, projet court : la durée détermine la dynamique de l’équipe. Parole de militant.e.

Publié le 24/11/2025 sur Yakamédia. Article original paru dans la revue VEN n°599, octobre-décembre 2025, sous le titre “Une équipe au travail n’a pas les mêmes envies et besoins en fonction de la temporalité du projet.”
VEN interroge Marie Lecolle, militante aux Ceméa depuis 2004 et membre de l'équipe de co-direction des Ceméa Pays de la Loire : “Une équipe au travail n’a pas les mêmes envies et besoins en fonction de la temporalité du projet.”
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Travail en équipe sur un temps court ou long, quelles différences ? 

Quand une équipe travaille sur du temps long, elle a le temps de se construire une culture commune, d’installer des rituels de travail et de se former pour une montée en compétence collective. À l’inverse, sur du temps court, comme un stage Bafa par exemple, il y a plusieurs cultures d’équipes qui se superposent et des compétences que l’on découvre sur le moment. C’est avec tout cela qu’il faut composer. Et, à la différence des équipes qui travaillent sur du temps long, on commence et on termine l’expérience ensemble. Cela facilite les points d’étapes à mi-parcours, l’équipe est restée stable et il est alors plus facile d’organiser des points de régulation. 

Y a-t-il des besoins différents ? 

Oui, sur du temps court, il est nécessaire que chacun exprime ses envies dès le démarrage du projet : « Qu’est-ce que je viens faire là ? Qu’est-ce que j’ai envie de faire ou que je n’aime pas faire ? Qu’est-ce qui m’inquiète et me motive ? » Faute de culture commune a priori, on s’appuie sur les attentes des personnes, on les agrège et cela donne du sens à l’engagement de chacun et chacune. Cela facilite aussi la répartition des tâches. Sur du temps long, c’est différent. Les besoins vont arriver petit à petit parce qu’ils sont plus difficiles à identifier et que le projet est plus large.

« Faute de culture commune a priori, on s’appuie sur les attentes des personnes, on les agrège et cela donne du sens à l’engagement de chacun et chacune. »

Marie Lecolle

Le conflit se gère-t-il de la même manière ? 

La réaction des personnes face au conflit est différente. En temps court, on peut accepter de ne rien dire car dans quelques jours on ne se verra plus, ou à l’inverse on peut y exprimer ce que l’on ressent car il n’y a pas d’enjeu sur le long terme. En temps long, des questions similaires se posent : dois-je le dire, au risque que cela ait un impact important, ou dois-je me taire, au risque de souffrir quotidiennement ? La façon d’intervenir est différente aussi. Sur du temps court, l’historique est limité, il est plus simple de remonter à la cause du conflit et de construire des solutions. Alors que, quand les équipes existent depuis longtemps, c’est plus complexe et le conflit a plus de risque de se cristalliser. Bien sûr on peut faire des points d’étape, proposer un temps où chacun peut exprimer comment il se sent, mais il faut passer parfois par une analyse institutionnelle fine de ce qui perturbe le fonctionnement de l’équipe. En temps court, l’origine du conflit est identifiée bien plus rapidement et on peut agir dessus plus facilement.