LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

Lieu d'accueil enfants-parents pour se rencontrer

Dans le sud-ouest, l’association Le trait d’union anime depuis une trentaine d’années six lieux d’accueil parents-enfants gratuits et sans inscription. Immersion dans l’un d’entre eux à Anglet.
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Média secondaire
Cemea
9 heures, Domaine de Baraja, au centre de la ville d’Anglet dans les Pyrénées-Atlantiques. Les arbres centenaires, les pelouses verdoyantes et le chant des oiseaux invitent d’emblée à la sérénité le visiteur qui franchit le portail du parc de ce château racheté par la municipalité. Dans le bâtiment rénové qui abrite le centre de loisirs, Frédérique Pene, éducatrice spécialisée et Benjamin Yeste, psychomotricien, ont déjà investi deux grandes salles au premier étage pour y déployer leur matériel : tapis, jeux pour petits enfants, peluches, coin dînette, parcours pour grimper, sauter, ramper, sans oublier une bouilloire, des tasses et de quoi préparer du thé et du café.

Une équipe multitâche

Frédérique et Benjamin, salariés du Lieu d’accueil parents-enfants (LAEP) Le trait d’union, sont en charge de deux séances d’accueil collectif les mardis et jeudis de 9 heures à midi. Ils font partie d’une équipe de six professionnels qui compte aussi des éducatrices de jeunes enfants travaillant indifféremment sur six lieux d’accueil similaires. "Nous sommes appelés à travailler dans l’un ou l’autre des lieux en faisant varier les doublettes de professionnels qui les encadrent" précise Benjamin. Mais nos emplois du temps intègrent des réunions avec toute l’équipe qui nous permettent de nous connaître, d’échanger sur nos pratiques et de mettre nos actions en cohérence. "En plus des moments d’accueil collectif et des nécessaires temps de concertation, nous nous rendons également disponibles pour recevoir parents et familles qui le souhaitent dans des entretiens individualisés où ils peuvent nous faire part de leurs questionnements et de leurs difficultés" poursuit le psychomotricien. Frédérique fait figure d’ancienne dans la structure.  "J’ai été embauchée en 2008 et salariée à temps plein en 2010" indique-t-elle. "Comme la plupart de nos collègues, j’ai bénéficié d’une formation en thérapie familiale qui m’a donné des clés pour mieux accompagner les parents"

Le LAEP initie et accompagne également des projets ponctuels pour créer du lien et offrir des ouvertures culturelles aux familles : résidences d’artistes, ateliers de sophrologie ou d’initiation à la musique, animations autour du livre, sorties dans la nature.

Une fréquentation libre et diversifiée

9h20, Benjamin doit s’interrompre car une jeune femme arrive avec son fils Marceau, 2 ans, rapidement suivis de Marie et de sa maman. L’accueil est chaleureux et la conversation vite engagée avec ces habituées des lieux auprès desquelles Benjamin prend des nouvelles comme s’il était de la famille. Même complicité entre les enfants qui, à peine arrivés, commencent à jouer de façon autonome. Les adultes profitent de ce moment pour partager un café et Benjamin pour présenter Frédérique que les mamans ne connaissent pas. Bientôt Diego, un an, arrive avec son père. Parents et animateurs prennent le chemin de la deuxième salle où leurs enfants s’ébattent sur le parcours de motricité. L’occasion d’échanger sur leurs évolutions physiques, leurs progrès et d’observer leurs comportements lorsqu’il s’agit de s’aventurer sur un terrain instable ou de partager un jouet convoité. Au fil de la matinée, le local se remplit. Du nourrisson dans son cosy au bambin presque prêt pour l’école, en passant par la petite fille de 20 mois qui fait fréquemment un détour pour téter une petite lampée au sein de sa maman. Il y a des mères en majorité, mais aussi des couples et des pères seuls. Cela va des habitué·es qui connaissent les prénoms de tout le monde aux mamans timides qui sont là pour la première fois. Certain·es restent toute la matinée, d’autres partent au bout d’une heure à cause de courses à faire ou d’un rendez-vous. On entend du français, de l’italien, de l’espagnol et du portugais dans ce Pays basque qui attire de nombreux salarié·es étranger·es.

Un lieu pour construire  du lien

L’atmosphère est plutôt calme pour un lieu qui réunit au plus fort de la fréquentation une demi-douzaine de familles et autant de jeunes enfants, même si de temps à autre une morsure inopinée ou une chute imprévue font naître une inquiétude passagère et quelques pleurs stridents. Sur les tapis, autour des tables de jeux, les parents échangent sur la dernière maladie du petit, les bienfaits et les contraintes de l’allaitement, l’exposition aux écrans, les difficultés de trouver des modes de garde... Avec discrétion et bienveillance, Frédérique et Benjamin circulent de groupe en groupe, règlent un conflit entre enfants, proposent des jeux ou une chanson, s’inquiètent des situations familiale et sociale des parents. Un travail tout en subtilité qui n’exclut pas un regard précis et professionnel sur les relations qui s’établissent, les attitudes des un·es et des autres, les difficultés qui se font jour. "Nous ne sommes pas là en tant que ’sachants’ pour apporter des réponses sur la meilleure façon d’éduquer un enfant" témoigne Benjamin "mais nous pouvons aider les parents à identifier les problèmes et proposer des ressources qui pourront les aider".

"C’est un lieu gratuit, anonyme et la fréquentation est libre. Cela permet une ouverture à tous les parents. Trouver une écoute qui peut être celle d’autres parents et sortir de l’isolement de plus en plus prégnant dans nos sociétés, c’est un des premiers objectifs du LAEP" ajoute Frédérique. Côté parents, la plupart considèrent que la fréquentation du LAEP leur est précieuse, même si les motifs avancés varient. "Quand nous avons déménagé à Anglet, nous n’avions pas de travail et pas de place en crèche pour notre aînée, nous sommes venus pour nous connecter avec d’autres parents" raconte ce jeune couple qui continue à venir avec ses deux enfants pour les relations qui s’y sont nouées.

Cemea
"On était en Angleterre avec mon mari et on travaillait tout le temps. Quand on est arrivés à Anglet, je me suis retrouvée toute seule avec mon bébé. Les journées sont longues. Ici je rencontre du monde et ma fille peut se détacher un peu de moi" témoigne la maman de Lila.
"Nous venons depuis un mois" confie la mère d’Alice, 2 ans. "C’est le pédiatre qui nous a indiqué Le trait d’union parce qu’il trouvait que ma fille avait des difficultés de langage. On essaie de venir tous les mardis et jeudis et je trouve qu’il y a déjà des progrès" . Midi, Benjamin prend congé des derniers parents. Avec Frédérique, il leur reste à ranger le matériel car après, la salle est utilisée par le centre de loisirs. Puis ils prendront le temps de débriefer pour confronter leur ressenti sur ce temps d’accueil, partager leurs observations sur l’évolution des enfants, l’attitude des parents.

Un projet  associatif ancré dans le territoire

Le trait d’union fait partie de l’association Caminante qui regroupe une trentaine d’établissements et de services du secteur médico-social de la région du sud-ouest. Les enjeux majeurs de l’association sont l’autonomie, l’insertion scolaire, sociale, professionnelle. Le statut associatif de Trait d’union, s’il rend le LAEP dépendant des subventions de la CAF et des collectivités territoriales, lui permet de fonctionner de façon autonome et de recruter des professionnel·les entièrement dédié·es au fonctionnement de la structure. La plupart des LAEP sont mis en place par des communes ou des communautés de communes.

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