Il est possible de sortir, il faut en profiter !

Sortir est capital, le dehors est l’exact pendant du dedans et l’équilibre à trouver entre le temps passé à l’intérieur et à l’extérieur doit permettre de ne pas étouffer le corps et l’esprit.
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Média secondaire

L’équilibre à trouver entre le temps passé à l’intérieur et à l’extérieur doit permettre de ne pas étouffer le corps et l’esprit, et au contraire d’annihiler les envies de lumière, de ne pas cantonner les enfants dans une réclusion, dans un clos stricto sensu, mais bien de leur offrir des bouffées d’air. Ceci est essentiel dans la relation au milieu, à l’environnement, à la connaissance du territoire proche. Pendant ces périodes difficiles et perturbées qui se succèdent à un rythme échevelé, les enfants ont incontestablement besoin de se retrouver dehors pour se retrouver pleinement . Ils et elles ont besoin de se dépenser, d’aller mettre leur nez dans la cour, dans les champs, dans les bois, dans les squares, les parcs, pour chercher, fureter, se poursuivre, s’attraper, expérimenter, jouer ensemble… vivre les joutes de l’enfance.

Cemea

Les espaces du dehors offrent des possibles qui ne le sont pas dans l’espace du dedans, des dedans. Le dehors, les dehors offrent des aires de liberté quand il fait hiver, que l’air est vicié dans l’intérieur, dont le trop plein devient malsain, mais surtout une autre idée de la respiration de l’esprit, de la réflexion, du mouvement, des relations, d’un vivre ensemble qui peut s’épanouir pleinement et en plein air. 

Au-delà de la simple préservation de la santé, de sa prévention, le fait de sortir est une condition sine qua non de l’équilibre des enfants. On a tous et toutes connu l’effet des jours de pluie, lorsque celle-ci s’arrête, qui voient les enfants courir et hurler comme pour dire et agir leur libération.

Et celui du tumulte qui naît, grossit et finit par gronder lorsque enfermée·es les enfants ressentent et font monter la pression, puis péter la soupape. Cette marée de vociférations sonores et de mouvements a besoin du grand large que procure le dehors pour se lâcher ou ne pas exister.

Dedans (à moins de bénéficier d’un gymnase) il n’est pas possible de courir à perdre haleine, pas possible de jouer à poule renards vipères ou de se balader, de crier, de chanter à tue-tête

Cemea

Pas possible de faire une bataille de boules de neige, de sauter dans les flaques, d’y voir le ciel et les nuages, d’inventer une histoire, de s’éclabousser. Impossible également de dessiner une carte sonore (même si cela peut être fait dans des locaux). Pas souvent possible de choisir de ne rien faire dans son coin à l’insu des autres, tellement il y a des gens partout.

Dehors, même s’il fait froid, même et surtout s’il neige, ce qui se passe dehors à la campagne est une fête permanente : un oiseau, des oiseaux, des feuilles mortes ou qui poussent, une nappe de mousse toute douce, un écureuil qui s’échappe, du lierre à arracher pour libérer l’arbre qu’il parasite et se faire des couronnes, des lichens, de grands espaces, des dénivelés, des creux, des bosses, des trous, des monticules, l’eau qui court…

et si on est en ville, les décibels des alentours, le vent qui sisoufflle, le « bruit doux de la pluie par terre et sur les toits »* la délicieuse impression d’avoir le monde à sa main, à sa portée, le monde d’ici, son propre monde. Et puis la rue, les rues, les places, les squares, les parcs, le macadam, le béton, le sable, la terre, le gravier, l’herbe, en skate, en trottinette ou voiture à pédales, à vélo, en tricycle… et puis les vitrines, les trottoirs, les rigoles, leurs eaux et maints autres prétextes aux activités de découverte fortuite ou d’investigation plus organisées.

Dedans, trop, c’est s’exposer à tourner en rond, il y manque toujours quelque chose : la possibilité de sortir et et sa concrétisation sont une échappée vers l’autonomie du réel des interactions sociales, parce que dehors il y a d’autres personnes, on y rencontre aussi des gens non pairs, ce qui renforce les liens avec le milieu humain proche.

C’est aujourd’hui parce que la pandémie rêverait de condamner au dedans qu’il faut multiplier les occasions de sortir pour s’en sortir. Recharger les accus c’est nécessaire. Dehors rien n’est pareil.

Goûter le dehors, en savourer les bénéfices, ça facilite la diminution puis l’évacuation du stress, ça concoure à renforcer une immunité qui aujourd’hui, comme demain sans doute, a grand besoin d’être dorlotée.

Dehors, l’esprit gagne du calme et la concentration reprend du poil de la bête, la capacité d’imagination se trouve boostée, la mémoire est stimulée et le bien-être physique et mental est amélioré, la pensée se clarifie.

Dehors, il est plus facile de prendre du recul, de faire un vrai break avec les écrans, qui bon gré mal gré envahissent la tête et les jambes.

Dehors, il y a quantité de découvertes possibles, dans des domaines très différents l’animation est un vecteur irremplaçable pour bon nombre d’enfants qui sont cantonné·es chez eux·elles, alors que d’autres vivent des sollicitations multiples avec leurs parents, leur famille. L’animation permet un accompagnement de tous les instants, une ouverture sur la proximité, est la promesse d’apprentissages, qui ne disent pas leur nom, dissimulés sous de nombreuses activités de découvertes, d’explorations diverses.

Dans de nombreux pays de l’union européenne les enfants sont habitué·es à grandir dehors et l’hiver il n’est pas rare de voir des tout·es petit·es faire la sieste alors que la température est en-dessous de zéro quand d’autre plus âgé·es partent, botté·es, avec bonnet ou passe-montagne, écharpes et vêtement chauds, pour des aventures et des pérégrinations dans la boue, dans les bois et ceci par n’importe quel temps.

Sans délai, il est temps d’aller dehors. Aux oubliettes la procrastination !

Dedans est un adverbe viral et dehors un adverbe vital.

 

 

* extrait du poème de Verlaine il pleure dans mon coeur, dans le recueil romances sans paroles