Violences conjugales : alertes sur les financements
La dynamique enclenchée par le Grenelle des violences conjugales pouvait faire espérer une mobilisation semblable à celle de l’Espagne, mais on assiste aujourd’hui à un recul inédit du soutien de l’État et des collectivités territoriales à tous les acteurs de ce domaine. Aujourd’hui, 184 millions d’euros seulement (soit 0,04% du budget de l’État !) sont dédiés à la lutte contre les violences faites aux femmes pour des besoins évalués « entre 2,6 milliards et 5,4 milliards d’euros » (Source : Rapport 2023, Fondation des femmes). Pourtant, le travail des associations féministes, le mouvement #Metoo, et plus récemment les prises de conscience qui ont eu lieu lors du pro- cès des violeurs de Gisèle Pélicot, libèrent la parole. Et font même parfois de certains hommes des alliés dans le combat contre ces violences.
Des associations en péril
Fin août 2025, la Fondation des femmes tirait le signal d'alarme sur la situation financière des structures qui préviennent ces violences, hébergent les femmes qui quittent le domicile conjugal et les accompagnent vers l'emploi. Du fait des coupes budgétaires, "71% des associations font état d'une situation financière dégradée ou très dégradée par rapport à 2024". Un constat partagé par la Fédération nationale des centres d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) qui accompagne 150 000 femmes chaque année. Depuis janvier 2025, elle a dû supprimer 30 postes et "anticipe dans les prochains mois la suppression de 70 postes" (Communiqué de presse du 21 octobre 2025). Quant au Planning familial, il a lui aussi lancé un appel cet été alertant sur le service que ses antennes, contraintes de fermer ou de licencier, n'étaient plus capables de rendre.
Si chaque avancée provoque des retours réactionnaires, s'il est difficile d'en finir avec ces violences, c'est parce qu'elles prennent racine dans un modèle patriarcal qui, depuis des millénaire, assigne les femmes à leur fonction sexuelle et reproductive, sous la domination des hommes. Pour beaucoup, cette situation relève du passé, et pourtant ! Si des hommes se croient encore autorisés à violer ou assassiner leur conjointe, le plus souvent quand celle-ci décide de reprendre sa liberté, c'est bien parce que l'idée d'une égalité de droits entre les hommes et les femmes n'est toujours pas entrée dans les moeurs.
D'où l'important de soutenir financièrement les associations qui accompagnent et protègent les femmes. Mais aussi celles qui interviennent auprès des enseignant·es, pour mettre en oeuvre le programme Evars*, enfin adopté en janvier 2025. Car l'éducation est un levier important pour changer la société. C'est en effet quand on aura tous et toutes compris que les féminicides sont l'aboutissement d'un "continuum" des violences à l'égard des femmes qu'alors les rapports de genre seront apaisés.
*Evars est un programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité qui doit être mis en oeuvre de la maternelle au lycée.