LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

Avec les éclaireuses et éclaireurs du Volvestre l’éducation à l’égalité des genres est de tous les instants

Reportage téléphonique pendant une préparation de la sortie du week-end.
Chez les Éclés, la lutte contre les stéréotypes genrés n’est pas que dans les manuels, elle se vit au jour le jour et se prépare avant chaque séjour. Rencontre avec un groupe d’animation du Sud-Ouest qui fait bouger les lignes.
Média secondaire

Antoine Palomar est l’un des responsables du groupe des Éclaireuses et Éclaireurs de France (EEDF) sur le territoire du Volvestre au sud de Toulouse à la frontière entre la Haute Garonne et l’Ariège. Ce vendredi soir de janvier, toute l’équipe d’animation, les « respos » comme on dit chez les Éclés, a rendez-vous à Carbonne chez Aurélien, un parent du groupe. Objectif : préparer les prochaines activités dans un esprit collégial. Tous les mois, chaque unité se retrouve le samedi pour aller planter la tente dans un coin du territoire. Mais là, c’est l’hiver. Alors demain pas de montage de toiles, trois salles des fêtes accueilleront les jeunes. Ce soir on ne parlera pas d’égalité des genres, des habitudes sont prises, plusieurs respos ont fait avancer la réflexion de l’équipe sur ces questions de conscientisation des stéréotypes ou des violences sexistes et sexuelles. « Dans notre groupe, nous nous appuyons sur les intérêts et les motivations des jeunes qui nous rejoignent », explique Antoine en précisant que l’association de scoutisme laïque revendique dans son projet éducatif la coéducation entre garçons et filles depuis des décennies, jusque dans son nom : Éclaireuses et Éclaireurs. Le principe figure dans les documents remis par Antoine, en écriture inclusive, il tient à cette précision. Cependant « il ne s’agit pas d’un thème à côté des autres, dit-il, mais d’une préoccupation qui doit être à l’œuvre en permanence dans tous les aspects de la vie du groupe ».

L'art de vivre dans le respect de chacun·e

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La vie quotidienne et l’organisation matérielle des camps donnent l’occasion de faire bouger les lignes pour un accueil dans le respect de l’identité de chacun·e. Il y a parfois des activités spécifiques mais la priorité pour cette équipe militante se niche dans toutes les activités, les aménagements, les façons d’être et de parler. C’est dans ce quotidien que se révèlent les inégalités incrustées dans la société avec les blagues, les remarques banales qu’il faut relever en trouvant la manière adaptée de répondre et faire prendre conscience du sexisme ou de l’homophobie à l’œuvre.

C’est ça la beauté des Éclés, on a un lien toute l’année en week-end et dans les camps, l’année d’après on les retrouve ...

En préparant sur ce principe les activités, les aménagements ou le fonctionnement, il n’y a plus de sujets spécifiques à traiter, c’est la normalité du groupe. Chacune, chacun doit être respecté·e et accueilli·e dans le groupe pour ce qu’il ou elle est. Garçon, fille, non-binaire. Après des études en communication d’événement culturel, Mahé Reboullet cherche du travail et se lance dans l’animation périscolaire, aujourd’hui elle est responsable de la branche « lycée » au sein du groupe. Côté bénévole, c’est chez les Éclés qu’elle agit depuis longtemps, elle a déjà accompagné quasiment toutes les tranches d’âge et connaît certains enfants depuis de nombreuses années. « Je pense que c’est ça la beauté des Éclés, on a un lien toute l’année en week-end et dans les camps, l’année d’après on les retrouve, on se connaît bien avec beaucoup de bienveillance, on peut parler de sujets qui les touchent de près. On parle de genre, de sexualité ou d’automutilation par exemple.»

 Apprendre l'égalité des genres est une démarche au long cours 

Pour elle l’égalité des genres, c’est au long cours que cela s’apprend, dans l’organisation de la vie collective en particulier. Une préparation réfléchie permet d’éviter que les stéréotypes de genre viennent renforcer des inégalités : au moment de mettre la table tout comme dans la façon d’organiser la mixité. «Dans notre groupe, on pratique le couchage mixte sous les tentes tout en veillant à accueillir les demandes de non mixité qui arrivent très rarement. » Elle insiste sur l’importance de la préparation « dans un jeu, une histoire, on va véhiculer des représentations, un imaginaire et on fait attention pour éviter les personnages stéréotypés sexistes. L’attention, dit-elle, ne doit pas s’arrêter aux activités organisées. C’est dans nos échanges informels qu’on parle de sexisme, qu’on apprend à le combattre. En parler dans nos conversations quotidiennes, c’est mettre le sujet sur la table. Ça m’est arrivé aussi de faire venir des associations spécialisées pour parler des violences sexistes et sexuelles ».

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Aux Éclés, un groupe de travail « genre et sexualités » est rattaché à la commission des méthodes éducatives. Il propose des formations, aide à gérer des situations complexes, construit et diffuse des outils pédagogiques comme le livret Mixicamp vers l’égalité des genres. Ici dans le Volvestre, le groupe applique la démarche inscrite dans le livret :

Quels lieux sont proposés pour quel type d’activité, comment les garçons et les filles vont investir ces lieux ? Qui anime quelle activité ? Comment la présenter ? Comment animer les conseils d’enfants afin de parler de ce qui s’est passé dans le groupe ? « Avec Pauline, une autre animatrice, on a mis en place au camp d’été la roue des services, elle permet d’attribuer à des petits groupes mixtes fixes un ensemble de tâches collectives à réaliser, chaque jour ça tourne, cuisine, vaisselle, compost ou construction en bois tout le monde y passe. Cet outil est un repère visuel mais il est toujours accompagné de discussions, pour comprendre pourquoi on fait cela, ce que l’on cherche à éviter », souligne Mahé Reboullet. Pour échanger avec les jeunes de son unité, elle s’appuie beaucoup sur les réseaux sociaux féministes qu’elle fréquente, en particulier sur «Insta ». #Orgasmeetmoi, le compte de Charline Vermont parle de sexualité et met en avant la question du consentement, ou encore #Noustoutes, le compte du collectif du même nom qui a pour but de sensibiliser aux faits et mécanismes des violences sexistes et sexuelles. Un lieu pour construire du lien « On s’appuie beaucoup sur ce qu’apportent les responsables et selon ce qui les touche personnellement, certaines parties du projet vont se développer au gré de leurs idées et motivations » rapporte Antoine Palomar. « En décembre par exemple, on a travaillé sur les premiers secours en santé mentale, deux respos ont aussi développé un partenariat pour avoir une démarche inclusive avec des mineurs non accompagnés », précise-t-il. Chloé, Anna, Léli, Laura, Pauline, Antoine, Mahé et les autres prennent le temps de se préparer, les respos s’impliquent et décident ensemble, réfléchissent à leur posture, c’est la clef de cette équipe fière de son appartenance à un mouvement laïque et citoyen en prise avec les enjeux de la société portés par ses membres, de l’égalité des genres à la lutte contre les mégabassines ou la construction de l’autoroute entre Castres et Toulouse.

Crédit photo : EEDF Groupe Volvestre.

Dossier "Lutter contre le sexisme"

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