Se former, s'informer pour accompagner les jeunes dans leur pratique des réseaux sociaux numériques

Il n’est pas toujours simple d’échanger avec les jeunes à propos de leur pratique numérique quand nous nous sentons nous-mêmes dépassés, peu outillés ou peu formés. Comment accompagner ce public sans être trop intrusif ou alarmiste ? Voici quelques pistes de réflexion.
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Crédit photo : Alexander Shatov sur Unsplash

 

Instagram, Tik Tok,… les réseaux sociaux sont aujourd’hui plus nombreux que jamais. Il est certain que comme partout ailleurs, le meilleur côtoie le pire… L’enjeu pour les éducateurs, aujourd’hui, est de prendre conscience des nouvelles pratiques numériques des jeunes qu’ils encadrent. Comprendre les motivations de ces usages, repérer, prévenir les utilisations à risque, doivent devenir, si ce n’est déjà le cas, des enjeux primordiaux. Mais comment accompagner les jeunes pour qu’ils en profitent, tout en se méfiant et se protégeant dans cet espace social ?

À travers quatre vidéos, Sophie Jehel, Maitresse de conférence à l'Université Paris 8, Cemti, nous propose quelques pistes de réflexions pour accompagner les jeunes de demain et nous rappelle qu’il est de notre responsabilité à tous, de s'informer, se former, pour les accompagner.

Ces échanges font suite, à l‘intervention de Sophie Jehel, «les jeunes et les plateformes numériques : les nouvelles lois de socialisation », lors des journées d’étude sur la jeunesse, du 18 au 20 mars 2021.

Comment accompagner les jeunes dans leur pratique des réseaux sociaux numériques ?

Les pratiques des jeunes sur les réseaux sociaux numériques sont individuelles. Elles dépendent de la personnalité de l’utilisateur mais aussi de son environnement. Un jeune issu des classes sociales les plus élevées est mieux éduqué et accompagné dans un parcours numérique qu’un jeune issu des classes populaires.

Les parents de classes sociales les plus aisées, ont tendance à prendre très au sérieux les dangers des réseaux sociaux et vont limiter l'utilisation par leurs enfants. Au contraire, les parents issus des classes populaires ont plutôt tendance à penser que leurs enfants connaissent mieux ces espaces sociaux numériques car ils ont grandi avec.

Alors que dans les faits, “ les jeunes ne sont ni parfaitement habiles ni pas du tout habiles sur les réseaux sociaux” pondère Sophie Jehel maîtresse de conférences à Paris VIII.

Dans cette vidéo Sophie Jehel insiste sur la nécessité de connaître les pratiques des jeunes “plutôt que de fonctionner par globalité” . Elle privilégie l’écoute et l’échange sans culpabilisation du comportement des jeunes.

Le rôle des professionnels de l’éducation

Il est nécessaire que les professionnels de l’éducation s’emparent de ces questions-là. Pour être efficace, des formations sont nécessaires tout comme une véritable connaissance du monde des réseaux sociaux. Vouloir s’immiscer dans la vie numérique d’un adolescent même avec les meilleures intentions du monde est perçu comme une intrusion dans sa vie privée. Et pendant l‘adolescence la question de la vie privée est primordiale.

Ici, Sophie Jehel donne des conseils destinés aux professionnels de l’éducation. Selon elle, il est important de prendre aux sérieux ces problématiques.

Le rôle des pouvoirs publics

Les professionnels de l’éducation n’arriveront pas à avancer sur ces questions sans un soutien de la force publique. Aujourd’hui, les policiers semblent trop peu formés à traiter les cas de cyber-harcèlement et cyberviolence. Les organismes tels que la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) ne sont aujourd’hui pas assez équipés en termes d’effectifs et de financement pour apporter une réelle réponse à ces problématiques.


Ici, Sophie Jehel alarme l’Etat sur ses lacunes dans le domaine. Plus de formations et une prise aux sérieux des problèmes liés aux réseaux sociaux numériques sont indispensables selon elle.

Framasoft et logiciel fédiverse : privilégier le collectif

Framasoft est un réseau d’éducation populaire créé en novembre 2001. Consacré principalement au logiciel libre, il s'organise en trois axes sur un mode collaboratif : promotion, diffusion et développement de logiciels libres, enrichissement de la culture libre et offre de services libres en ligne. Il permet aussi une bien meilleure protection des données personnelles. Néanmoins, « pour certains usages, certaines plateformes sont vraiment beaucoup moins performantes et du coup ça peut devenir contre-productif ».

Sophie Jehel admet elle-même utiliser Framasoft. Encore une fois, elle appelle les pouvoirs publics à y investir massivement afin de reprendre le contrôle de la circulation des données.