LA MÉDIATHÈQUE ÉDUC’ACTIVE DES CEMÉA

La sécurité de tous les instants

Le mot sécurité est souvent lié à la pratique d’activités comportant des risques : baignade, escalade, randonnée, voile, déplacement sur la route… Pourtant la notion dépasse largement le cadre législatif
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La sécurité ne se garantit pas seulement par l’installation d’une succession d’interdits car tout n’est pas défini par la législation. Elle doit aussi prendre en compte la sécurité physique et affective. C’est un état d’esprit global qui s’appuie sur les règles et la loi, mais également la connaissance des enfants, l’écoute de leurs questions et de leurs préoccupations, l’anticipation des situations dans un climat de confiance et de responsabilité établi par l’adulte.
Média secondaire

Le mot sécurité est souvent lié à la pratique d’activités comportant des risques : baignade, escalade, randonnée, voile, déplacement sur la route... Pourtant, ce qu'il recouvre dépasse largement ce cadre. II faut en effet, réfléchir aux causes, aux raisons qui attribuent à telle ou telle pratique l'étiquette « danger ». Le danger ne réside pas a priori dans l’identité de l'activité, mais plutôt dans la façon dont elle est introduite, préparée, organisée et encadrée par l'animateur·rice. Ainsi, faire de la peinture peut s'avérer dangereux si aucune précaution n'est prise dans le maniement des produits diluants.

La sécurité dans les activités

 

Tout d'abord, il faut avoir une vision globale de son activité. Construire une flèche, un arc, prend son sens dans l'utilisation de ce jouet : ou, avec qui et comment? Dans un lieu repère et dégagé, il faut :

  • Aménager un espace de lancement, un pas de tir car l'animateur·rice n'accepte pas les tirs sauvages dans tous les sens ;

  • que l'animateur·rice veille à l'organisation du jeu, suscite, propose un concours sur la longueur de tir, la précision, la hauteur ;

  • que l'animateur·rice donne des consignes simples et claires : on tire au signal, on ne va pas chercher sa flèche tant que tout le monde n'a pas tiré, on peut fabriquer des cibles.

Ensuite, il ne faut pas interdire a priori :

  • Le couteau, mais un couteau adapté à l’activité de type Opinel avec bague de sécurité, de petite taille selon les enfants. Donner quelques consignes d'utilisation, laisser à chaque enfant assez de place pour ne pas gêner et être gêné par les autres ;

  • La perceuse, la scie, mais là aussi choisir l'outil adapté et accompagner l'enfant pendant le temps d'utilisation sans faire systématiquement à sa place. Lui apprendre à fixer le morceau de bois à scier, à bien tenir sa scie, à être attentif ;

  • De grimper dans les arbres, d’explorer la nature environnante. Après une reconnaissance des lieux par l'animateur·rice, puis avec les enfants, cela pourra devenir un fantastique terrain d'aventures, avec ses règles d'utilisation : pas plus haut que... pas à plus de... sur cet arbre ou sur ces arbres que l'on aura choisis pour leur solidité. Par ailleurs, on peut pré-aménager le lieu de pratique d’activité. Grimper dans les arbres est possible après avoir enlevé les branches mortes et dangereuses, après avoir nettoyé les abords. Sauter dans l'eau après avoir lâché une poulie suspendue à un câble, c'est aussi possible une fois les fixations de la corde vérifiées, la pente et la vitesse maîtrisée, le plan d'eau d'arrivée sondé, nettoyé, et sa profondeur connue.

Des règles concertées

Dans tous les cas, il est recommandé d'élaborer avec les enfants les règles de fonctionnement de l’activité telles qu'elles ont été envisagées :

  • Pour le lancer des flèches, pour le départ de la montgolfière en délimitant le terrain d'envol, en évitant les bousculades ;

  • Pour le fonctionnement de l'atelier mécanique... et le respect de l'installation des postes - établi, soudure, perceuse - pour ne pas faire d'étincelles à côté de l'essence ;

  • Pour la bataille d'eau engageante s'il ne fait pas trop frais, si l‘on peut se changer et si le sol n'est pas ou ne devient pas glissant. En choisissant avec quel moyen on s'arrose, Cette élaboration de règles pouvant aboutir dans ce cas à la construction d'une grande pataugeoire ;

  • Lors de la fabrication de carrioles et autres véhicules en veillant à les utiliser sur un espace repère, avec des vêtements qui protégeront le corps, pas tout seul...

Anticiper, c'est prévoir

On a tout intérêt à anticiper et à prévoir l’imprévisible. Avec l'utilisation du feu - lancement de la montgolfière, repas trappeur à la colo, lors d'activités particulières comme la soudure - avoir un extincteur en état de marche, vérifié et à proximité, des couvertures... Dans le cas de chutes possibles, de blessures... prévoir une trousse à pharmacie et vérifier son contenu à chaque activité. Dans le cas où il est possible de se perdre avec son groupe - si le chemin qui existe sur la carte n'existe plus sur le terrain, si l'on n'a pas pu ou pas bien repéré le parcours auparavant - il faut toujours avoir un téléphone avec batterie chargée, le numéro de téléphone du centre... Dans tous les cas, il faut garder à l'activité une taille maîtrisable. Ainsi, fabriquer des sifflets avec 5 ou 6 enfants est-il moins dangereux que de partir en promenade seul avec 20 bambins. II faut aussi privilégier les petits groupes avec un ou deux animateur·rice·s pour les activités utilisant des outils.

La législation

La législation définit de façon très précise les conditions de pratique d'activités, d'hébergement, d'encadrement, d'hygiène... Elle est fixée nationalement par des lois, des décrets, des circulaires... Ces textes réglementaires sont mis à jour chaque année dans les publications éditées par la Jeunesse au Plein Air.

Chaque Direction départementale Jeunesse et Sports établit des instructions départementales afin de rappeler certains points de la législation concernant les centres de vacances et éventuellement, d'adapter la réglementation en vigueur à la situation locale. Elles sont parfois plus restrictives que les textes nationaux, mais elles doivent se référer à l'arrêté du 8 décembre 1995 pour la pratique des activités dites à risques. Elles sont généralement envoyées aux centres de vacances ou aux œuvres. La direction doit être en possession de ce document. Ces instructions peuvent être demandées à la préfecture du département dans lequel votre séjour à lieu. La législation évolue et les textes de l’année précédente peuvent avoir été modifiés. II est donc important de prendre pour référence les derniers documents parus. Si une situation vous paraît ambiguë, parlez-en avec l'équipe de direction. En cas de doute, contactez l’œuvre ou les services DDJS - aujourd’hui Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations. Même si elle peut parfois sembler contraignante, la législation est avant tout un cadre qui permet des actions un moyen de respect des personnes. Actuellement il est beaucoup question de citoyenneté. La législation se situe dans cette démarche. Elle fixe des règles collectives destinées à protéger chaque individu.

Pourquoi ?

Les enfants posent souvent des questions, face à des situations qui leur semblent parfaitement absurdes. Pourquoi est-ce que je ne peux pas dépasser le périmètre alors que je sais nager? Pourquoi est-ce que je ne peux pas être avec ma sœur, puisqu'à la maison nous avons la même chambre? Pourquoi notre animateur ne peut-il pas encadrer l'escalade ? II s'y connaît bien, il en fait tous les dimanches. Pourquoi est-ce que je ne peux pas aller avec les autres, j'ai déjà eu des boutons comme ça sur la figure et je descendais jouer en bas de l'immeuble? Pourquoi est-ce que je ne peux pas manger les moules que j'ai ramassées? La réponse des adultes doit parfois les renforcer dans leur perplexité et leur incompréhension de la règle établie : « C'est comme ça, c'est la loi. On n'y peut rien. On n'a pas le droit, c'est tout. » Ces interrogations légitimes d'enfants pourraient devenir le point de départ d'une réflexion sur la citoyenneté. En quoi ces interdictions individuelles, respectent-elles et protègent-elles collectivement les enfants qui fréquentent les centres de vacances?

Tout n'est pas défini par la législation

II ne suffit pas d'avoir défini des normes pour l'encadrement ou l'organisation, encore faut-il que les animateur·rice·s présents sur le groupe soient vigilants aux gestes, attitudes, comportements ou circonstances pouvant créer une situation de danger. Un·e moniteur·rice de voile encadre l'activité, les enfants sont répartis dans les bateaux. Ils ont leurs gilets de sauvetage. Les recommandations ont été données. Le Zodiac de sécurité navigue autour du groupe de voiliers. Tout semble parfaitement organisé et pourtant, durant l'activité, il faudra demander à plusieurs enfants de remettre la casquette ou le bob car le soleil est particulièrement fort et les risques d'insolation réels. Beaucoup de questions concernant la sécurité ne trouvent pas de réponse dans les textes. Quelles précautions particulières l'animateur·rice doit-il·elle prendre à l'égard des fenêtres situées à l'étage d'un bâtiment? Peut-il·elle laisser un groupe d'enfants seul·e·s lors d'une activité ? Toutes ces situations ne peuvent être appréhendées qu’en termes de « bon sens », de pragmatisme et de présence des animateur·rice·s. Les situations mises en place pourront différer selon l’âge des enfants, leur expérience, le fonctionnement du groupe, et seront susceptibles d'évoluer au cours d’un séjour.

La sécurité affective

La sécurité est une attitude globale dans laquelle l'aspect affectif joue un rôle important. Un·e enfant doit se sentir en sécurité dans le groupe et avec les animateur·rice·s. II·elle doit savoir qu'il·elle peut compter sur eux, qu'il·elle·s se préoccupent de lui·elle, de sa sécurité et de la qualité de sa vie dans le centre. Cette sécurité affective a un rapport direct avec les capacités physiques et la manière dont seront appréhendées les activités et les apprentissages. Elle est également liée au bien-être des enfants et aux relations qu'il·elle·s vont établir avec les autres, ce qui est un des aspects fondamentaux des centres de vacances. La sécurité affective peut aussi être directement en phase avec la sécurité physique. Un·e enfant qui a confiance en ses animateur·rice·s comprendra beaucoup mieux des interdictions liées à un danger que lui·elle-même ne perçoit pas directement. II·elle sera plus à même d'entendre et d'assimiler des consignes de sécurité.

Arnaud a 10 ans. C'est la première fois qu'il part en centre de vacances. II aime bien ses animateurs qu'il trouve sympas. Ce soir, c'est la veillée, Loïc son animateur propose un jeu, on va bien s'amuser. II demande un volontaire. Arnaud lève le doigt. On le fait sortir, attendre quelques minutes puis il rentre dans la pièce. Loïc est là, souriant. II lui explique qu'il s'agit de jouer une petite pièce de théâtre. Arnaud participe au jeu, donne la réplique. Puis brusquement se retrouve arrosé. Les autres enfants rient et Loïc rit aussi... Le lendemain, le groupe part en initiation à l'escalade. Arnaud a grimpé jusqu'au mousqueton indiqué et doit maintenant redescendre. II hésite à se mettre en traction sur la corde et à se décoller de la paroi. Le guide chargé de l'activité lui donne des conseils mais Arnaud, nerveux, hésite. Loïc qui a accompagné le groupe lui crie alors : « Laisse-toi pendre sur la corde ! Tu ne risques rien ! Tu peux avoir confiance !» Curieusement ces paroles d'encouragement n'ont pas l'effet escompté et le guide se voit obligé de monter jusqu'à Arnaud pour le mettre en confiance et l‘aider.


Cet article est issu de la revue Les Cahiers de l'Animation Vacances - loisirs